Sites de nouvelles: les sections commentaires en péril
Par François Nadeau
The Telegraph, important média imprimé et électronique au Royaume-Uni, a décidé de fermer temporairement la section commentaires de son site Web.
Le journal s’ajoute ainsi a une longue liste de sites de nouvelles ayant choisi de faire de même, la plupart de façon permanente.
The Verge et le Chicago Sun avaient notamment pris cette décision avant les Fêtes. Plus près de chez nous, The Toronto Star figure aussi parmi les journaux ayant récemment fermé sa section commentaires.
La CBC a elle aussi interdit les avis des lecteurs lorsque ses articles traitent des peuples autochtones. La société d’État avait déclaré qu’étant donné l’importance qu’elle accorde à l’opinion de ses lecteurs, cette décision avait été difficile à prendre.
Toutefois, compte tenu du caractère déplacé de plusieurs commentaires, elle ne pouvait qu’agir ainsi.
Une lourde gestion
Pour plusieurs médias, dont certains ont peine à maintenir leur rentabilité, la gestion d’une section commentaires est coûteuse. Cette modération est toutefois essentielle, surtout que ceux-ci peuvent être tenus responsables des propos diffamatoires ou violents qui figurent sur leur site.
Dans la plupart des cas, ceux qui ont choisi d’éliminer les commentaires de leur site dirigent les lecteurs vers leurs comptes 2.0 afin d’y commenter leurs articles, ou invitent ces derniers à participer au courrier des lecteurs.
Une perte pour la liberté d’expression?
Certains lecteurs sont peinés de ne plus pouvoir donner leur avis sur les sites des grands sites de nouvelles.
Même si Facebook et les autres médias sociaux sont faciles d’accès, ils ne préservent pas autant l’anonymat de ceux qui craignent l’intimidation liée à leurs propos.
Et même si le courrier du lecteur reste une option, celui-ci offre un espace beaucoup plus restreint pour la rétroaction. Contrairement aux sections commentaires, les articles publiés sont sujets au choix de l’éditeur, qui favorisera sûrement les textes mieux rédigés et de plus grand intérêt à ses yeux.
Par conséquent, ceux qui ont la plume facile auront plus de chances d’être privilégiés, au détriment des lecteurs pour qui la communication écrite représente un défi.
On présume toutefois que la charge doit être très lourde pour que tant de médias abandonnent la rétroaction sur leur site.
En agissant ainsi, ils risquent de se mettre à dos une partie de leurs lecteurs les plus engagés.
Conséquence encore plus grave, ils poussent encore davantage leur lectorat vers les réseaux sociaux, notamment Facebook, dont l’emprise sur les médias s’intensifie au fil du temps.