Monde du travail: 4 mythes revus et corrigés Reviewed by Philippe Jean Poirier on . Le présentéisme, le stress et les limites de l’empowerment constituent des problèmes émergents, souvent mal compris du monde du travail. On en parle avec Éric G Le présentéisme, le stress et les limites de l’empowerment constituent des problèmes émergents, souvent mal compris du monde du travail. On en parle avec Éric G Rating: 0

Monde du travail: 4 mythes revus et corrigés

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Le présentéisme, le stress et les limites de l’empowerment constituent des problèmes émergents, souvent mal compris du monde du travail. On en parle avec Éric Gosselin, professeur en psychologie du travail et des organisations à l’Université du Québec en Outaouais.

24 août 2017

1. Le transfert de responsabilité a ses limites

L’empowerment repose sur l’idée qu’en donnant plus de responsabilités à un employé, on réduit son absentéisme. Et c’est vrai dans une certaine mesure, confirme Éric Gosselin:

On a beaucoup utilisé cette approche dans les années 90. On s’est rendu compte que lorsqu’on responsabilise les travailleurs, qu’on leur donne plus d’autonomie, plus de pouvoir décisionnel, plus de responsabilités, ça réduit l’absentéisme.»

Les entreprises ont alors pensé avoir trouvé un antidote à l’absentéisme, poursuit le professeur. Le contrecoup, c’est que le présentéisme augmente. Les employés troquent leur comportement d’absentéisme pour un comportement de présentéisme. Avec les effets négatifs à long terme.»

C’est l’une des conclusions de l’étude Présentéisme et absentéisme: compréhension différenciée de phénomènes apparentés, publiée par Éric Gosselin et ses collègues.

2. Le présentéisme et la procrastination, des maux différents

Il est faux de croire que les gens qui vont sur Facebook ou sur Internet pendant leurs heures de travail font du présentéisme, précise Éric Gosselin. Le présentéisme n’est pas un problème d’engagement ni de motivation ou d’éthique professionnelle. L’employé qui fait du présentéisme voudrait être productif, mais il n’est pas capable.»

Le présentéisme exige trois conditions bien précises, résume le professeur: il faut faire acte de présence, il faut être malade (physiquement ou psychologiquement) et la prestation de travail doit s’en ressentir (une diminution de 15 à 30 %).

3. Malgré tout, il existe un «bon» présentéisme

Quand les médias parlent du présentéisme au travail, les manchettes sont spectaculaires: il s’agit d’un problème «invisible», touchant virtuellement tous les employés et qui coûte des milliards de dollars en productivité.

Le présentéisme demeure pourtant préférable à l’absentéisme, dans bien des cas:

Un travailleur qui a mal à la tête et qui est moins productif de 5 %, on préfère l’avoir au travail qu’à la maison, illustre Éric Gosselin. Le défi des employeurs est de distinguer le présentéisme bénin, qui n’est pas trop grave, du présentéisme toxique ou chronique qui nuit à l’entreprise. Une personne qui a le rhume et qui est 5 % moins productive, ce n’est pas un problème. Elle va se reprendre la semaine suivante.»

Le présentéisme devient problématique lorsqu’il est chronique:

Lorsqu’une personne souffre d’une maladie physique ou mentale et qu’il y a une baisse de productivité continue dans le temps, explique Éric Gosselin. Les études ont actuellement démontré que le présentéisme chronique permet de prédire l’absentéisme futur d’un employé 18 mois plus tard.»

4. Les problèmes psychologiques ont dépassé les problèmes physiques

Lorsqu’on parle de la santé et de la sécurité au travail, on insiste habituellement sur la santé «physique». La plupart des campagnes de publicité de la CSST sont axées sur l’importance de prévenir les accidents physiques sur le lieu de travail.

Or, la tendance s’est inversée depuis une dizaine d’années:

On sait maintenant que plus de 50 % des absences sont causées par des problèmes psychologiques, dit Éric Gosselin. C’est la première fois que les problèmes psychologiques causent plus d’absences que les problèmes physiques. C’est tout nouveau, on n’avait jamais vu ça dans l’histoire.»

Les plus récents sondages confirment une chose: les employés sont plus stressés que jamais au travail. Conséquence: ils sont plus vulnérables face à un épuisement professionnel, une dépression ou un autre mal psychologique.

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