Acquisition de talents: de l’importance de l’humain
Les ressources humaines sont devenues, avec le temps, les «RH». Cet acronyme, s’il est désormais ancré dans le vocabulaire de tout un chacun, ne met pourtant pas suffisamment l’accent sur ce qui constitue le coeur de l’entreprise: l’humain. C’est ce qu’ont souhaité rappeler les 4 intervenants de la conférence organisée, le 23 septembre dernier, par Illico Hodes: en acquisition de talents, l’humain est ce qui compte. Â
La conférence organisée par Illico Hodes (agence conseil spécialisée en marketing employeur) a débuté avec un impressionnant spectacle de contorsionniste. Une façon imagée d’illustrer l’équilibre à trouver, en entreprise, entre performance et humanité.
«Les autres» sont importants pour performer
Selon Geneviève Fortier, Vice-présidente principale, ressources humaines et affaires publiques chez McKesson Canada, il est impossible de réussir sans considérer le facteur humain.
Réussir, pour moi, c’est obtenir les résultats attendus, ressentir que l’on a fait la différence en donnant le meilleur de soi-même, mais c’est aussi avoir la conviction d’avoir stimulé les autres à faire de même», explique-t-elle.Â
«Les autres». Ce sont eux qui sont importants. Un bon leader, qui souhaite gérer ses troupes avec humanité, doit prendre le temps de connecter avec ses équipes: en créant une relation avec eux, il leur donnera envie de performer.
D’ailleurs, ainsi que le souligne Mme Fortier, avec la prochaine génération d’employés, il sera impossible d’échapper à cette humanité: les futures recrues attachent en effet une importance toute particulière au fait d’être reconnues pour ce qu’elles sont, en tant qu’individus, et non plus seulement pour ce qu’elles font au sein de l’entreprise.
Les gens ont besoin d’être reconnus, c’est ce qui les pousse à donner plus. Célébrer ses talents, c’est à la fois faire preuve d’humanité et encourager la performance: pourquoi s’en passer?», souligne Geneviève Fortier.Â
Être généreux, à l’écoute et confiant
Ainsi, pour développer des partenariats solides et un engagement continu, Mme Fortier conseille de faire preuve de générosité. Ne pas compter ses efforts, mettre toutes les ressources à disposition de ses partenaires, être généreux dans ses commentaires positifs… La clé de l’équilibre entre humanité et performance se trouverait là .
Une notion que partage totalement Danièle Henkel, fondatrice des entreprises éponymes et dragonne pour l’émission L’Oeil du Dragon.
Gérer l’humain, c’est un art, et c’est aussi la chose la plus difficile qui soit. Pourquoi? Parce que personne n’est pareil. En ressources humaines, on est obligé d’être à l’écoute, d’être connecté aux autres mais aussi à soi-même», déclare-t-elle.Â
Excellente oratrice, Mme Henkel a rappelé lors de son intervention à quel point il est nécessaire d’avoir confiance en soi, en son potentiel et en son intuition pour faire face aux changements perpétuels du monde qui nous entoure. En assumant ses choix, en prenant la responsabilité de ses actes, on favorise la performance.
La peur de l’échec et du jugement nous paralyse. Or nous ne devons jamais oublier que nous sommes des êtres humains capables de tout!», s’exclame-t-elle.Â
Danièle Henkel insiste également sur le fait qu’en entreprise, nous sommes tous sur un même bateau, et qu’un «matelot qui ne va pas bien peut faire couler toute l’embarcation si on n’y prête pas attention». En d’autres termes, créer du lien, communiquer, bref, ramener de l’humain dans les relations de travail, est bénéfique pour l’ensemble de l’entreprise.
Prendre soin de chaque personne impliquée dans le processus de recrutement
Le bienfondé de cette théorie, Rémi Tremblay, Président de la Maison des Leaders, en est convaincu. Pour lui, être un meilleur leader passe d’abord par être un meilleur humain, bienveillant et aimant.
Nous devons apprendre à nous accueillir tels que nous sommes, et à accueillir l’autre tel qu’il est. Ce n’est qu’ainsi, sans jugement, qu’il sera possible de prendre soin de chaque individu qui participe au processus de recrutement: le candidat, le recruteur, le leader qui embauche, etc», explique-t-il.Â
Selon M. Tremblay, il est également essentiel de s’en remettre à son intention première: non, une entreprise n’existe pas uniquement pour faire de l’argent. Elle est là pour répondre à un besoin, pour avoir un impact sur la vie des autres.
Le salaire n’est pas une motivation de qualité
La question de l’argent a également été abordée par Jacques Forest, Professeur-chercheur, psychologue organisationnel et conseiller en ressources humaines agréé. Depuis 1955, les chercheurs posent une même question aux employés: si vous aviez suffisamment d’argent pour vivre confortablement jusqu’à la fin de votre vie, continueriez-vous à travailler? Présentement, 76,3% des jeunes travailleurs répondent par l’affirmative.
Interrogés sur leurs motivations au travail, les employés évoquent en premier lieu le bien-être et la reconnaissance de leurs compétences. Le salaire? Il n’arrive qu’en 4e position. Mais lorsque l’on demande aux employeurs ce qu’ils pensent être le plus motivant pour leurs salariés, ils placent les revenus, la sécurité de l’emploi et les avantages sociaux en premier: un décalage flagrant, qu’il est nécessaire de corriger.
Il y a 4 grandes motivations à toute activité humaine. Avoir du plaisir à faire sa job, et y trouver du sens sont les meilleurs catalyseurs de performance, car ils ont des conséquences positives pour soi et pour les autres. Mais il y a aussi la motivation par l’égo ou encore les récompenses. Ces deux types de motivations là nous poussent à l’action, certes, mais leur efficacité est de courte durée et leurs conséquences négatives», explique Jacques Forest.Â
Il indique également que pour avoir un rapport sain à l’argent, de nombreuses études prouvent qu’il faut le «tourner vers les autres»: en injectant du social dans l’économique, on augmente le rendement. Ainsi, les programmes de bonus, par exemple, ne sont pas idéaux puisqu’ils jouent sur les types de motivation aux conséquences négatives: l’orgueil et la recherche de récompense.
En conclusion de cet après-midi riche d’enseignements, l’on retiendra une citation de Confucius que Jacques Forest a rappelé à son auditoire: «la personne qui prend plaisir à travailler ne travaillera plus jamais». Tout est dit!