Google envisagerait de fermer son Play Store
Google teste actuellement une nouvelle fonctionnalité dans ses moteurs de recherche: la possibilité d’installer directement les applications mobiles à l’aide d’un simple bouton visible dans les résultats de recherche.
L’objectif de cette démarche est triple: d’une part, elle permettra aux utilisateurs d’accéder de façon plus directe aux applications qu’ils désirent, sans avoir à passer par le Google Play Store, d’autre part elle optimisera la valeur de la recherche et, enfin, elle pourra dynamiser Google Adwords.
Augustin Vazquez-Levi, expert en référencement et président-fondateur d’AOD Marketing, agence spécialisée en marketing numérique, a répondu à nos questions sur le sujet.
Pourquoi Google opère-t-il ce changement notable? Est-ce pour récupérer une partie des revenus générés par l’Apple Store (voir notre article):
Augustin Vazquez-Levi: je ne pense pas que l’objectif de Google soit de battre Apple sur le terrain des revenus. L’idée derrière ce changement est plutôt de faire davantage de publicité à travers le téléchargement d’applications. C’est par ce biais que Google génèrera des revenus sur le long terme: on le sait, le Play Store est numéro un en termes de téléchargement d’applications gratuites, contrairement à l’App Store où se téléchargent davantage d’applis payantes. La publicité constitue alors la source principale de revenus de Google.
En valorisant les recherches effectuées sur son moteur de recherche, la firme s’assure un nombre croissant de requêtes, qui va de pair avec une augmentation de ses revenus. En effet, pour Google, chaque utilisateur de son moteur représente un revenu d’environ 45$ par année1.
Quelles seront les répercussions pour les éditeurs d’applications?
A. V.-L.: Google est présentement en phase de test en version Bêta, mais des avantages se dessinent déjà. En effet, en passant par un moteur de recherche, l’internaute peut taper des mots-clés comme par exemple «application pour apprendre l’italien», sans nécessairement connaître le nom exact de l’application: cela constitue une porte d’entrée supplémentaire pour les éditeurs d’applications désireux de toucher de nouveaux utilisateurs.
En décrivant leur service pour être visibles sur les moteurs de recherches, ces applications pourront prendre l’avantage sur leurs concurrents: c’est pourquoi elles doivent se préparer à ce changement dès maintenant pour ne pas prendre le train en marche.
Comment tirer le meilleur parti de ce changement?
A. V.-L.: comme nous venons de le voir, prendre le temps de décrire son application avec des mots-clés sera un excellent moyen de gagner en visibilité sur les moteurs de recherche. Par ailleurs, on a parfois sur son téléphone des applications que l’on a téléchargé, mais que l’on n’utilise plus et que l’on finit par oublier. La recherche par mots-clés peut permettre à Google de nous rappeler que l’on dispose d’une application correspondant à nos besoins.
Je suis aussi d’avis, mais c’est hypothétique, que Google pourrait possiblement opter pour une intégration des boutons de téléchargement d’applications directement au sein des campagnes Adwords. À la façon d’un «click to action», les éditeurs pourraient payer pour avoir un «click to download» intégré dans une campagne: une façon supplémentaire pour Google de générer des revenus.
Et pour le consommateur, finalement, qu’est-ce que ce changement va apporter?
A. V.-L.: ce changement permet de centraliser les services de Google au sein d’une seule et même place, et, par conséquent, facilite la vie de l’utilisateur. Ce changement correspond tout à fait à la volonté de Google de limiter au maximum le nombre de clics pour qu’un internaute arrive à ses fins. Nul doute que cela risque de faire de l’ombre à son concurrent Apple.
En chiffres
Si la nouvelle pourrait à tort semblait minime, il faut savoir qu’elle va concerner pas moins de:
- 1,4 milliards d’utilisateurs d’Android2.
- Plus de 1,6 millions d’applications disponibles depuis le Google Play Store3.
Sources:
2 silicon.fr et IDC, septembre 2015
3 Phonandroid.com et Appfigures, juillet 2015