Des données mobiles gratuites qui sèment le mécontentement
Par François Nadeau
Depuis la fin du  mois d’août, les abonnés de Vidéotron Mobile peuvent écouter de la musique en continu (streaming) sans diminuer la quantité de données disponibles dans leur forfait.
Cette offre s’applique pour une série d’applications, dont Spotify et Google Music. De façon générale, une des lacunes du téléchargement en continu est effectivement la voracité avec laquelle il gruge de la donnée mobile.
À première vue, des partenariats du genre ne sont que positifs, à la fois pour le client, le fournisseur de service mobile et le site de musique en continu. Pourtant, ils suscitent la grogne de plusieurs et obligent les autorités gouvernementales à légiférer.
Le principe de la neutralité du net
Aux États-Unis comme au Canada, les entreprises de téléphonie ayant mis de l’avant des offres semblables à celle de Vidéotron se sont heurtées aux partisans de la neutralité du net. Ce principe garantie l’égalité de traitement de tous flux de données (en termes de vitesse de téléchargement par exemple) quel que soit la source ou le contenu.
Suivant ce principe, considérer différemment les données utilisées selon l’application d’où elles proviennent peut être vu comme un manque de neutralité.
À cet égard, T-Mobile a déjà reçu des blâmes du côté des États-Unis. Le CRTC a aussi sévi contre Bell et Vidéotron dans une cause similaire en début d’année. Il leur a en effet interdit de traiter différemment, selon la source, les données utilisées pour visionner du contenu vidéo sur mobile. Quant au service Musique illimitée de Vidéotron, l’organisme de réglementation ne s’est pas encore prononcé.
Dans quelques années, alors que la 5G permettra de télécharger des films HD en quelques secondes, le coût relativement élevé de la donnée mobile risque d’être un frein encore plus important au téléchargement mobile. Des partenariats comme ceux mis de l’avant par Vidéotron et T-Mobile semblent donc une option intéressante pour le consommateur.
En contrepartie, qu’arriverait-il si Vidéotron favorisait le contenu vidéo produit par TVA, en l’excluant de ses forfaits de données, ou encore en limitant la vitesse de téléchargement des contenus concurrents?
Le débat est intéressant et risque d’alimenter plusieurs discussions au cours des années à venir. À cet effet, pour faire la promotion de son nouveau service, Vidéotron a envoyé un message texte à ses abonnés mobiles.
Dans ce cas, l’entreprise s’est donné un privilège qu’elle n’accorderait probablement pas à d’autres organisations. Est-ce aussi un manque de neutralité?