Facebook entend se censurer pour percer le «mur» de la Chine
Facebook aurait mis au point un outil de censure pour se plier aux exigences de restrictions de contenu de la Chine et espérer enfin y être admis, a affirmé le 22 novembre dernier le New York Times.
4 décembre 2016 – Le reporter Mike Isaac du New York Times a révélé que Facebook avait développé secrètement un outil qui lui permettrait de masquer certains contenus interdits en Chine. L’information lui a été confiée par trois anciens et actuels employés de Facebook qui ont préféré garder l’anonymat.
La nouvelle n’est pas si surprenante en soit. Mark Zuckerberg aurait eu plusieurs rencontres avec les autorités chinoises ces dernières années, sans compter ses efforts publics pour apprendre le mandarin.
Outre le nombre impressionnant d’utilisateurs qui bonifieraient la plateforme de réseau social, le marché chinois lui offrirait de nouvelles occasions de revenus publicitaires. Une véritable mine d’or pour Facebook.
Un porte-parole de Facebook a néanmoins déclaré à TechCrunch qu’aucune décision n’avait encore été prise à cet effet:
[Traduction] Nous nous sommes depuis longtemps montrés intéressés par la Chine et nous déployons des efforts pour en apprendre plus sur le pays afin de bien le comprendre. Nous n’avons toutefois pris aucune décision sur notre approche concernant la Chine. Nous mettons actuellement l’accent sur le soutien offert aux entreprises et aux développeurs chinois afin qu’ils puissent conquérir de nouveaux marchés ailleurs qu’en Chine à l’aide de notre plateforme publicitaire.»
Gagner la confiance de la Chine
Google et Amazon ont essayé d’intégrer la deuxième plus importante économie au monde sans succès. Bloqué en Chine depuis 2009, pourquoi Facebook y réussirait-il maintenant?
Selon le reporter Mike Isaac de The New York Times, toute entreprise qui veut entrer en territoire chinois peut rarement y arriver seule et doit passer par un acteur local qui pourra négocier avec le gouvernement chinois et en qui les Chinois peuvent avoir confiance. Linkedin, par exemple, a accepté une telle censure en 2014 et a créé un partenariat avec Sequoia China et CBC Capital pour y parvenir.
Plutôt que de censurer elle-même son contenu, Facebook créerait donc un partenariat avec une tierce partie en Chine pour que celle-ci utilise l’outil et empêche les utilisateurs de consulter le contenu interdit.
Mettre de l’eau dans son vin… jusqu’à quel point?
Facebook se positionne comme une plateforme qui promulgue la liberté d’expression. C’est donc dur d’imaginer que Mark Zuckerberg sera capable de faire avaler au gouvernement chinois que son contenu ne contreviendra pas aux lois du pays. En effet, certains se demandent comment éviter qu’une nouvelle se propage de façon virale comme dans le cas des manifestations spontanées qui se sont organisées dans le cadre du printemps arabe. N’est-ce pas là la nature même de la plateforme?
Ce ne serait toutefois pas la première fois que Facebook se plie aux demandes de restriction de contenu de différents pays. Mais les demandes de blocage étaient faites après la publication de l’information. La grande différence dans le cas de la Chine, c’est que l’outil empêcherait certains contenus d’être publiés dans le journal des utilisateurs.
Malgré toutes ces considérations, il semble que Mark Zuckerberg considère qu’une certaine version de Facebook vaut mieux que son absence totale en Chine.