La guerre aux fausses nouvelles est officiellement ouverte
Par François Nadeau
Plus que jamais, les sites de fausses nouvelles embrouillent la réalité aux États-Unis. Celles-ci ont prouvé leur efficacité lors de la campagne présidentielle qui vient de se terminer.
25 novembre 2016 – Loin d’être nouveau, le sujet attire toutefois l’attention plus que jamais. Une analyse du site Buzzfeed publiée récemment a fait beaucoup réagir les internautes. Celle-ci démontrait que, dans les derniers mois de la campagne présidentielle américaine, les fausses nouvelles les plus populaires avaient généré plus d’engagements sur Facebook que les manchettes les plus populaires provenant des grands médias (Washington Post, New York Times, etc.). Des allégations voulant que la Russie soit impliquée dans la propagation d’informations visant à discréditer Hillary Clinton ont aussi fait beaucoup jaser.
Les données détaillées fournies par Buzzfeed permettent de juger par soi-même de l’ampleur de la situation. Des manchettes annonçant qu’Hillary Clinton aurait vendu des armes à l’État islamique ou encore que le Pape François aurait endossé Donald Trump vous semblent ridicules? Pas pour un grand nombre d’internautes américains. Et dans un pays où l’on accorde autant de crédibilité aux grands médias qu’aux vendeurs de balayeuses, le fait que ces titres ne soient jamais repris dans les grands quotidiens et les chaînes de nouvelles semble tout à fait normal pour plusieurs.
Google et Facebook embêtés
Accusés de contribuer grandement à la diffusion de faux articles, Facebook et Google ont réagi en annonçant des mesures visant à contrer les fausses nouvelles, notamment en bannissant les auteurs de leur régie publicitaire.Â
Au lendemain de la campagne présidentielle, Mark Zuckerberg avait qualifié de farfelues les allégations voulant que la diffusion de fausses nouvelles sur le réseau avait pu influencer le sort de l’élection. On peut toutefois en douter, puisqu’une grande part des Américains affirment que Facebook constitue leur principale source d’information.
Zuckerberg et son équipe avaient également été critiqués il y a quelques mois lorsque Facebook, lors de l’automatisation de sa gestion des articles «tendances», avait par mégarde propulsé de faux articles à l’avant-plan.
Quelle sera l’efficacité des mesures mises en place par Google et Facebook? Certes, elles déplairont à quelques auteurs qui gagnaient jusqu’ici très bien leur vie grâce à leurs écrits mensongers. Toutefois, ayant prouvé leur efficacité en campagne, les sites de fausses nouvelles risquent de trouver leur financement autrement.
La situation demeure donc plus qu’inquiétante. Aujourd’hui, une nouvelle erronée se propage plus rapidement que jamais, et même des personnalités influentes du gouvernement contribuent à la diffusion de canulars. Et lorsque les grands médias dénoncent les informations fabriquées sur mesure, certains les accusent d’être biaisés et d’être eux-mêmes des sites de fausses nouvelles.
Avec relativement peu de moyens et d’efforts, des individus peuvent maintenant créer à leur avantage une réalité inventée de toutes pièces, que d’autres, par naïveté ou encore par complaisance, acceptent et partagent en quelques clics. Â