Comment apprendre la créativité ? Les réponses d’Hélène Godin de la Factry
Par Kévin Deniau
23 novembre 2018
Pour Hélène Godin, à l’origine de l’école la Factry, la créativité est un muscle qui se développe et s’entretient. Elle nous explique comment dans cette entrevue.Â
Il y a quelques semaines, nous vous avions fait découvrir les coulisses d’une école unique en son genre au Québec car entièrement dédiée à la créativité : la Factry.
Le sujet nous a tellement enthousiasmé que nous avons décidé d’aller plus loin aujourd’hui en interrogeant Hélène Godin, la responsable de la création et des programmes pédagogiques de la Factry, sur justement les moyens d’apprendre la créativité. Voici ses conseils.
Vous avez créé la Factry car, pour vous, la créativité, cela s’apprend. Pourriez-vous nous en dire plus ?
Hélène Godin : Oui, la créativité, cela s’apprend. Plus précisément, cela se développe et cela se pratique. C’est comme aller au gym : tu ne peux pas te remettre en forme en n’y allant qu’une seule fois. La créativité est un muscle et il faut sans cesse y revenir pour s’outiller. Et souvent arriver aussi à prendre du recul pour y arriver.
Cela s’apprend… mais pas n’importe où ni n’importe comment ! Cela demande en effet un contexte qui va favoriser l’éclosion de cette créativité et c’est ce que nous essayons de proposer à la Factry.
Comment faites-vous concrètement ?
H. G. : On nous appelle souvent les « maîtres of not knowing », ceux qui n’ont pas les réponses. Il faut savoir que lors d’un processus créatif, par définition, on ne connaît pas d’avance la réponse que l’on cherche. C’est justement grâce à ce processus que l’on va y arriver.
Notre rôle est de mettre en place le contexte. Nous n’avons pas de professeurs à la Factry mais des maîtres d’atelier. Ce sont eux qui vont offrir le contexte pour faire émerger des idées. On va créer des espaces de réflexion, on va donner des outils de brainstorming ou de feedback, pour que la réflexion puisse être orientée. On donne ainsi des outils qui vont pousser à aller plus loin mais pas de réponse.
Peut-on s’exercer chez soi ?
H. G. : Oui. En fait, il faut bien comprendre que développer sa créativité, c’est parfois juste prendre du recul ! Prendre le temps d’écumer ce qui se passe autour de nous. Par exemple, prendre un chemin différent pour aller au bureau. La créativité, c’est de l’ouverture. Il faut être sensible à ce qui se passe autour de nous.
Le problème que nous avons tous, c’est que nous sommes piégés par le temps. Il nous force à être dans l’action, au détriment de la réflexion. Et donc on bascule dans un mode de paresse mentale où l’on ne prend plus le temps d’observer, de se questionner…
C’est la raison pour laquelle, à la Factry, on ne sait jamais comment on va être dans le cours. Assis, debout, avec quelle équipe, quelle place. On essaie d’obliger les apprenants à penser différemment. Cela paraît anodin mais juste le fait de changer de stylo parfois peut changer sa façon de réfléchir.
Est-ce que tout le monde peut développer des compétences créatives ?
H. G. : C’est en effet une idée que l’on entend souvent : certaines personnes sont plus créatives que d’autres. D’abord, ce n’est pas un talent inné, comme je le disais auparavant. Bien entendu, des gens ont plus de talent que d’autres. Mais, ici, on parle plus de développer une posture créative. Et ça, cela appartient à tous.
Après, il faut aussi noter que, dans une équipe créative, tu as besoin de toutes sortes de profils. On dit souvent que des personnes plus cadrées sont moins créatives. Ce n’est pas vrai, elles ont aussi leur place dans un processus créatif.
Si on a que des gens qui ont des idées folles mais que personne n’est capable d’organiser le terrain, on n’est pas plus avancé. Il faut avoir une compréhension commune de notre capacité créative et savoir ce que l’on peut apporter dans une équipe.
Leadership créatif, Implanter une culture data, Trouver son X… les cours proposés sont très divers à la Factry. Y a-t-il un lien qui les relie ?
H. G. : Le lien, c’est le monde qui est en transformation ! Le leadership ne se pratique plus comme il se pratiquait avant. Aujourd’hui, nous sommes plus dans un mode transversal et de co-création. Il faut donc apprendre à travailler autrement. Et nous, on s’intéresse à tout ce qui change justement.
On voit beaucoup de jeunes qui veulent développer des compétences créatives parce qu’ils comprennent que c’est important pour faire face aux enjeux du XXIe siècle. La compétence clé pour aborder tous ces changements, c’est en effet la créativité !
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