Un robot directeur de création
L’agence McCANN a recruté au Japon le premier directeur de création robotique de l’histoire: AI-CD β. Signe que la créativité pourrait être rationalisée?
Prononcez AI-CD beta. C’est le petit nom du directeur de création qui prendra ses fonctions dans l’agence nippone McCANN le 1er avril 2016.
Les données au service de la création
Mis au point par McCANN Millenials, sorte de laboratoire de recherche composé de développeurs et de créatifs nés entre 1980 et 2000, ce robot a passé ces dernières semaines à visionner des publicités, notamment celles qui ont remporté des prix lors des dix dernières éditions du concours créatif «All Japan Radio & Television Commercial Confederation’s annual CM Festival».
L’intelligence artificielle (IA) est conçue pour analyser la base de données de ce festival et en déduire quelle est la direction créatrice à prendre pour concevoir la publicité idéale – et ce pour n’importe quel produit ou message.
Le but, selon Shun Matsuzaka, planneur stratégique chez McCANN Millennials, est de comprendre ce que les données peuvent apporter à la création. Son espoir étant que son IA «soit associée à de nombreux projets, devienne un directeur de création de renommée internationale, qui laissera sa marque dans l’industrie de la publicité». Rien de moins.
Le président de l’agence, Yasuyuki Katagi, est lui aussi très enthousiaste quand au potentiel du robot pour le futur de la création publicitaire.
Optimiser les publicités, constamment
Concrètement, le visionnage intensif de publicités à succès a permis à AI-CD β d’identifier les tendances et les méthodes de transmission des messages publicitaires.
Il a emmagasiné un nombre incalculable d’informations qui lui permettront, une fois qu’il occupera ses fonctions de directeur de création, de développer des campagnes basées sur ce qui fonctionne sur le marché, à la fois sur les plans créatif et business. Le tout sans reprendre des campagnes déjà réalisées, bien sûr.
Au fil de ses créations, l’IA intégrera toujours plus de données, lui permettant d’optimiser constamment ses messages.
Armé d’un petit crayon, le robot pourra même gribouiller quelques croquis pour expliquer ses idées à ses collègues…
Notre quotidien de consommateur est rempli d’algorithmes: qu’il s’agisse de nos choix de films sur Netflix, de livres sur Amazon, sans parler des fils d’actualité de nos réseaux sociaux favoris ou des publicités ciblées. Et justement, ce que cherche à faire McCANN avec son robot, c’est de réaliser des publicités ciblées à l’extrême.
Et l’émotion dans tout ça?
L’émotion, le feeling, le ressenti, ces sentiments profondément humains: comment les retranscrire? Selon l’équipe en charge du projet, l’exploration de données («data mining») à laquelle s’est livré le robot lui permet de cerner quelle est l’émotion associée à une publicité efficace. Même s’il ne la comprend pas.
Reste à savoir comment les données pourront remplacer l’humour, les références culturelles, le bagout ou encore l’empathie caractéristiques des créatifs. Pas sûr que cela arrive un jour.
AI-CD β est présentement en phase d’expérimentation. À son entrée en poste, ce 1er avril 2016, il se contentera de donner des indications à ses collègues humains, qui se chargeront eux-mêmes de la production de la publicité.
À noter que l’information sur ce projet avait été divulguée en septembre dernier.
Sources: www.campaignasia.com, www.larevuedudigital.com, www.humanoides.fr, www.llllitl.fr, www.lareclame.fr
Guy Déom
Robotiser la création ! Ouf, vive la soumission au « big datamining » accumulé puis réchauffé…
Guy Déom 01010100011 🙂