Développer son réseau professionnel : une difficulté pour les femmes ? Reviewed by Aurore Le Bourdon on . Fin mai, le Boston Consulting Group a publié une étude (menée en partenariat avec Ipsos et HEC en France) indiquant que les femmes avaient plus de difficultés q Fin mai, le Boston Consulting Group a publié une étude (menée en partenariat avec Ipsos et HEC en France) indiquant que les femmes avaient plus de difficultés q Rating: 0

Développer son réseau professionnel : une difficulté pour les femmes ?

Par

Businesswoman chat

Fin mai, le Boston Consulting Group a publié une étude (menée en partenariat avec Ipsos et HEC en France) indiquant que les femmes avaient plus de difficultés que les hommes à développer leur réseau professionnel.

Avec une moyenne de 50 contacts, la plupart des femmes envisageraient le recours aux réseaux professionnels de manière bien différente de celle des hommes (qui cumulent, en moyenne, 72 contacts). Ainsi que l’indique Marie Humblot-Ferrero, directrice de projet au BCG, au site Internet de La Tribune, les femmes auraient une vision moins «utilitariste» des réseaux professionnels, qui se traduit logiquement par des cercles plus restreints, mais finit surtout par créer de l’insatisfaction : moins de quatre répondantes à l’étude sur dix pensent ainsi disposer d’un bon réseau, contre près d’un homme sur deux (49%).

Déborah Cherenfant, éditrice de Mots d’Elles, un blogue montréalais dédié aux femmes et à leurs carrières, côtoie depuis près de cinq ans des femmes actives et les résultats de l’étude du BCG ne l’étonnent pas vraiment : pour elle, il est clair que certaines femmes sont encore frileuses par rapport au réseautage d’affaires.

Pour la plupart des femmes – car bien sûr, nous ne sommes pas toutes les mêmes et certaines ne se sentent peut-être pas du tout concernées par cela – le réseautage sert plutôt à établir une relation de confiance avec quelqu’un. Elles pensent à l’après, et elles pensent surtout à sécuriser leurs compétences et ne pas afficher trop haut leurs ambitions. Les hommes, à l’inverse, n’hésitent généralement pas à utiliser le réseautage comme un moyen de partager leurs ‘bons coups’, parler de leurs succès, et développer des affaires», explique-t-elle.

Déborah fait également partie du conseil d’administration de Compagnie F, un organisme de formation montréalais qui outille les femmes de toutes origines dans l’atteinte de leur autonomie financière par une démarche entrepreneuriale. Elle a remarqué que les femmes qui suivaient les formations proposées par la Compagnie F appréciaient de se retrouver dans un environnement 100% féminin pour prendre confiance en elles :

Le postulat n’est certainement pas de garder les femmes entre elles. Il s’agit au contraire de leur redonner confiance et de les outiller pour réseauter dans des cercles d’affaires mixtes. Les femmes qui participent à nos formations bénéficient de la présence et de l’expérience des autres : elles voient qu’elles ne sont pas seules à se sentir inconfortables par rapport au réseautage d’affaires, ce qui les rassure et les motive à dépasser certaines craintes», affirme Déborah Cherenfant.

Selon l’étude du BCG, 35% des femmes estiment que leur personnalité est un obstacle au développement de leurs contacts, 22% évoquent une certaine maladresse et 16% se disent inadaptées aux «codes» du milieu (contre respectivement 28, 16 et 10% pour les hommes). En revanche, elles ont, plus que les hommes, le sentiment de retirer de nombreux bénéfices de leurs cercles professionnels, tels que de l’inspiration, du soutien et de la reconnaissance.

C’est tout à fait dans cet état d’esprit que j’ai créé mon blogue, Mots d’Elles. Je suis convaincue que certaines femmes, dont je fais partie, ont encore besoin de soutien en 2015, et qu’elles prennent très au sérieux leurs relations professionnelles. Comme je l’évoquais tout à l’heure, elles vont privilégier des relations de confiance et se demandent : cette femme peut-elle devenir une amie, vais-je la revoir, etc.», détaille Déborah Cherenfant.

Un constat corroboré par l’étude du BCG, qui indique que 63% des femmes ont un contact quotidien avec les collègues qui font partie de leurs cercles, contre 41% des hommes. Dominique Lévy-Saragossi, directrice générale d’Ipsos France, a déclaré à La Tribune que les femmes avaient en effet une conception bien plus exigeante de leurs réseaux, sans doute reliée à leur plus grande sélectivité, alors même que la plupart d’entre elles disposent de moins de temps à consacrer à leur vie professionnelle que les hommes.

Car malgré une certaine évolution des mentalités, la gestion de la vie de famille reste encore le lot de nombreuses femmes. Et c’est souvent cette vie de famille qui est évoquée par les femmes pour refuser un poste ou une promotion.

Certaines femmes hésitent encore à accepter certains postes sous prétexte qu’elles ne sont pas totalement prêtes, ou encore que ce n’est pas le moment idéal, car les enfants sont petits, ou qu’ils commencent leur collège, etc. C’est un problème soulevé par de nombreuses leaders, comme Sheryl Sandberg, la directrice générale des opérations de Facebook, qui incite les femmes à oser, à se bouger et à ne surtout pas attendre pour saisir des opportunités professionnelles – tout comme le font les hommes, finalement!», raconte Déborah Cherenfant.

Alors comment encourager les femmes à tirer davantage profit des réseaux professionnels ? Selon l’étude, 76% des femmes cadres interrogées pensent que les réseaux exclusivement féminins ne sont pas suffisants pour atteindre l’objectif de davantage de mixité. Elles préconisent plutôt une intégration progressive des réseaux les plus puissants jusqu’à présent majoritairement masculins.

Ensuite, on peut compter sur l’effet d’entraînement, comme l’indique Déborah Cherenfant :

comme beaucoup d’autres femmes, je me sens inspirée par celles qui ont su prendre de grandes décisions pour atteindre leurs ambitions. Elles sont de véritables moteurs pour les autres». 

Retour en haut de la page