Marketing : épicerie en ligne, défis et opportunités
Par François Nadeau
Lors d’une récente conférence, Éric La Flèche, président et chef de la direction de Metro, a affirmé que l’achat de produits d’épicerie en ligne était pour l’instant «minimal». Même si le jour où une majorité de consommateurs feront leur épicerie en ligne semble encore loin, de plus en plus d’options sont offertes à ceux qui désirent faire l’achat de leurs aliments dans le confort de leur foyer.
Aux États-Unis, Amazon Fresh, qui pourrait bientôt subir la concurrence de Wal-Mart, continue de prendre de l’expansion. Ailleurs dans le monde, d’autres solutions comme Tesco sont bien établies. Plus près de chez nous, IGA offre aussi à ses clients d’acheter en ligne.
Plus d’un modèle possible
En Corée du Sud, Homeplus a mis en place une véritable épicerie virtuelle à même une station de métro. Des murs remplis d’images de produits accompagnés de codes QR y sont installés. Les voyageurs peuvent s’y arrêter pour faire leurs achats à l’aide de leur appareil intelligent. Ce modèle n’est toutefois pas commun. La commande réalisée en ligne, livrée à la maison ou récupérée en épicerie est plus courante.
Pour les épiciers, la livraison à domicile demande toutefois davantage d’efforts logistiques et d’investissements. Il faut d’abord s’assurer d’offrir le maximum de flexibilité dans la livraison, en plus de posséder l’équipement nécessaire (camions réfrigérés) pour livrer certaines denrées. Dans plusieurs grandes villes asiatiques, la forte densité de population et les faibles coûts de main-d’Å“uvre favorisent la rentabilité de la livraison à domicile. C’est d’ailleurs sur ce continent que l’épicerie en ligne est la plus populaire.
De nombreux freins à l’adoption
Les services bancaires en ligne sont de plus en plus répandus. Dans ce cas, réaliser ses transactions à distance est habituellement moins coûteux, plus rapide et flexible que de se déplacer à la banque. De plus, l’expérience en succursale n’est pas nécessairement prisée par les clients.
C’est tout le contraire pour les achats d’épicerie en ligne. D’abord, l’expérience en point de vente reste agréable pour une majorité de gens, qui peuvent y voir, sentir et toucher les produits avant d’en faire l’achat. Les denrées périssables sont d’ailleurs celles qui ont le moins la cote en ligne.
La flexibilité est aussi un enjeu. L’achat de produits alimentaires n’est pas toujours un acte planifié. Pour les achats de dernière minute, il vaut encore mieux se déplacer.
Finalement, il n’est pas dit que l’achat en ligne permette d’économiser de l’argent, ni du temps. Surtout si on se déplace pour récupérer sa commande.
L’épicerie en ligne : opportunités et défis pour les entreprises
Comme c’est le cas pour le commerce électronique en général, l’épicerie en ligne amène son lot de défis et d’opportunités pour les entreprises.
Chez les détaillants, il faudra s’assurer d’offrir une réelle valeur ajoutée à ceux qui choisiront d’acheter en ligne. Mais encore faut-il qu’il existe un gain réel à investir dans de tels services. Ici, la question de la cannibalisation se pose. Si le client qu’on gagne en ligne est un client qu’on perd en épicerie, à quoi bon investir?
À l’inverse, le danger de ne pas innover est celui de perdre des clients au profit d’une concurrence plus innovante. Selon la firme McKinsey, qui a étudié l’achat alimentaire en ligne en Europe, plusieurs consommateurs seraient davantage tentés de changer d’épicier lorsqu’ils passent de l’achat en magasin à l’achat en ligne. Et une fois ceux-ci accoutumés à l’expérience d’achat en ligne d’une autre bannière, il pourrait être très difficile d’aller les récupérer.