Bilan Web et réseau sociaux 2024 : un joyeux cocktail de spontanéité humaine, d’IA et de décentralisation
17 décembre 2024
L’IA générative a beau avoir dominé l’actualité tout au long de l’année, il est rassurant de voir qu’une importante tendance citée par les professionnels du Web est le retour de la spontanéité sur les médias sociaux. Retour sur 4 tendances Web qui ont marqué l’année 2024.
1. Retour de l’authenticité
Selon We are social, les médias sociaux seraient redevenus des « lieux d’évasion et de lâcher-prise ». Selon leur rapport, 60 % des experts marketing auraient «pris des risques » dans leur campagne numérique en 2024, avec des résultats « positifs » ou « neutres » dans 98% des cas. Comme, de fait, plusieurs campagnes virales se sont démarquées par leur irrévérence (Brat Summer) ou leur autodérision (Very demure, very mindfull) – tel qu’expliqué dans l’article Comprendre les codes du Web, publié plus tôt cette année.
Le Québec n’échappe pas à la tendance. Jonathan Thibault, consultant en communication numérique au OXIA Studio, note un retour de la spontanéité sur les médias sociaux, jusque dans son coin de pays.
Un concessionnaire Hyundai du Saguenay a dans son équipe un « influenceur » qui crée du contenu frivole assumé sur TikTok. Chaussures Morin, un petit magasin d’un arrondissement de Saguenay qui a fait exploser ses ventes avec des directs Facebook pendant la pandémie, produit aujourd’hui du contenu simple, mais vrai, sans artifices. Ou encore, à La Commère magasin général, qui a une approche assurément réfléchie, mais très authentique. Ils n’ont pas cherché à faire comme les autres, ils sont embarqués sur les réseaux comme ils pensaient qu’il fallait que ce soit fait. »
2. La montée de « l’anti-influence »
Assurément, la spontanéité va de pair avec l’authenticité. Rachelle Houde Simard, stratège numérique, note une sous-tendance qu’elle appelle « l’anti-influence ». De quoi s’agit-il?
Les contenus axés sur un besoin de connexion humaine et de curiosité, précise-t-elle. Je vois une montée de contenu sceptique qui dévoile les tactiques de marketing derrière les marques et les influenceurs. La demande de transparence sur les contenus commandités. Les minimalistes. Les stratèges marketing qui deviennent viraux pour leurs partages ‘behind the scenes’ pour éduquer les jeunes sur leur pensée critique. »
Cette stratégie de contenu, explique-t-elle, oblige les marques à mieux comprendre leur rôle dans leurs communautés, afin de savoir comment y contribuer de façon pertinente et crédible.
3. La décentralisation des médias sociaux
Si les années passent, certains problèmes persistent. La réflexion sur le médium en lui-même des médias sociaux – leur propriété et leur fonctionnement – a continué d’alimenter les tribunes. La Nouvelle place demeure toujours active (à travers rencontre sectorielle et mémoire), avec l’ambition de lancer un média social québécois d’ici 2026.
Au lendemain de l’élection, les infatigables Internautes qui croient toujours à une discussion publique virtuelle se sont réfugiés vers Bluesky, qui a visiblement la cote en se moment au Québec.    Â
Les journalistes ont enfin bougé de X, confirme Roxane Nadeau, stratège de communications numériques. On assiste à une guerre des plateformes de microblogging. Les échappés de X (anciennement Twitter) ont l’embarras du choix entre Threads de Meta, BlueSky pensé par l’ancien propriétaire de Twitter, et Mastodon qui offre une option ouverte. »
Nous devrons attendre 2025 pour voir quelles plateformes s’imposent dans l’imaginaire collectif. Et seulement là , nous saurons si une conversation virtuelle, publique et démocratique est toujours possible.
4. L’IA, de l’exploration aux applications concrètes
Dernière tendance, mais non la moindre: l’IA générative. Cette technologie disruptive commence à remplir ses promesses, apprend-on.
C’est devenu beaucoup plus tangible au niveau de l’utilisation, annonce Maude Lavoie, consultante numérique. En 2022-2023, j’ai l’impression que nous étions dans le mode de ‘jouer avec’ plutôt que de ‘travailler avec’. Maintenant, de plus en plus d’outils utilisés au quotidien nous proposent l’IA directement intégré. »
La consultante admet s’en servir pour plusieurs facettes de son travail : s’aider dans la rédaction de billets de blogue, analyser des données, repérer des tendances, puis analyser, optimiser ou déboguer du code. De plus, Maude Lavoie constate qu’il y a une demande chez ses clients pour mieux comprendre cette technologie :
Je travaille avec des entreprises qui vendent en ligne avec Shopify et je leur montre comment utiliser ChatGPT pour améliorer leurs fiches de produits, SEO, blogue, etc. »
À la lumière de ce bilan 2024, on constate que les créateurs de contenu n’ont pas cédé à la tentation de produire du contenu automatisé, produit à la chaîne avec ChatGPT. Ils ont plutôt opté pour une approche de création humaine, spontanée et authentique. Bien joué!