Femmes de l’industrie: rencontre avec Manon Genest, associée fondatrice de Tact Intelligence-conseil
Ce mois-ci, Isarta Infos s’est entretenue avec Manon Genest, associée fondatrice et directrice générale du bureau de Tact Intelligence-conseil à Montréal. Nous avons parlé des 5 ans de son entreprise, des gens qui lui ont permis de croire en elle, et de ce qu’elle souhaite transmettre aux jeunes du métier.
20 décembre 2016
Vous avez d’abord Å“uvré dans le milieu de la politique. Qu’est-ce qui a motivé votre passage dans le secteur privé ?Â
Manon Genest: En 2003, le parti pour lequel je travaillais comme directrice de cabinet a perdu les élections. Donc, après plus de 10 ans en politique, j’ai quitté le milieu pour le privé. C’est toujours délicat de faire un virage lorsqu’on est en politique, puisque, tous ceux qui y travaillent vous le diront, c’est une « drogue dure » [rires]. On se demande alors inévitablement ce qu’on pourra bien faire qu’on aimera autant. J’ai ensuite travaillé dans le secteur associatif du côté agroalimentaire, avec des membres très impliqués qui m’ont transmis leur passion pour ce secteur très stimulant. L’équipe de HKDP, (Hill-Knowlton-Ducharme-Perron) m’a par la suite approchée avec le mandat de développer le secteur agroalimentaire. C’est ce qui m’a amenée à faire le saut en agence. Ce nouvel emploi du monde des communications m’a permis de retrouver le travail d’équipe et de travailler simultanément sur plusieurs dossiers, deux éléments que j’adorais en politique.Â
Pourquoi avoir voulu fonder une agence-conseil ?
Manon Genest: C’est étonnant, car ce n’est pas dans mon ADN: personne dans ma famille n’est en affaires. Je n’ai jamais pensé me lancer en affaires. Quand on m’a offert d’être associée fondatrice de Tact Intelligence-conseil, j’ai été un peu surprise ! Et là , c’est très « femme », je me suis demandé « pourquoi moi ? ». J’avoue m’être un peu lancée sur un coup de tête. Mes associés et moi avions déjà travaillé ensemble, alors la relation de confiance, qui est à mon avis l’élément fondamental pour partir en affaires avec quelqu’un, existait donc déjà . Nous sommes très complémentaires et connaissons bien les forces des uns et des autres. Heureusement, car  à ce qui paraît, ce serait plus engageant d’être partenaires en affaires que liés par un contrat de mariage [rires]. Ça fait 5 ans cette année que notre entreprise existe, et je suis particulièrement fière que nous ayons réussi à relever le pari que nous nous étions donné en la fondant: que les impératifs liés au travail en agence ne prendraient pas le dessus sur le plaisir d’entrer au boulot le matin.
Qu’est-ce qui vous rend vraiment fière en tant que gestionnaire ?
Manon Genest: Je vous dirais que deux choses me rendent très fière. La première, c’est d’arriver à concilier un très haut taux de satisfaction de nos clients avec un très bas taux de roulement de notre équipe. Gérer une croissance rapide représente le défi très stimulant de grandir tout en conservant notre ADN, notre culture d’entreprise en offrant le même niveau de service à nos clients. Et la deuxième, c’est le niveau d’engagement, d’implication de nos employés dans notre entreprise. Nous avons la chance d’avoir beaucoup d’« intrapreneurs » chez Tact. Par exemple, des employés ont créé une offre de service sur mesure pour les entreprises en démarrage et d’autres ont mis sur pied un service de capsules vidéo déjà très en demande. Chez Tact Intelligence-conseil, nous favorisons l’autonomie, nous sommes ouverts aux initiatives, aux nouvelles façons de faire, aux nouveaux services, etc. Nous cherchons toujours à nous améliorer, et l’équipe fait partie de ça ! C’est très organique. Tact, c’est notre « shop » à nous, associés,  mais c’est aussi celle de ceux qui y travaillent. Les employés se sont beaucoup approprié la compagnie. L’entreprise a 5 ans cette année et compte maintenant 50 personnes. Les gens qui travaillent chez nous ont le développement de l’entreprise à cÅ“ur, autant que les associés, et sont aussi responsables de notre croissance.
Avec 20 ans d’expérience, qu’est-ce qui a changé dans votre façon d’aborder le travail ?
Manon Genest: Plus jeune, on croit qu’on détient la vérité absolue. Je suis plus douée aujourd’hui pour faire ressortir ce qu’il y a de meilleur chez les gens avec qui je travaille. Je suis meilleure pour collaborer avec des gens différents de moi et miser sur les forces de chacun. Et mettons qu’avec l’expérience on arrive aussi à relativiser les choses… Tout n’est pas d’égale importance !Â
Est-ce que les ingrédients pour réaliser un bon plan diffèrent beaucoup d’un secteur à l’autre (politique, associatif ou privé) ?
Manon Genest: Dire la bonne chose, au bon public, de la bonne façon et au bon moment demeure la base. Il faut cependant toujours partir de l’objectif ! L’objectif est ce qui prime dans tous les secteurs. Le mot que nous prononçons le plus souvent, c’est: pourquoi ? Nous devons absolument cerner ce que le client veut pour élaborer la stratégie et les actions qui permettront d’atteindre les objectifs. Évidemment, le meilleur plan au monde ne donnera pas les résultats escomptés si l’exécution est déficiente. L’équipe est également la clé pour réaliser un bon plan.
En situation de crise, quelle est la première chose que les responsables des communications doivent faire ?
Manon Genest: Avoir l’information factuelle. Lors d’une crise, les gens sont souvent émotifs. La première chose doit être de collecter l’information factuelle. La deuxième chose: il faut voir s’il s’agit vraiment d’une crise ou pas. Il importe donc d’évaluer le niveau de la crise. La gravité et les impacts potentiels des crises diffèrent grandement d’une situation à l’autre. Le piège à éviter ? Surréagir ou mal réagir (pas assez vite). Il faut vraiment identifier le bon niveau de crise afin de mettre en place les bonnes stratégies, les bonnes actions. La meilleure façon d’éviter qu’un incident ne dégénère en crise demeure d’être bien préparé. Toutes les entreprises devraient avoir un plan de gestion de crise mis à jour régulièrement et faire au moins une simulation par année.
Pourquoi trouvez-vous important de vous impliquer dans des conseils d’administration, comme celui de l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec ?
Manon Genest: D’abord, parce que ça m’intéresse ! J’ai été longtemps aussi sur le conseil d’administration du Jour de la Terre. Il ne sert à rien de siéger sur des CA pour avoir son nom sur des CA. Il faut vraiment s’y adonner parce que le sujet nous apporte quelque chose. J’aime croire que mon implication fait bénéficier les autres de l’expérience que j’ai la chance d’avoir.
Depuis vos débuts à aujourd’hui, la place des femmes dirigeantes a-t-elle changé dans votre secteur d’activité ?
Manon Genest: En général, tous secteurs confondus, les choses n’évoluent pas assez vite. Et les changements requis ne sont pas toujours évidents, c’est également dans les petites choses qu’on doit avancer. Avec l’expérience que j’ai, moi-même j’ai tendance à dire que mes associés m’ont « permis » de prendre ma place… comme si une permission était requise ! Les choses ne changent pas assez vite, mais plusieurs actions encourageantes ont vu le jour dans les dernières années. L’effet A, notamment, a un effet direct et immédiat sur les jeunes femmes.Â
Ce que j’espère que les jeunes femmes dans mon entourage retiennent, c’est que notre place c’est aussi celle qu’on se fait nous-mêmes. Et que, pour prendre cette place, on peut être totalement nous-mêmes, sans se plier à ce que nous pensons qu’il faut être.
Quels conseils donneriez-vous aux jeunes voulant faire leur chemin en communication ?
Manon Genest: Si vous aimez les choses qui ne bougent pas et si vous êtes inconfortables avec les imprévus, changez de secteur ! Dans notre domaine, il faut avoir une connaissance pointue de l’environnement public, toujours suivre l’actualité de façon serrée, être constamment à l’affût des nouvelles tendances, par l’intermédiaire des médias sociaux ou des médias traditionnels. Les communications sans contenu, ça n’existe pas !
Diane Genest
Bravo Manon, tu es une femme déterminée et tu l’as toujours été et au fil des ans avec la maturité tu sais bien faire passer le message que la relève de la jeunesse est la pour le confirmer. Ne lâche pas et je te souhaite Joyeux Noël et une Annee 2017 de Bonheur Paix et Succès .
Denise et Jean
Bravo Manon,
On t’a toujours dit que tu avais l’étoffe d’une personne qui savait ce qu’elle voulait. À te voir aller plus jeune on disait que tu ferais une bonne journaliste ou quelque chose en communication, on ne se trompait pas beaucoup.encore bravo pour aller jusqu’au bout de tes ambitions, tu as travaillé fort pour te rendre là où tu es rendu, continue ton beau travail.
Denise et Jean