Faire rayonner la créativité québécoise: un indispensable pour la survie de l’industrie
Quatre experts de l’industrie québécoise de la communication marketing commentent les résultats de l’étude économique de l’Association des agences de communication créative A2C.
Plus de 300 personnes ont assisté, mardi matin, au dévoilement des résultats d’une étude menée par l’Association des agences de communication créative (A2C), visant à faire état de la réalité de l’industrie de la communication marketing au Québec.
Après que Dominique Villeuneuve, la directrice générale de l’A2C, ait exposé les faits saillants de cette enquête (que vous retrouverez dans le communiqué officiel), un panel d’experts s’est réuni autour de Michel Leblanc, président et chef de la direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, pour analyser ses résultats:
- Alain Tadros, Président de Publicis Montréal et Président du conseil A2C;
- Frank Kollmar, Président-directeur général de L’Oréal Canada;
- Guy Crevier, Président et éditeur de La Presse;
- Richard Speer, Président d’Attraction Média et Membre de l’AQPFP (Association québécoise des producteurs de films publicitaires, qui a collaboré à cette vaste étude).
Pas de solution unique
Aucun des panélistes n’est surpris des conclusions de l’étude: tous savent bien que la mondialisation est inévitable, et qu’elle est accélérée par la technologie. Cependant, ils n’en restent pas moins préoccupés par la situation.
Selon eux, la solution est plurielle: elle passe par de la créativité, bien sûr, mais pas que.
Concentration des talents, développement d’expertises et compétition aux niveaux national et international: voilà sur quoi les entreprises québécoises de l’industrie de la communication et du marketing ont à porter leurs efforts.
Notre industrie participe grandement à l’essor économique du Québec, et pourtant, on en parle beaucoup moins que de l’aérospatial, par exemple. C’est un manque que nous devons absolument combler. Je suis très inquiet par la perte de comptes au profit de l’Ontario: 9 millions de perte de revenus, ce sont 100 emplois qui disparaissent! Nous devons nous battre pour les comptes nationaux et ne pas être gênés d’entrer en compétition avec le reste du pays», affirme Alain Tadros.
Cultiver l’excellent bassin créatif montréalais, attirer et conserver les talents d’ici (et d’ailleurs!) fait aussi partie des indispensables pour sauver l’industrie.
Investir plus amplement dans la formation apparaît également une évidence, comme le souligne Dominique Villeneuve:
65% des métiers de la prochaine décennie n’existe pas encore! Cette mutation de notre industrie nécessite de plus amples investissements en formation – qui sont, présentement, seulement de l’ordre de 1%», affirme-t-elle.
Voir grand
On est beaucoup trop bons pour ne s’en tenir qu’au Québec!», s’exclame Alain Tadros.
Pour lui comme pour ses trois confrères, l’avenir de l’industrie québécoise de la communication et du marketing ne sera pas 100% québécois.
S’il est évidemment essentiel de conserver une agilité locale afin de fournir une réponse adaptée aux besoins spécifiques des consommateurs québécois, les entreprises doivent impérativement s’ouvrir vers l’extérieur, ne pas se cacher et montrer au monde la qualité de l’industrie créative du Québec.
N’oublions pas non plus que le taux de change représente un allié pour exporter nos idées. L’argent compte aussi dans les décisions d’affaires: il faut démontrer la qualité de nos créatifs tout en proposant un tarif avantageux», souligne Richard Speer.
Alain Tadros évoque également la création de centres d’excellence, basés au Québec, mais capables de travailler à un niveau international: pour accéder à des marchés extérieurs comme la Chine, par exemple, où la langue peut être une barrière, de tels centres spécialisés peuvent représenter une bonne alternative.
Une chose est sûre, l’industrie québécoise de la communication marketing n’a rien à envier à ses voisins. Ses acteurs ne doivent plus hésiter montrer au monde la grande qualité de leur travail, et l’effervescence de leurs idées.
Le numérique entraîne de grands changements dans leur façon de fonctionner, mais il faut les considérer comme de formidables opportunités à saisir, et franchir le pas du changement de modèle pour s’adapter avec succès à cet environnement en mutation.
Il faut voir cela comme la ruée vers l’or, un monde d’opportunités», conclut Guy Crevier.
Photo: compte Twitter de l’A2C @A2C_Quebec / De gauche à droite: Michel Leblanc, Alain Tadros, Frank Kollmar, Richard Speer et Guy Crevier.