Sécurité contre confidentialité, quelle peur est la plus grande?
Par François Nadeau
Le bras de fer judiciaire et médiatique qui a opposé pendant plusieurs semaines Apple aux enquêteurs de la tuerie de San Bernardino a pris fin, le 28 mars 2016.
Lundi 28 mars 2016, les autorités américaines ont indiqué que le gouvernement avait «accédé avec succès aux données stockées sur l’iPhone de (Syed) Farook et n’a donc plus besoin de l’assistance d’Apple».
Petit rappel des faits.
L’objectif du FBI était, initialement, de trouver des indices susceptibles d’expliquer la tuerie de San Bernardino (photos, messages textes, coordonnées…) et, in fine, d’aider à déjouer d’autres attentats.
Concrètement, ce que le FBI demandait était une façon d’accéder aux données de l’appareil du tueur, qui les effacera toutes après dix tentatives infructueuses d’entrées de mots de passe. Même sans cette fonction d’autodestruction des données, la recherche du bon mot de passe pourrait prendre plusieurs années.
Était-il techniquement possible d’obéir aux demandes du gouvernement? Apple avait alors répondu oui.
L’entreprise aurait pu, selon ses propres dires, créer une version personnalisée de son propre système d’opération qui aurait permis de passer outre ses propres paramètres de sécurité.
Sauf que cela, Apple a toujours catégoriquement refusé de le faire.
Tim Cook l’a d’ailleurs répété lors du keynote du 21 mars. Et à ce propos, l’entreprise de Cupertino a bénéficié du soutien des plus grandes entreprises du secteur, dont ses concurrents de tous les jours: Google, Facebook et Microsoft.
Quel était le danger de permettre l’accès au fameux téléphone, puisque les autorisations étaient limitées? Selon Apple, le souci, c’est qu’une telle solution aurait potentiellement pu tomber entre les mains de pirates informatiques – et nul doute que certains auraient tout fait pour l’obtenir.
Les objectifs des deux parties dans ce dossier étaient louables:
- d’une part, la sécurité des citoyens, dans un contexte où les attentats terroristes inquiètent de plus en plus;
- de l’autre, la confidentialité des appareils où l’usager moyen stocke de plus en plus de données sensibles.
L’opinion publique change de camp
Au début de ce conflit entre le FBI et l’une des entreprises américaines les plus puissantes, le public se ralliait légèrement du côté du gouvernement.
Avec le temps, Apple semblait avoir convaincu davantage de gens de son point de vue: selon un sondage de Vrge Analytics paru le 22 mars 2016, 42% des Américains penchaient plutôt de son côté dans ce dossier, contre 30% pour le gouvernement et le FBI.
Toutefois, à quelques jours du dénouement de l’histoire, près d’un autre tiers de la population ne savait pas encore où se ranger. Le débat, complexe pour plusieurs, continue d’ailleurs toujours de diviser.
Au lendemain des attentats en Belgique, quel est l’impact de ce bras de fer sur l’opinion publique?
Finalement, quelle peur est la plus grande: celle d’être attaqué sans avoir rien provoqué, ou le sentiment d’une tête qui regarde constamment par-dessus son épaule?