La télé traditionnelle québécoise a-t-elle les atouts pour assurer son avenir ?
Par François Nadeau
9 octobre 2023
Partout dans le monde, notamment aux États-Unis et dans le Canada anglais, la popularité des chaînes sur demande augmente sans cesse au détriment de la télévision traditionnelle. Mais qu’en est-il de l’avenir de la télévision traditionnelle québécoise ?
Au deuxième trimestre de 2023, Netflix rapportait près de 76 millions d’utilisateurs payants aux États-Unis. Même si ce nombre stagne depuis 2020, il a pratiquement triplé depuis 10 ans. Une des raisons qui explique cette stagnation est la compétition accrue dans le domaine de la télé sur demande, avec l’entrée en scène d’Apple, Amazon et Disney pour ne nommer que ceux-là.
Parallèlement, la télévision traditionnelle souffre de plus en plus. Déjà, en 2020, on anticipait que le nombre de foyers abonnés à un forfait de télévision traditionnelle pourrait atteindre en 2025 un seuil mettant en danger la viabilité du modèle et la qualité de son contenu.
Plusieurs experts s’entendent que les nouvelles et le sport professionnel, qu’on souhaite regarder en direct, sont les deux types de contenus qui permettront à la télévision traditionnelle de se maintenir. Toutefois, même sur ce front, la télé traditionnelle est menacée par les chaînes sur demande.
En effet, Apple TV a obtenu l’an dernier les droits exclusifs de diffusion de certaines parties des Ligues majeures de baseball le vendredi soir. La NFL, quant à elle, a choisi de signer des ententes avec Amazon, You Tube et Peacock. Même la chaîne de sports ESPN, présente dans 73 millions de foyers américains abonnés au câble, amorce un virage qui pourrait la mener à abandonner progressivement la télévision traditionnelle.
Quel avenir pour la télévision traditionnelle au Québec ?
L’avenir de la télévision traditionnelle aux États-Unis est rempli d’incertitudes. Mais qu’en est-il de la situation au Québec ?
Pierre Barrette est professeur et directeur de l’École des médias de l’Université du Québec à Montréal. Isarta Infos lui a demandé son avis à savoir quels sont les atouts dont dispose la télévision traditionnelle québécoise pouvant assurer sa santé et sa pérennité.
Évidemment, le fait d’avoir une population en majorité francophone est un premier atout à considérer selon lui. À la base, une grande portion de la génération de nos grands-parents et arrière-grands-parents a pris l’habitude de consommer du contenu exclusivement francophone, souvent faute de comprendre l’anglais. Même si la réalité est différente aujourd’hui, il y a encore une demande pour du contenu original en français, chose rare sur les grandes plateformes de contenus en ligne.
Pierre Barrette ajoute également qu’au fil des années, les artisans de la télévision ont su développer des styles de contenu que l’on voit rarement dans d’autres pays. Il cite en exemple le téléroman, mais on pourrait aussi penser à de grands rendez-vous comme le Bye Bye. Il ajoute également que le Québec possède son propre vedettariat, dont les principaux acteurs sont omniprésents à la télé.
Les données de cotes d’écoute appuient bien les propos de Pierre Barrette. À titre d’exemple, une quotidienne comme STAT rejoint plus de 1,3 million de téléspectateurs presque tous les soirs au Québec. Aux États-Unis, les séries les plus populaires sur des chaînes comme CBS et NBC atteignent entre 9 et 11 millions de téléspectateurs, dans un marché 40 fois plus grand que celui du Québec.
Le professeur ajoute toutefois un bémol à ses constats : il ne peut prédire comment les jeunes de la dernière génération vont se comporter, eux qui sont nés avec une tablette dans les mains et dont les parents sont nombreux à ne pas consommer de télévision traditionnelle.
Néanmoins, à l’heure actuelle, il semble que les jeunes de 18 à 34 ans consomment davantage de télé traditionnelle que ce qu’on pourrait croire.
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