Près de 4 travailleurs sur 10 sont moins motivés au travail et plus souvent fatigués depuis le début de la pandémie
Par La Rédaction
27 octobre 2020
Morneau Shepell a publié récemment son dernier rapport mensuel sur l’Indice de santé mentale. Six mois après le début de la pandémie, la tendance observée quant au déclin de la santé mentale des Canadiens se maintient. D’après les conclusions du rapport, l’état de santé mentale précaire de la population pourrait persister longtemps, compte tenu des inquiétudes liées à la deuxième vague, de la possibilité d’un autre confinement et de l’incertitude constante entourant un éventuel retour à la normale et l’avenir.
Le score à l’Indice de santé mentale se situe à -10, ce qui est révélateur d’une tendance irrégulière depuis le début de la pandémie. De légères hausses ont été observées d’avril à juillet, suivies d’une baisse en août, puis d’un retour en septembre au score de -10 enregistré en juillet. Ce score mesure l’amélioration ou la détérioration de la santé mentale par rapport au score de référence de 75 antérieur à 2020.
L’Indice de santé mentale suit également les scores secondaires par rapport au score de référence, mesurant le risque financier (3,1), la santé psychologique (-1,9), l’isolement (-9,7), la productivité (-10,8), l’anxiété (-11,5), la dépression (-11,8) et l’optimisme (-12,3). Fait à noter, le score du risque financier a reculé après avoir connu une amélioration pendant plusieurs mois.
Le pays est maintenant touché par la deuxième vague de la pandémie de COVID-19, comme en témoignent l’augmentation rapide du nombre de cas et la réaction de plusieurs provinces qui envisagent à nouveau la mise en place de mesures de confinement », constate Stephen Liptrap, président et chef de la direction. Il est crucial qu’au regard des mois à venir, les gouvernements et les organisations soient conscients des risques liés à l’isolement pour le bien‐être des Canadiens et prennent des mesures proactives. Ne pas tenir compte des besoins en matière de santé mentale et du bien‐être de ces derniers pourrait à long terme compromettre la résilience de la population. »
Les changements touchant le lieu de travail et les habitudes des employés canadiens ont des conséquences considérables sur leur santé mentale. Ceux ayant récemment réintégré leur lieu de travail affichent un score de santé mentale plus bas (-11,0) que ceux qui ont continué à travailler sur leur lieu de travail habituel (-7,1) ou qui travaillent de la maison alors qu’ils faisaient déjà du télétravail (-8,6).
Les employés affichant les scores les plus bas sont ceux qui font du télétravail en raison de la pandémie (-11,4) et ceux qui travaillent parfois de la maison, parfois à leur lieu de travail habituel (-12,9).
La pandémie a également une incidence sur la productivité des employés. Presque 4 employés sur 10 (36 %) affirment qu’ils ont plus de mal à trouver la motivation nécessaire pour effectuer leur travail qu’auparavant et 34 % des répondants trouvent plus difficile de se concentrer au travail qu’avant la pandémie.
La tension permanente nuit à la motivation, explique Paula Allen, première vice-présidente, Recherche, analytique et innovation. Une baisse de motivation peut être le signe d’un épuisement émotionnel. Actuellement, deux principaux facteurs contribuent à cet état de fatigue. D’une part, les gens ont souvent du mal à concilier le travail et le plaisir, les contacts sociaux et l’exploration. Le repos est certes indispensable, mais ce n’est pas le seul élément qui favorise un bon équilibre. D’autre part, certaines personnes travaillent davantage tandis que d’autres considèrent qu’elles sont plus fatiguées en raison des inquiétudes concernant la sécurité d’emploi ou des nombreuses sources de distraction, sur le plan mental ou situationnel, lesquelles s’ajoutent à leur charge de travail existante. La planification et le recours à de l’accompagnement ou à du counseling peuvent aider à mieux composer avec ces deux types de problèmes. »
Malgré une détérioration de la santé mentale et des risques pour la santé physique, bien des Canadiens sont moins disposés qu’avant à obtenir des soins. Un grand pourcentage de répondants se disent moins enclins à consulter pour un problème physique (29 %) ou de santé mentale (24 %) depuis l’apparition de la pandémie de COVID‐19.
Quand notre quotidien est perturbé, on a tendance à négliger certains aspects importants des autosoins. On remet parfois des choses à plus tard ou on se dit que tout rentrera dans l’ordre automatiquement quand la situation redeviendra plus normale, poursuit Mme Allen. Même si les Canadiens vivent des changements considérables dans toutes les facettes de leur vie, ils doivent continuer à accéder à du soutien en santé physique et mentale. Les employeurs jouent un rôle crucial à cet égard en soulignant l’importance de prendre soin de soi et en faisant valoir les ressources à la disposition du personnel, comme les programmes d’aide aux employés et les soins de santé virtuels. »
Le retour des inquiétudes
Alors que les Canadiens font face à la deuxième vague de COVID-19, les inquiétudes les plus fréquentes exprimées au début de la pandémie refont surface. Selon les résultats de l’enquête, les répercussions financières liées à la pandémie (38 %), la peur de tomber malade (34 %) et celle de voir un proche décéder de la COVID-19 (30 %) sont les principales craintes ayant une incidence sur la santé mentale — des préoccupations similaires à celles rapportées en avril et en mai.
Un autre renversement de la tendance observée depuis le début de la pandémie concerne la capacité des Canadiens à épargner en prévision des urgences. Alors que ces derniers ont versé au cours des derniers mois davantage d’argent dans leur fonds d’urgence, c’est l’inverse qui s’est produit en septembre.
Or, cela a un effet majeur sur l’état de santé mentale des Canadiens, puisque ceux qui ont un fonds d’urgence (-5,3) affichent un score de santé mentale nettement supérieur à celui des personnes qui n’en possèdent pas (-23,4).
Par contre, certaines tendances sont demeurées constantes tout au long de la pandémie, notamment la différence selon le sexe; depuis maintenant six mois consécutifs, les femmes ont un score de santé mentale inférieur (-12,2) à celui des hommes (-8,2). De plus, ces scores demeurent plus faibles pour les parents, les jeunes, les ménages à faible revenu et les répondants qui se définissent comme non-Blancs.
Méthodologie
Cette enquête mensuelle de Morneau Shepell a été menée au moyen d’un sondage en ligne en anglais et en français du 21 au 30 août 2020, auprès de 3 000 répondants au Canada. Tous les répondants résident au Canada et étaient employés au cours des six mois précédents.
Les données ont été pondérées statistiquement pour assurer que la composition régionale et hommes-femmes de l’échantillon est représentative de cette population. La marge d’erreur de cette enquête est de plus ou moins 3,2 %, 19 fois sur 20.
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