Questions RH: acquisition de TP1 par Havas, le rôle clé du facteur humain
Le 7 juin 2016, le Groupe Havas annonçait l’acquisition de l’agence TP1. Un tournant important pour leurs affaires, bien sûr, mais aussi pour les équipes à l’interne. Isarta Infos fait le point avec Jan-Nicolas Vanderveken, nouveau président de Havas Worldwide à Montréal et Geneviève Brault, conseillère RH sénior.
Il n’y a pas d’acquisition réussie sans l’implication du personnel: comment avez-vous appréhendé le facteur humain lors de ce rachat ?
Jan-Nicolas Vanderveken: la démarche a clairement été axée sur la chimie et la complémentarité entre les équipes de TP1 et de Havas. On a pris le temps d’apprendre à se connaître: j’ai fait connaissance avec beaucoup de monde, à Toronto, à New York, à Paris… Lorsque ce type de transaction échoue, c’est, je pense, parce que l’on met ensemble deux entreprises dont les cultures sont diamétralement opposées, sans aucun atome crochu. Donc tout notre travail en amont a été de s’assurer que la chimie était bien là et que nos cultures étaient réellement compatibles. L’aspect humain a été au coeur de la démarche, tout au long du processus.
Geneviève Brault: on n’a pas mis en place un plan d’intégration sur plusieurs semaines, par exemple, même si nous étions évidemment bien préparés de notre côté. Le fait que le Group Havas soit une société publique fait que nous ne pouvions pas divulguer l’information prématurément. Tout a donc été concentré sur 48 heures: l’équipe de TP1 a été informée en premier, puis celle de Havas, puis nos clients.
C’est Jan-Nicolas et Helen (Pak, chef de la direction et chef de la direction de création de Havas Worldwide Canada, ndlr.) qui ont fait l’annonce en personne: c’était important qu’il en soit ainsi, pour appuyer notre volonté de mettre l’humain au coeur de la démarche, et aussi pour être disponibles et à l’écoute, quelle que soit la réaction. Mais tout s’est bien passé et l’information a été très bien accueillie: les gens sont bien heureux du vent de nouveauté qui s’en vient!
En quoi pensez-vous que TP1 et Havas sont complémentaires?
J.-N.V.: en 10 ans, TP1 est passée d’une firme très techno à firme de communication marketing avec un ADN numérique. De son côté, Havas intègre depuis plusieurs années déjà le numérique dans ses mandats: c’est un peu comme si l’on se rencontrait à mi-chemin sur nos voies respectives, et ça fait du sens que l’on poursuive la route ensemble car on s’apporte mutuellement quelque chose: Havas ajoute un volet créativité, émotion, communication, quand TP1 lui fait bénéficier de sa démarche d’affaires plus structurée et décidément numérique.
Vous dites que l’annonce de l’acquisition a été très bien reçue par les employés, pouvez-vous nous en dire plus?
G.B.: j’ai rencontré l’équipe de TP1 la semaine dernière, parce que c’est important que je fasse leur connaissance, mais aussi pour les rassurer et répondre à toutes leurs questions – c’est bien normal qu’ils s’interrogent sur ce qui va changer ou non pour eux.
Je les ai rencontrés en groupe et certains demandent aussi à me voir en tête à tête, pour des questions d’ordre plus personnel. À vrai dire, on avait prévu d’organiser davantage de petites activités pour faciliter les rencontres entre équipes, mais ils semblent se débrouiller très bien sans nous!
J.-N.V: ça c’est vrai ! [rires] C’est assez extraordinaire et unique la façon dont les gens ont pris les choses en main pour se rencontrer.
Par exemple, le jour de l’annonce, l’équipe de TP1 a montré un tel intérêt que nous sommes arrivés, Helen et moi, près de 30 minutes en retard chez Havas, où nous devions également informer l’équipe du rachat et de mon arrivée en poste. Une rencontre informelle sur la terrasse de TP1 s’est même organisée spontanément, sans que l’on n’y fasse rien, ce qui a permis à plusieurs de faire connaissance, quelques heures à peine après les annonces.
Depuis, on dirait que ce désir de se rencontrer s’est accéléré: toute la gang est ravie d’avoir de nouveaux collègues! Les gens commencent à s’inviter aux 5 à 7, ils visitent les locaux, se parlent… Les choses se font naturellement, et je dois dire que je suis pas mal fier de la façon dont les choses se passent.
Pour moi, c’est une preuve supplémentaire que nos deux cultures d’entreprises sont complémentaires. Il va juste falloir revoir notre budget pour les 5 à 7! [rires]
En quoi cette acquisition est-elle bénéfique pour les deux agences?
J.-N.V.: je dirais que c’est une annonce qui est bénéfique pour l’industrie dans sa globalité car elle symbolise un changement important: en rachetant TP1, Havas ne s’est pas simplement dotée de capacités numériques supplémentaires. Elle a remarqué la mutation profonde du marché et des demandes des clients, et a décidé d’y répondre en faisant non seulement l’acquisition d’une agence 100% numérique, mais aussi en nommant son fondateur à la tête de Havas à Montréal.
C’est un signal clair qui est envoyé à l’industrie: l’offre de services de Havas à Montréal sera extrêmement actuelle et tombera à point nommé pour les clients. Je pense qu’on va rapidement jouir d’une longueur d’avance et que l’on proposera une offre particulièrement alléchante et pertinente aux clients. On a vraiment hâte de les rencontrer!