impak Finance: banque, technologie et communauté
Une petite révolution dans le monde de la banque est en marche. Le 12 octobre 2016, impak Finance ouvrira son capital au public via une ambitieuse campagne de financement participatif. Qui, quoi, comment? On en parle avec Paul Allard, co-fondateur d’impak Finance.
«Les grands changements sont souvent provoqués par les plus petits joueurs»: c’est sur ce crédo que mise impak Finance, dont l’objectif, à terme, est de créer la première banque à impacts réels au Canada.
La totalité des prêts seront octroyés à des entreprises rentables de l’économie réelle, dont l’influence sur la société et l’environnement est positive.
Le rôle initial d’une banque, avant la déréglementation, c’était d’utiliser l’argent des citoyens pour en créer, et le réinvestir dans l’économie du réel. Or, depuis quelques années, les institutions bancaires investissent massivement dans des produits dérivés très complexes et sophistiqués. Avant cette déréglementation, l’économie financière représentait, en volume annuel, 2 à 3 fois celui de l’économie réelle; aujourd’hui, on parle d’un volume 70 fois supérieur. C’est une embolie qui ne peut plus tenir la route, et ce qui a fait couler un pays comme la Grèce. Selon moi, c’est tout simplement scandaleux», affirme Paul Allard.
Cet entrepreneur spécialisé dans les nouvelles technologies décide donc de prendre les choses en main plutôt que d’observer cette triste situation sans agir. C’est en lisant le plan d’affaires de la banque néerlandaise Triodos Bank qu’il a le déclic: il faut créer cette banque 100% dédiée à l’économie réelle et à l’économie d’impact positif au Canada.
Pouvoir choisir ce qui est fait de son argent
Il faut dire que le contexte est propice à ce genre d’entreprise: les FinTech sont en pleine croissance, les plateformes collaboratives ont la côte, tout comme l’investissement responsable – ou «impact investment», en bon français.
C’est ainsi qu’un groupe d’entrepreneurs (dont Paul Allard), de financiers et de spécialistes en investissement d’impact s’est monté pour mener à bien ce projet d’envergure.
On veut expliquer aux citoyens qu’ils peuvent faire un choix conscient quant à la façon dont est utilisé leur argent: en le plaçant dans une banque responsable, ils auront le même retour, le même service que dans une banque classique, mais avec une transparence totale sur où et comment est réinvesti leur argent, et en sachant, en plus, qu’ils ont un impact positif sur la communauté. Il me semble que personne n’est perdant là-dedans», explique Paul Allard dans un sourire.
La future banque en ligne aura un système de gouvernance transparent, et le client pourra participer à cet écosystème collaboratif financier en décidant dans quelle catégorie de projets (bio-agriculture, FinTech, immobilier «vert», etc.) il souhaite voir son argent redirigé.
Chaque trimestre, il sera informé de son impact sur la communauté. Bref: une vision totalement différente d’appréhender l’expérience bancaire, bien plus responsable et engagée.
Une invitation à TOUS de devenir actionnaires
Pour être cohérente, il fallait que notre entreprise ait le plus grand nombre d’actionnaires possible. Pour ce faire, nous avons choisi d’utiliser la technologie: le 12 octobre 2016, nous lancerons la plus grosse campagne de sociofinancement par équité. Ainsi, n’importe qui peut devenir actionnaire d’impak Finance – même avec 100$!», indique Paul Allard.
Quiconque aura envie de participer à l’aventure devra donc passer par la plateforme FrontFundr, qui est, comme le précise le co-fondateur d’impak Finance, accréditée pour lever des capitaux selon les commissions de valeurs mobilières de toutes les provinces. Le montant de base a volontairement été fixé bas, pour encourager un maximum de gens à joindre le mouvement – étudiants compris!
Des étapes à respecter
À noter que la banque en tant que telle ne verra pas le jour avant 2 bonnes années – il s’agit d’un processus qui prend du temps. La première étape est donc la campagne de sociofinancement, lancée le 12 octobre 2016, puis, au dernier trimestre 2017, impak Finance lancera un fonds d’obligations, également via une application.
Le concept est toujours le même: les investissement iront dans l’économie d’impact. Il sera possible de placer 200$ par mois, par exemple, dans le créneau de son choix, et le retour sera de 4, 5 ou 6%», explique M. Allard.
Enfin, dans un troisième temps, l’application se verra dotée de nouvelles fonctionnalités de compte-chèque, d’épargne… Bref, elle deviendra une banque.
C’est long, mais c’est un concept unique au monde, qui nécessite de prendre le temps de bien faire les choses. Imaginez: nous donnons la possibilité aux citoyens de devenir actionnaires d’une entreprise qui veut créer une banque, leur banque. Bien sûr, comme pour n’importe quelle start-up, il y a des risques, mais on ne demande pas au grand public d’investir 100 000$ dans le projet», insiste Paul Allard.
Les entrepreneurs oeuvrant dans l’économie d’impact pourront eux aussi se rendre sur la plateforme pour y faire des demandes de capitaux. impak Finance utilisera alors sa technologie d’analyse de risques afin de déterminer où se situe l’entrepreneur par rapport à ses concurrents, ainsi que son score financier. Les résultats de cette analyse lui permettront de connaître les points à travailler si besoin, et si les scores sont très élevés, alors impak Finance pour proposer une collaboration.
On va partager nos connaissances: encore une fois, on part sur la base d’un écosystème collaboratif d’entrepreneurs qui, je le rappelle, créent 9 emplois sur 10 au Canada!», précise Paul Allard.
Apporter un changement, proposer du rendement
Totalement en ligne, l’entreprise (la future banque) a son siège social basé à Montréal. S’il n’y aura pas de succursales, les équipes d’impak Finance se déplaceront dans les hubs, les espaces de travail collaboratif… Bref: là où se trouvent leurs clients et partenaires potentiels.
On n’est vraiment pas contre les banques, la preuve: on veut en être une. En revanche, on veut jouer notre rôle social, comme à l’origine, et pour nous les deux ne sont pas incompatibles. Les gens ont besoin de donner du sens à leur argent. Oui voter, acheter, c’est bien. Mais personne ne parle d’où va notre argent, de ce qui en est fait. On saisit cette opportunité d’apporter un changement, tout en créant une structure offrant un rendement à ses clients», conclut Paul Allard.
Pour en savoir plus sur le projet et le lancement de la campagne de sociofinancement par équité, cliquez ici.