Informations en ligne: gratuites et sans pub, svp !
L’Institut de Journalisme Reuters a récemment publié son rapport annuel sur la consommation d’informations en ligne. Il en ressort que, si les lecteurs aiment toujours l’info, ils n’ont en revanche pas envie de payer pour y avoir accès, et sont par ailleurs lassés de la publicité qui l’accompagne.
Parmi les principaux constats de l’étude, l’un des plus importants est que le téléphone intelligent est devenu le vecteur privilégié pour aller chercher et consommer de l’information. Tous pays confondus, un quart des répondants a indiqué que le smartphone était leur principal moyen d’accéder à l’information en ligne, en hausse de 20% par rapport à 2014. Un chiffre qui monte à 41% chez les moins de 35 ans.
Des sources fiables identifiées
De façon assez surprenante, l’étude indique que les lecteurs passent généralement par un moteur de recherche plutôt que par une application pour lire de l’information en ligne depuis leur téléphone. Cela prouverait, selon l’Institut Reuters, que les gens ne vont pas forcément spontanément chercher de l’information, mais qu’elle va venir à eux via un de leurs réseaux sociaux ou un courriel.
En moyenne, les lecteurs ont, sur leur mobile, moins de deux sources d’informations qu’ils considèrent être fiables (1,52, pour être précis). Et bien que 70% d’entre eux aient téléchargé une application d’informations sur leur appareil, seul un tiers affirme s’en servir à chaque semaine.
Les tablettes sont pour leur part globalement moins utilisée : avec la taille des écrans de smartphones de plus en plus grande, les lecteurs ne ressentent pas particulièrement le besoin de s’en servir. Quant à l’ordinateur, s’il reste le terminal le plus utilisé au travail, il se fait doubler à la maison et dans les lieux publics par les appareils mobiles. 57% des répondants à l’étude ont indiqué passer principalement par leur ordinateur pour accéder à de l’information en ligne, en baisse de 8% par rapport à 2014.
Cependant, la tendance serait plutôt d’utiliser plusieurs appareils pour consommer de l’information en ligne (41% des Américains passeraient par deux terminaux différents à chaque semaine).
Aller chercher de l’info sur Twitter, «tomber dessus» sur Facebook
L’étude indique que Facebook renforce son rôle de plateforme de référence pour trouver, diffuser et partager de l’information : 41% des répondants passent par le réseau social pour ce faire. What’sApp et Instagram, qui appartiennent aussi à Zuckerberg, participent également à ce succès, notamment auprès des plus jeunes.
Cependant, les lecteurs disent plutôt «tomber sur » de l’info sur Facebook, alors qu’ils vont la chercher sur Twitter, qu’ils considèrent comme le réseau social le plus efficace et pertinent pour être informé des dernières nouvelles.
La vidéo en ligne décolle
La vidéo en ligne connaît un essor fulgurant, principalement pour regarder des émissions en direct ou en différé.
Mais certaines personnes restent encore à convaincre, et parmi ces réfractaires à la vidéo, 40% jugent le texte plus pratique, 29% sont découragés par les pre-rolls (ces publicités qui apparaissent avec le début des vidéos) et 21% préfèrent regarder de la vidéo sur un écran plus grand (supposément, un écran de télévision).
La question du financement reste entière
Selon cette étude, les lecteurs ne seraient pas du tout prêts à payer pour les informations en ligne – et n’en ont absolument pas envie. Si un tout petit nombre de lecteurs se sont bel et bien laissés convaincre de payer, c’est uniquement pour les marques qu’ils aiment et auxquelles ils sont fidèles, et les sommes déboursées sont de l’ordre de 10$ environ. Au vu du grand nombre de médias gratuits disponibles sur la Toile, il semble difficile de faire changer la tendance.
La publicité en ligne peut-elle combler ce manque de revenus ? Selon l’Institut Reuters, elle aussi connaît des heures sombres: 47% des internautes américains utilisant des logiciels pour bloquer la publicité (et ce ne sont évidemment pas les seuls dans le monde).
Quant au contenu sponsorisé (native advertising, ou marketing indigène), il est loin de faire l’unanimité. L’étude a en effet étudié les réactions des internautes américains et britanniques face à ces formats publicitaires, et les conclusions sont éloquentes: plus du tiers des répondants a été déçu ou perdu en réalisant qu’il s’agissait de contenu publicitaire, la moitié a affirmé ne pas aimer ce type de contenu, mais se dit prête à l’accepter si c’est une condition pour recevoir de l’information gratuitement, et près d’un quart a affirmé avoir une opinion moins positive de la marque qui a réalisé ce marketing indigène. Une mention plus claire telle du fait qu’il s’agit d’un contenu sponsorisé ou publicitaire semble indispensable pour faire passer la pilule.