Isabelle Dessureault: l’exemple d’une leader qui gravit les échelons Reviewed by Mireille Levesque on . Isarta Infos s'est entretenue avec la première vice-présidente et chef de la direction stratégique et innovation de Réseau Sélection. Fraîchement arrivée en pos Isarta Infos s'est entretenue avec la première vice-présidente et chef de la direction stratégique et innovation de Réseau Sélection. Fraîchement arrivée en pos Rating: 0

Isabelle Dessureault: l’exemple d’une leader qui gravit les échelons

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Isarta Infos s’est entretenue avec la première vice-présidente et chef de la direction stratégique et innovation de Réseau Sélection. Fraîchement arrivée en poste, la gestionnaire reçoit, une fois de plus, une promotion. À quoi attribue-t-elle son succès? Comment séduira-t-elle une nouvelle clientèle de Milléniaux? Toutes les réponses et plus encore dans cet article.

21 novembre 2017

Vous venez d’être nommée au poste de première vice-présidente et chef de la direction stratégique et innovation chez Réseau Sélection. Parlez-nous de vos mandats à venir.

Isabelle Dessureault: Nous avons mis en place une nouvelle unité «innovation». L’innovation est pas mal dans l’ADN de l’entreprise depuis 27 ans, mais n’était pas pleinement structurée dans une démarche distincte, dans un plan et mesurée. Nous voulons toucher de nouveaux segments de clients. Nous avons donc élargi nos possibilités en identifiant des marchés porteurs, en effectuant une veille de société et de technologie et en établissant un leadership de processus de planification stratégique.

Réseau Sélection vise maintenant notamment une clientèle plus jeune: les Milléniaux. L’entreprise a lancé pour eux le projet YIMBY, en cours dans le quartier Rosemont depuis cet automne. Pourquoi changer le public cible des aînés, auxquels l’entreprise s’adressait depuis 25 ans?

Isabelle Dessureault: Nous nous appuyons sur un modèle d’affaires de diversification. Déjà lorsque Réseau Sélection vise un seul segment de clientèle, par exemple les retraités, elle offre de multiples produits: des complexes abordables, d’autres luxueux, des condos. L’entreprise se préoccupe en ce moment aussi de deux autres facettes de diversification: celle qui est géographique, en dehors du Québec, et celle qui se veut générationnelle.

Isabelle Dessureault: Voilà pourquoi nous souhaitons aujourd’hui atteindre les Milléniaux. Ils représentent, entre autres, la pérennité de notre organisation. De plus, la prochaine cohorte d’aînés, les baby-boomers, souhaite vivre en communauté d’intérêts avec eux. Maintenant, les retraités ne souhaitent plus cohabiter uniquement avec les gens du même âge.

Isabelle Dessureault: De plus, la clientèle des Milléniaux n’était pas desservie en ce qui concerne les milieux de vie. En développant des quartiers pour eux, nous apprenons à mieux les connaître et à voir justement de quelle manière notamment ils peuvent tisser des liens avec les baby-boomers dans un espace commun de vie. Pour établir une expertise face à cette autre clientèle, une équipe distincte a été mise en place.

À quels défis faites-vous face à travers ce virage?

Isabelle Dessureault: Tout cela entraîne beaucoup de défis stimulants. Notre entrée dans ce nouveau segment engendre énormément d’innovation, de branding et de mise en marché. Les Milléniaux ont des attentes qui imposent de réfléchir à l’Internet des objets, au développement durable, aux apps clients, aux bâtiments intelligents. Ils ont grandi avec la technologie. Ils ont donc de grandes attentes quant à l’intégration de celle-ci.

Isabelle Dessureault: Nous y sommes donc allés avec ce que nous maîtrisions déjà, ce qui était dans notre ADN: la question de l’entraide et l’économie de partage. Nous avons misé là-dessus à travers des espaces qui sont propres aux Milléniaux. Nous avons également donné une saveur techno à nos projets les concernant pour aller plus loin dans la voie à tracer.

Isabelle Dessureault: L’équipe de Réseau Sélection a plusieurs idées pour la jeune génération: le Simbi, notamment, inspiré du troc de services. Les Milléniaux en sont fervents et l’apprécieront certainement dans les centres d’individus. Ils s’en serviront pour s’entraider et pour partager de l’équipement. Nous entreprenons plusieurs avancées dans les solutions applicatives. Le projet YIMBY entre bien dans cette ère.

Isabelle Dessureault: La nouvelle clientèle ciblée amène incontestablement une nouvelle image de marque. Réseau Sélection se consacrait spécifiquement au développement de complexes pour retraités. L’entreprise compte maintenant deux divisions corporatives, celle concernant les projets résidentiels pour retraités et celle concernant les projets multirésidentiels (incluant plusieurs produits tels que YIMBY), REZ. Il y a une distinction complète entre l’équipe chargée des projets résidentiels traditionnels et celle s’affairant aux autres concepts.

Devez-vous axer davantage sur les nouvelles technologies afin de séduire cette clientèle branchée dans vos tactiques?

Isabelle Dessureault: Nous sommes en mode «cité intelligente», nos projets doivent s’avérer ready to connect. Nous allons intégrer la digitalisation, les solutions applicatives et l’environnement énergétique.

Vous êtes arrivée chez Réseau Sélection en 2015 , au poste de vice-présidente marketing, vente et affaires publiques. Dans les deux dernières années, vous avez bâti un département complet, passant de 6 à 28 employés. Comment avez-vous choisi, intégré et formé autant de contributeurs en si peu de temps?

Isabelle Dessureault: Je me suis appuyée sur une dimension très importante: je suis dans l’industrie des communications et du marketing depuis plus de 20 ans. J’ai donc recruté des gens que je connaissais déjà. Des gens avec qui j’avais déjà travaillé et avec qui j’avais un lien fort établi ainsi qu’une vision commune. Le travail a avancé beaucoup plus vite dans ce contexte. Tout a été accéléré. J’ai aussi regardé quels étaient les talents en interne. Je me suis demandé quels employés étaient prêts à représenter la relève. Ces deux pôles ont créé un bon équilibre entre les employés venus de l’extérieur et ceux qui avaient déjà l’expertise de la culture de l’entreprise et de son historique. Ces derniers m’ont également beaucoup aidée à constituer et mobiliser des équipes.

Isabelle Dessureault: Mon expérience en démarrage d’unités d’affaires et de grands projets m’a par ailleurs beaucoup servie. J’ai travaillé pour d’autres grandes organisations. Ma contribution pendant 10 ans à la croissance historique de Vidéotron a été des plus palpitantes. Je suis très heureuse maintenant d’oeuvrer pour Réseau Sélection dont le siège social est dans le grand Montréal et où toutes les grandes décisions se prennent. Réseau Sélection s’avère le 47plus important employeur du Québec, avec plus de 3 000 employés, selon le classement établi par Les Affaires. L’entreprise colle bien à ma personnalité, j’ai un profil d’intrapreneure et j’aime quand ça bouge vite. Je suis servie ici. J’ai aussi une très grande capacité d’adaptation.

Vous avez occupé différents postes de haute direction pour d’autres grandes entreprises, notamment chez Vidéotron et Québecor. Croyez-vous que l’on doit impérativement être un bourreau de travail pour réussir de la sorte?

Isabelle Dessureault: Pas du tout. Je l’ai été de 20 à 40 ans. Maintenant, je mise d’abord et avant tout sur l’intensité et la qualité, plus que sur la quantité. Les journées sont très intenses. Elles sont passionnées, mais moins longues. J’ai de l’expérience derrière la cravate, il faut dire. Je suis qui plus est une adepte de la loi de Pareto. Je canalise mes efforts là où ça a le plus d’impact. J’ai toujours été une grande généraliste, beaucoup plus qu’une perfectionniste de microdétails. Cela m’a aidée à attaquer de grands défis rapidement.

Isabelle Dessureault: J’ai 47 ans, mais je crois que je représente un «bon pont» entre la génération des 50 ans et plus et les Milléniaux. La jeune génération recherche la réalisation de soi et veut donner un sens à ses réalisations professionnelles. Je suis de la génération X, mais je m’adapte très bien aux personnes plus jeunes et âgées que moi. Je ne me considère pas tellement comme une workaholic, mais plutôt comme une passionnée et curieuse en fait. J’ai toujours été obsédée par le fait de bien comprendre chaque époque. À travers le marketing et les communications, on doit justement être en mesure de comprendre précisément une époque.

Qu’est-ce qui a changé dans la manière dont vous remplissez votre rôle de gestionnaire au fil du temps?

Isabelle Dessureault: Mon style de leadership a évolué. Thanks, God [rires]. Quand j’échange avec les jeunes gestionnaires, je les guide d’ailleurs dans ce domaine en leur parlant de mon parcours. Dans la vingtaine, j’ai voulu acquérir des expériences multiples. J’ai opté pour la diversification. Dans la trentaine, je voulais aller vite et j’avais un style plus directif. Je crois ensuite avoir appris l’humilité. Ce qui m’a d’ailleurs servie dans la quarantaine. Aujourd’hui, j’ai un style de leadership que je souhaite plus inspirant. Je guide, je coache, je raconte comment je fais plutôt que de dire comment faire.

Que peut-on vous souhaiter pour la nouvelle année à venir?

Isabelle Dessureault: Vous pouvez me souhaiter de toujours pouvoir élargir ma portée et ma capacité à changer positivement la vie des gens autour de moi. Que ce soit à petite échelle ou pour changer carrément le parcours de quelqu’un. C’est ce qui m’anime, d’avoir un impact positif dans la vie des gens.

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