Le journaliste québécois et les médias sociaux, un mariage ambivalent
Par Christian Bolduc
De nous jours, je ne crois pas qu’un journaliste puisse suivre la parade s’il n’est pas présent dans les médias sociaux.Â
-Michelle Sullivan, citant un journaliste québécois anonyme
29 janvier 2015 – Dans un sondage envoyé à 1272 journalistes québécois et dont les résultats préliminaires ont été rendus publics mercredi dernier aux Grands communicateurs, la relationniste et chargée de cours Michelle Sullivan a voulu connaitre les usages faits des médias sociaux par les journalistes à partir des cinq critères: l’utilisation, l’impact, l’éthique, les relations avec le relationniste et la perception du blogue/blogueur.
Les résultats indiquent que les 211 journalistes ayant répondu au formulaire (16,6% de tous les journalistes sollicités) sont globalement ambivalents lorsque vient le temps d’instrumentaliser ces outils de communication dans leur travail.
Si 82% d’entre eux reconnaissent l’importance d’exercer une présence professionnelle sur le Web, ne serait-ce que pour promouvoir leur travail, rester proche de l’actualité et/ou communiquer avec des sources sans avoir à se déplacer, les journalistes sont plus divisés quant aux plateformes (et à la crédibilité des sources) à investir.
Indispensables, les médias sociaux?
Outre les blogues – éditoriaux à la crédibilité très inégale – qui sont consultés professionnellement par seulement 62 scribes et ignorés par 102 autres, les plateformes sociales telles que Facebook, Twitter, LinkedIn et Youtube trouvent un écho variable auprès des praticiens consultés dont une majorité exerce le métier dans un média écrit.
Twitter, qu’utilisent professionnellement 158 journalistes québécois consultés, est utile pour raffiner des recherches, suivre l’actualité et comparer des sources alors qu’ils sont 156 à exploiter Facebook pour trouver une inspiration, échanger avec le public, trouver une source et/ou renforcer la crédibilité d’une information.
LinkedIn sous-exploité
Dans le cadre de ses recherches, Mme Sullivan a constaté le peu d’intérêt des journalistes pour LinkedIn. En termes quantitatifs, 83 journalistes révèlent ne pas avoir d’interactions avec ce réseau pour professionnels alors qu’ils sont 51 et 86 à l’utiliser respectivement pour des besoins personnels ou professionnels.
Sous-utilisé, le réseau LinkedIn permet notamment de trouver des experts pour valider des informations. Un accès à des groupes spécialisés peut également jouer ce rôle. »
Valables ou pas, les réseaux sociaux?
Manifestement contrariée par ce dernier constat, Mme Sullivan souligne néanmoins qu’ils sont seulement 29% à systématiquement considérer les réseaux sociaux dans leurs recherches informationnelles.
A contrario, près de 6 journalistes sur 10 préfèrent les utiliser occasionnellement alors que 84% d’entre eux ont le réflexe de rejeter ces plateformes lorsque vient le moment de considérer l’information extraite comme une source principale.
Pourtant, et ici on en perd notre latin, 41% des journalistes québécois les considèrent, ces plateformes, comme indispensables à leur métier alors qu’ils sont 37% à affirmer le contraire.
Malgré des données parfois contradictoires, ils sont 81% à considérer cet outil comme un facilitateur professionnel incontournable. Pour en ajouter une couche, le sondage révèle que 72% considèrent positif l’impact général des plateformes sociales sur la qualité de leur travail.
Un clivage se profile donc à l’horizon entre les adeptes et les méfiants, les proactifs et les résistants qui, selon le cas, seront de la parade ou non.