Le seuil de tolérance des téléspectateurs face à la pub semble baisser
Par François Nadeau
Vendredi dernier, lors des cérémonies d’ouverture des Jeux olympiques de Rio, Radio-Canada et RDS ont réussi à rallier près d’un million de téléspectateurs.
Malgré tout, plusieurs personnes se sont plaints du nombre élevé de publicités diffusées durant la cérémonie.
Radio-Canada a expliqué s’en être tenue à une moyenne de neuf minutes et demie de publicité par heure, et les avoir réparties de manière plus équilibrée que lors des Jeux de Sotchi. Sur plus de quatre heures de cérémonie, on parle donc d’environ 45 minutes de publicités.
Il n’y a pas qu’au Québec que le public a exprimé son mécontentement au sujet de l’abondance du contenu publicitaire présenté. Aux États-Unis, le diffuseur officiel des Jeux, NBC, a reçu le même genre de critiques.
Toutefois, dans le cas de nos voisins, il est intéressant de noter que, selon la firme Kantar Media, la cérémonie d’ouverture 2016 comportait 19% moins de pubs que celle présentée il y a quatre ans. En 2012, le temps total accordé à la publicité aurait été de 42 minutes, contre «seulement» 34 cette année – pour une cérémonie qui a duré 30 minutes de plus.
Dans ce cas, comment expliquer que les téléspectateurs soient si fâchés? À cette dernière question, vous avez peut-être déjà une réponse en tête: les habitudes de consommation changent. C’est du moins l’hypothèse des dirigeants de NBC Universal’s.
Effectivement, entre les Jeux de Londres et ceux de Rio, le nombre d’abonnés à Netflix à quasiment triplé, et cela sans compter les abonnements à des services concurrents dont Hulu ou Amazon Video, ni le nombre croissant de foyers possédant un enregistreur numérique.
Parallèlement, les plateformes mobiles sont de plus en plus populaires chez les amateurs de sports olympiques.
Pourtant, le sport semble être le dernier bastion de l’écoute en direct à la télé traditionnelle. Et d’ailleurs, lors du Super Bowl, une grande proportion de spectateurs se trouve devant l’écran spécifiquement pour les pubs. Peut-être est-ce le fait que NBC ait présenté la cérémonie avec un délai de 60 minutes, ou parce que celle-ci ne présente ni le même suspense ni des publicités d’aussi bonne qualité, que les téléspectateurs sont moins tolérants.Â
Peu importe les raisons, les organisateurs et diffuseurs des Jeux devront se pencher sérieusement sur la question. Si, au Québec, la cote d’écoute ne semble pas avoir été affectée par le niveau de publicité, il en est autrement pour NBC. En effet, le diffuseur pourrait avoir obtenu ses plus basses cotes d’écoute depuis les Jeux de 1992, décevant ainsi ses annonceurs qui ont dépensé un total de 1,2 milliard en pub, un record pour des Jeux.