Cartes de crédit: à qui profitent les programmes de récompenses?
Par François Nadeau
Environ 90% des adultes canadiens possèderaient au moins une carte de crédit.
Selon la Banque du Canada, l’usage de ce type de carte serait en hausse, au détriment d’autres modes de paiement, dont la monnaie.
Les incitatifs offerts aux adhérents et utilisateurs feraient partie des raisons pour lesquelles les consommateurs utilisent la carte de crédit.
Et justement, ces dernières années, la compétition entre les institutions financières a entraîné une hausse de ces incitatifs. Voici deux exemples.
Chez BMO, la MasterCard World Elite offre 300$ de récompenses voyage dès l’adhésion, et 2$ par tranche de 100$ d’achats par la suite. En soustrayant les frais annuels de 150$, une famille qui dépenserait 25 000$ par an avec sa carte se retrouverait avec 650$ de retour dans ses poches la première année.
Chez Scotia, on mise plutôt sur une remise de 4% sur les achats en essence et en épicerie admissibles. Comptant parmi les deux plus gros postes de dépenses des familles, le retour peut, là aussi, être très intéressant.
Des joueurs qui s’ajustent
Ces derniers mois, au moins deux institutions financières ont dévoilé de nouvelles cartes.
D’abord Tangerine, qui offre maintenant une carte sans frais d’adhésion donnant jusqu’à 2% de remises en argent. Puis tout récemment, Desjardins a employé les grands moyens pour promouvoir deux nouveaux produits, les cartes Desjardins Remises MasterCard et Remise World Mastercard.
Cette dernière offre jusqu’à 2% de remises sur les achats, deux fois plus que le programme Bonidollars, déjà en place depuis plusieurs années.
La mainmise de Costco
En offrant ainsi un produit MasterCard, Desjardins peut ainsi être accepté chez le géant Costco. Là aussi, la compétition est féroce.
En 2014, le détaillant a mis fin à son entente de 15 ans avec AmericanExpress afin de s’associer à CapitalOne. Les deux joueurs offrent une carte comarquée. Ce dernière, promue de façon active dans toutes les succursales, entre elle-même en compétition avec les autres cartes acceptées à la caisse.
Qui finance les programmes de récompenses?
Si un programme est bonifié de 1%, qui absorbera cette hausse des remises aux clients?
Pour une transaction par carte de crédit, les marchands canadiens doivent absorber des sommes allant de 1,5% à 3% du montant payé. C’est beaucoup plus que les frais exigés ailleurs dans le monde pour ce type de transactions, et encore davantage que ceux demandés pour un paiement réalisé par carte de débit.
À noter aussi que c’est lorsque le paiement est fait via une carte de style Elite, offrant un généreux programme de récompenses, que les frais seraient les plus élevés.
Pour l’Association des détaillants en alimentation du Québec, cela revient à dire que ce sont les détaillants qui financent les programmes de récompenses.
Et si ces marchands décident de reporter une partie ou la totalité de la facture sur leurs clients, c’est alors l’ensemble des consommateurs, incluant ceux qui n’utilisent pas de carte de crédit, qui financent les programmes de récompenses.