Le « faire-savoir » vs le « quoi-faire-savoir » ?
Par La Rédaction
Je fais particulièrement référence à d’insolites incidents dont sont victimes plusieurs personnages bien connus du public et dont l’histoire fait la une de tous les médias pendant des jours et des jours et ce, en un rien de temps et je cite.
Il y a quelques années, un populaire « morning man » radiophonique fut arrêté en état d’ébriété sur le pont Jacques-Cartier. Difficile de ne pas s’en souvenir, cet événement a fait la une avec autant d’exubérance sinon plus, que l’élection d’un nouveau premier ministre. Quant à ce pauvre animateur, il a écopé d’une amende et a perdu le commanditaire pour lequel il était le porte-parole. Mais qu’est-ce qu’une amende et la perte d’un contrat alors que cet illustre personnage bénéficie d’une des plus belles couvertures médiatiques gratuites de sa vie ? Bien que cet incident date déjà de plusieurs années, on ne rate pas une occasion d’en relater les faits et d’en rire encore !
Il y a également quelques années, un populaire chanteur québécois faisait lui aussi la une pour s’être rétabli de sa toxicomanie après un séjour thérapeutique de quelques mois et s’est même vu attribuer les honneurs habituellement réservés à un prix Nobel !
D’autres célèbres personnages sont vénérés par le public après avoir raconté leurs boires et leurs déboires en publiant l’histoire de leur « char », soit leur « auto biographie ».
Récemment, ce fut au tour de notre très célèbre Éric de frôler la mort et de finalement décider de se prendre en main. J’aimerais souligner le fait qu’il a été le seul à faire savoir ouvertement pendant une émission diffusée en pleine heure de pointe, qu’il en avait marre d’en entendre parler. Bravo Éric !
Malheureusement, ce même délit est rarement interprété avec humour pour les moins connus du public ! Les médias s‘en emparent et dès lors, le méchant fêtard en question est accusé des pires violations et doit sévèrement payer pour sa faute.
Je n’approuve pas une telle conduite mais je reproche l’importance que les médias lui accordent lorsqu’il s’agit d’une célébrité quelconque. En plus de faire la une de tous les quotidiens, d’en entendre parler pendant des semaines, voire des années, cette même mésaventure prend des proportions absolument démesurées et ridicules … et la vie continue …. jusqu’à ce qu’ils deviennent des héros !
Voyons donc ! Alors que les alcooliques/toxicomanes sont plus souvent qu’autrement perçus et traités comme des déchets de la société, les « stars », elles, deviennent des exemples en plus de bénéficier de publicité gratuite d’une valeur inestimable pour le même alcooolisme et la même toxicomanie … Wow !
Et ce, bien souvent au détriment d’importantes informations politiques, culturelles, budgétaires, de débats et/ou de certains conflits de travail, d’injustice et d’inégalité dont les travailleurs sont victimes, de problèmes qu’éprouvent notamment, les chômeurs, les sans-emplois ou les sans-abris et j’en passe. Certes, on nous en fait part mais rapidement, elles font partie du passé et rare sont celles qui font l’objet d’un suivi.
Le plus stupide des incidents vécu par une « star » suscite plus d’intérêt et de publicité et l’aventure fait parler, rire et distrait le plus commun des mortels pendant des années. Incroyable mais vrai !
Pendant ce temps, l’éducation souffre terriblement, notre système de santé est atteint d’un mal incurable, la société se désagrège tranquillement, les coupures de budgets sont de plus en plus coupées, bref, toutes ces préoccupations semblent perdre de l’importance au détriment de stupidités qui eux, prennent de plus en plus de place dans le quotidien de la masse.
Les « Feux de l’Amour » et les « Top Model » monopolisent deux heures de temps d’antenne par jour, semaine après semaine, année après année ; les cotes d’écoute le prouvent ! Les soirées sont réservées aux téléromans qui n’en finissent plus de finir tellement ils s’en passent dans la vie de tous ces gens ‘ben ordinaires’, de quoi faire rêver « Madame BS et les ados décrocheuses » (ce cliché est sans le moindre préjugé).
Les gens sont avides d’histoires à saveur de jalousie et de compétition féroce, de commérages, de rivalité bourrée d’orgueil, bref de tout ce qui est prétexte à controverses et disputes. Car dans ce monde de millionnaires et/ou de gens ben ordinaires, les querelles affluent.
Et après, on se questionne sur les causes de l’agressivité grandissante notamment, chez les automobilistes pour ne nommer que ceux-ci, la violence qui se répand comme une trainée de poudre et qui est de plus en plus terrifiante et présente au sein des gangs de rues, le décrochage scolaire qui augmente significativement, la poly toxicomanie chez les « de plus en plus jeunes », les familles dysfonctionnelles qui se multiplient comme la vermine, la pauvreté qui appauvrit davantage les pauvres, les emplois qui se font rares, etc, etc..
Qui doit-on blâmer ?
Les diffuseurs, les producteurs, les concepteurs, les traducteurs de séries policières où meurtres et tout ce qui vient avec sont d’une gratuité épeurante ?
Nos gouvernements dont les ministres et députés accusés de fraudes sont de plus en plus nombreux ?
Sur qui nos jeunes peuvent-ils prendre exemple dorénavant ?
Il n’y a pas que la planète à sauver, l’humanité l’est également !
Le 6 juillet 2010