Quand médias et célébrités en ont assez des commentaires
Par François Nadeau
Plusieurs médias et personnalités publiques en ont assez de composer avec les commentaires haineux qu’ils reçoivent en ligne.
Déjà, plusieurs médias ont fermé leur section commentaires, souvent en raison de la teneur des propos qu’on pouvait y lire. Cette liste, déjà bien garnie, continue de s’allonger.
Un des derniers à y apparaître est le site NPR, qui dirige désormais ses lecteurs vers les médias sociaux. Dans un texte annonçant la décision, Scott Montgomery explique que sur 25 à 35 millions de visiteurs par mois, seulement quelques milliers de lecteurs (0,003%) sont des contributeurs réguliers.
Parallèlement, des personnalités publiques ont également décidé de prendre leurs distances par rapport aux commentaires de leurs admirateurs.
Justin Bieber est l’un deux. Vexé des nombreuses critiques envers sa nouvelle petite amie, l’artiste canadien a fermé (temporairement du moins) son compte Instagram. De son côté, Kylie Jenner a décidé de se prévaloir de la nouvelle option d’Instagram permettant de désactiver la section commentaires d’un compte.
On peut penser que ces deux nouvelles ont uniquement leur place dans la section «potins et showbizz» des journaux et des magazines. Toutefois, le geste posé par ces deux superstars des médias sociaux risque fort d’être imité par d’autres.
Ces derniers mois, un grand nombre d’artistes ont quitté les médias sociaux en raison d’un trop-plein de propos injurieux ou menaçants à leur endroit. Parmi eux, l’actrice Leslie Jones, victime de propos racistes et sexistes, ainsi que Daisy Ridley, vedette de Star Wars. Une multitude de journalistes ont fait de même, dont Jonathan Weisman, à la suite de propos antisémites menaçants.
Une solution difficile à trouver
Dans plusieurs cas, les personnalités publiques qui abandonnent les médias sociaux critiquent l’inefficacité de ces derniers à gérer les propos tenus sur leur plateforme. Dans certaines situations, comme celle de Leslie Jones, elles obtiennent que des actions soient mises de l’avant, comme la suppression de comptes en infraction. Dans de nombreux autres cas, c’est le silence radio.
Mais comment gérer ce problème relativement nouveau dans notre société? Le débat crée des remous au sein même des grands noms des médias sociaux, dont Twitter, où le dilemme entre liberté d’expression et protection des usagers divise ses dirigeants.
Sur les sites de nouvelles, pourrait-on par exemple envisager des groupes de discussion ouverts mais autonomes, où les membres seraient libres d’expulser toute personne dont ils jugent les propos offensants ou menaçants? Cela pourrait aider à tenir à l’écart les fameux trolls, mais risquerait aussi des créer des sous-groupes où les idées seraient plutôt homogènes.
D’ici à ce que des solutions soient mises en place, les célébrités, si importantes pour la rentabilité des médias sociaux, risquent de continuer à déserter ou à établir une distance avec leurs fans. Mais surtout, c’est la capacité extraordinaire du Web à rassembler les gens et à susciter des débats qui se trouve amoindrie.