Des robots pour répandre de fausses rumeurs sur le Web
Par François Nadeau
Malgré la pression, le candidat à la présidentielle américaine Donald Trump refuse toujours de dévoiler ses déclarations de revenus, une tradition pour tout aspirant potentiel à la présidence américaine.
Une rumeur circulant sur le Web voudrait que ce refus vise à cacher un don effectué par l’homme d’affaires à la North American Man-Boy Love Association. Une rumeur évidemment fausse, mais qui a toutefois fait beaucoup de chemin sur Internet, au point de figurer parmi les résultats de recherche les plus populaires, selon Google Trends.
À la base, cette affirmation était colportée par un petit programme informatique (ou robot – «bot», en anglais). Ainsi, sur Reddit, à chaque fois qu’un internaute abordait le sujet de la fameuse déclaration de revenus de Trump, cette rumeur apparaissait.
Pour les informaticiens ayant mis en place ce «bot», il s’agit d’une façon de faire goûter à Trump sa propre médecine, lui qu’on accuse de porter peu d’attention à l’aspect véridique de ses déclarations.
Et ce dernier programme n’est pas le seul dans son genre.
Au réputé MIT, on a mis en place un autre bot visant, par des procédés d’intelligence artificielle, à créer de toutes pièces des citations basées sur les vrais propos de Trump. Certains de ces messages ont plus de moins de sens, mais ils n’en sont pas moins partagés et commentés des dizaines, voire des centaines de fois selon l’occasion.
Distinguer le vrai du faux
Dans un long texte intitulé How technology disrupted the truth, Katharine Viner, journaliste au quotidien The Guardian, déplore le fait que le public et les médias accordent aujourd’hui moins d’importance à l’aspect véridique des informations qui circulent. Elle y dénonce notamment le fait que certains journalistes publient des histoires sans se soucier de la crédibilité de leurs sources. Elle critique aussi la culture du «clickbait», où toute histoire est bonne à publier, pour autant qu’elle puisse attirer les lecteurs.
À quel point Internet et les médias sociaux favorisent-ils la distorsion de certains faits et la propagation de mensonges? Était-ce vraiment mieux avant l’arrivée du Web, à l’époque où il n’était pas si facile de produire et de partager des nouvelles? C’est un excellent débat.
Pour en revenir à Trump et à ses robots, ils représentent à tout le moins un bon exemple d’une façon dont la technologie peut fausser la réalité. Ajoutons à cela les fausses rumeurs répandues de mauvaise foi, les sites et les blogues à la crédibilité douteuse ou encore les faux sites de nouvelles, et on se retrouve avec un environnement où il peut effectivement être difficile de distinguer le vrai du faux.