C’est mon métier: entrepreneur, consultant et globe-trotter
Pierre-Yves Tournier vit et travaille en Asie depuis maintenant six ans. Entrepreneur prolifique, il nous raconte avec passion mais aussi avec une grande humilité son expérience, qui inspirera sans doute les amateurs d’aventures au bout du monde!
Pierre-Yves Tournier n’aime pas seulement voyager. Ce qu’il aime, c’est vivre à l’étranger. Après avoir obtenu son diplôme en marketing à HEC Montréal, en 1996, il part pour la France, puis Londres, avant de passer deux ans à Toronto chez Rogers Media.
Monter son entreprise à l’étranger: un véritable apprentissage
C’est à la suite de cette expérience qu’il décide de se lancer dans la création d’une entreprise en Asie:
«En évoquant l’idée de m’installer en Asie, des amis m’ont suggéré d’y créer une boîte de production de sites Web: avec les coûts qui explosent à Montréal, nombreux sont ceux qui souhaitent travailler avec les pays asiatiques, mais communiquer avec les gens sur place est difficile. Avec un Québécois comme interlocuteur, le problème ne se pose plus. J’ai trouvé l’idée bonne, et en partant pour Bangkok j’avais déjà trois ou quatre contrats en poche».
Atterri un vendredi soir à Bangkok, Pierre-Yves et son associé québécois se retrouvent dès le lundi suivant dans le bureau d’un avocat pour formaliser la création de leur start-up.
«C’est beaucoup de challenges, d’un point de vue légal notamment, ainsi que pour tout ce qui touche au recrutement de collaborateurs»
L’aventure débute alors, et avec elle un véritable apprentissage: si monter sa propre entreprise est déjà un défi à part entière, et il le devient d’autant plus à l’étranger.
«C’est beaucoup de challenges, d’un point de vue légal notamment, ainsi que pour tout ce qui touche au recrutement de collaborateurs. Il nous a fallu réaliser de nombreux essais-erreurs pour comprendre la dynamique thaï, qui n’a rien à voir avec la nôtre. Cela prend du temps pour trouver la bonne personne, mais une fois qu’on l’a, il faut tout faire pour la garder, et cela passe notamment par le salaire. Débarquer dans ces pays en pensant que la main d’oeuvre n’est pas chère et que l’on peut les payer faiblement est une erreur, je pense. Il faut aussi faire attention à la hiérarchie, qui est très respectée en Asie: si ton chef d’équipe est plus jeune que les autres, personne ne l’écoutera. Tout ça, c’était nouveau pour nous, on a dû apprendre».
L’entreprise de Pierre-Yves et son associé a aujourd’hui 6 ans et demi, et marche très bien. Pierre-Yves l’a cependant quittée après 5 ans, pour retourner à ses premiers amours: la consultation, la stratégie, bref, les affaires – avec les clients asiatiques, de préférence. Après quelques mois à Singapour, il finit par poser ses valises en septembre dernier à Ho Chi Minh, au Vietnam. Piqué par le virus de l’entrepreneuriat, il lance trois projets de start-ups, dont un est en plein envol présentement.
Accepter de prendre des risques
Pierre-Yves Tournier multiplie les projets, profitant de la qualité de vie asiatique. Vivre en short et gougounes, cela lui plaît bien, mais il tient à tempérer.
«Pour beaucoup de gens, être entrepreneur c’est glamour, c’est dans le vent. Mais il y a une autre réalité qu’ils doivent intégrer. Entreprendre, c’est accepter de s’impliquer à 300% dans un projet dont on n’a aucune garantie qu’il va marcher, c’est y consacrer tout son temps au détriment, parfois, de ses relations personnelles. S’il n’y a pas de recette pour réussir, une chose est certaine: il faut être capable de gérer les risques, et se dire que pendant les deux prochaines années, on va travailler comme un malade quasiment sans se verser de salaire. C’est tout un processus qu’il faut accepter».
Les bons côtés de l’entrepreneuriat? Pour Pierre-Yves Tournier, être maître de ses décisions n’a pas de prix. La fierté de créer et de réussir compte également beaucoup. Mais c’est bel et bien cette liberté d’action qui l’allume: le fait d’être à l’autre bout du monde l’oblige à ne jamais se reposer sur ses acquis, à multiplier les rencontres et à cultiver son enthousiasme.
«Entreprendre, c’est aussi accepter de s’impliquer à 300% dans un projet dont on n’a aucune garantie qu’il va marcher»
À tous ceux qui souhaiteraient se lancer dans un projet de start-up à l’étranger, Pierre-Yves Tournier n’a qu’un conseil: penser sur le long terme.
«Il faut penser son projet sur les cinq prochaines années. Les ‘quick wins, quick returns’, ça n’existe pas. Il faut voir ça comme un choix de vie. Par exemple, si on veut tenter sa chance en Asie mais que l’on est gêné par la chaleur, la pollution ou la foule, ça ne marchera pas. Lorsqu’on s’installe quelque part, il faut raisonner business, mais pas que».
Selon lui, le fait que la langue, la nourriture ou la culture soient différentes ne doit pas représenter un frein au désir d’entreprendre. Les vraies questions sont internationales: qui seront mes partenaires, comment financer mon projet et recruter des collaborateurs… Car finalement, ainsi que le souligne Pierre-Yves: «l’entrepreneuriat, que ce soit ici ou là-bas, c’est exactement la même chose».