Rencontre avec Pascale Morneau, designer UX
Par François Nadeau
Le temps semble déjà loin où les sites d’entreprises étaient développés par des «informaticiens» dont le principal atout consistait à maîtriser à la fois le code et quelques notions graphiques.
Aujourd’hui, le domaine du Web compte toute une série de spécialistes travaillant en complémentarité. Parmi eux, on retrouve les experts en expérience utilisateur (UX).
Depuis dix ans maintenant, Pascale Morneau travaille dans ce domaine. En tant que designer UX, elle a réalisé des mandats auprès de plusieurs dizaines d’entreprises et d’institutions différentes.
Nous lui avons posé quelques questions à propos de son métier et des défis qu’il comporte.
Décris-moi le parcours qui t’a menée à te spécialiser en expérience utilisateur.
Pascale Morneau: à la base, je possède une formation universitaire en design graphique. Au départ, ce n’était pas mon intention de travailler dans le domaine du Web, qui n’était pas aussi dynamique et séduisant qu’aujourd’hui.
Toutefois, un de mes premiers contrats consistait à gérer la refonte d’un site Web complexe. Cela dépassait mon mandat de designer graphique et demandait notamment de me familiariser avec différents concepts liés à l’expérience utilisateur. C’est ainsi que peu à peu, je suis devenue une passionnée du UX. J’ai ensuite cumulé les mandats professionnels en plus de terminer une maîtrise en design d’interface à l’Université Laval.
En une phrase, comment résumerais-tu ton rôle de designer UX ?
Pascale Morneau: je dirais que mon rôle est de créer des expériences simples et délectables, en prenant en compte à la fois les besoins des utilisateurs et ceux des organisations qui m’emploient.
Quels sont les principaux défis que tu rencontres au quotidien?
Pascale Morneau: la popularité du UX monte en flèche, mais beaucoup d’entreprises n’ont pas encore l’expérience et ne saisissent pas toute la complexité de notre travail.
Il faut expliquer ce que nous faisons chaque jour et travailler à intégrer la pratique du UX dans les entreprises. Il faut aussi que les compagnies comprennent que le UX n’est pas seulement une composante, mais bien un tout, qui doit donc être cohérent. Les activités de UX doivent être lancées en amont et servir à créer ou à modeler la vision d’un produit et d’un service. Ensuite, la création de l’expérience souhaitée devient possible. Le UX se trouve à la croisée de plusieurs domaines et responsabilités, ce qui comporte aussi plusieurs défis pour les professionnels.
Il y a ensuite le défi d’avoir accès aux utilisateurs. Dans certaines organisations, on croit suffisamment les connaître pour remettre en doute la nécessité de les consulter directement à propos de l’application ou du site sur lequel nous travaillons. Toutefois, les données provenant des utilisateurs sont notre principal outil de travail, alors il ne faut pas en être privés.
J’en suis même venue à refuser les mandats qui ferment la porte à la recherche utilisateur. De toutes façons, la recherche auprès des utilisateurs s’avère toujours très pertinente et rentable: il s’agit d’un levier pour l’innovation.
Depuis quelques années, tu es impliquée au sein de Tout le monde UX. Peux-tu me parler un peu de ce groupe?
Pascale Morneau: une fois à tous les deux mois, Tout le Monde UX organise des soirées sur un thème lié à l’expérience utilisateur.
Puisque le domaine est vaste, ce thème sert de point central aux échanges qui prennent place durant ces soirées où nous recevons des conférenciers. J’ajouterais aussi que Tout le Monde UX accueille aussi bien des experts de l’expérience utilisateur que des néophytes passionnés par le sujet.
En juin dernier, tu as effectué ce que tu qualifies de «recherche utilisateur en mode guérilla». Peux-tu nous définir ce concept?
Pascale Morneau: j’ai effectué cette recherche à Las Vegas et en Californie pour un client qui mène des activités à l’international. La recherche utilisateur en mode guérilla s’effectue avec des utilisateurs réels, tout comme la recherche utilisateur conventionnelle, mais il s’agit d’une méthode moins structurée.
Dans ce cas-ci, on l’a utilisée car on avait accès à un grand bassin d’utilisateurs lors d’un événement, sans toutefois savoir de combien de temps on disposerait avec chacun. Comme les utilisateurs sont difficiles à recruter, nous avons tiré profit de cette occasion. Il est important toutefois de faire aussi de la recherche structurée, dont la validité est plus assurée.