Femmes de l’industrie: rencontre avec Vicky Boudreau, co-fondatrice de BICOM
Ce mois-ci Isarta Infos rencontre Vicky Boudreau, la directrice générale et co-fondatrice de l’agence de relations publiques BICOM Communications. Femme d’action exigeante et fonceuse, Vicky nous parle de son parcours et de son métier qui la passionne.
BICOM Communications aura 10 ans au mois de mai: racontez-nous comment vous en êtes devenue la co-fondatrice.
Vicky Boudreau: je viens d’un petit village sur la côte nord. Mon père était capitaine de bateau, à la tête de son entreprise de pêche. Je pense que c’est de lui que je tiens mon esprit entrepreneur! Quant à ma mère, elle était enseignante de français: elle m’a sûrement transmis son amour des mots. À 17 ans, je suis partie en Italie le temps d’un échange étudiant, ce qui m’a rendue autonome et responsable assez tôt.
De retour à Montréal, j’ai étudié le design de mode au Collège Lasalle avant de m’orienter vers le marketing de mode, à l’École supérieure de mode de Montréal. C’est lors d’un stage que j’ai rencontré Marie-Noelle Hamelin, mon associée: elle était en partie propriétaire de l’entreprise, qu’elle a quittée pour monter BICOM. Je l’ai rejoint quelques semaines plus tard pour en devenir la directrice générale et co-fondatrice.
Avez-vous toujours eu envie d’être à la tête de votre propre affaire?
Vicky Boudreau: d’aussi loin que je me souvienne, oui! Enfant, je vendais mes jouets au parc, je faisais des expositions de dessins et je demandais à mes amis de payer pour y assister… Très tôt, j’ai fait du gardiennage, et j’ai été serveuse dès l’âge de 14 ans. J’ai toujours eu un intérêt très prononcé pour le travail, bien que ma famille ne soit pas dans le besoin.
Je me souviens aussi que je lisais religieusement Les Affaires, auxquelles mon père était abonné: je ne comprenais rien à 90% du contenu, mais j’aimais lire ce journal! J’adorais aussi quand mon père, faute de gardienne, m’amenait avec lui pour négocier les prix des poissons avec le patron de l’usine. J’aimais être là , assise dans le bureau, à écouter leurs discussions.
Pensez-vous qu’il soit indispensable d’avoir cette fibre en soi pour réussir une carrière de patron?
Vicky Boudreau: je pense que ça prend un certain type de personnalité. On fait beaucoup l’éloge de l’entrepreneuriat, on présente ça comme un conte de fée alors que c’est loin d’être toujours évident! Ce qui fait toute la différence, c’est d’aimer tellement ce que l’on fait que l’on sera capable de passer au-dessus de toutes les difficultés. En ce qui me concerne, j’ai la chance d’avoir trouvé en Marie-Noelle la meilleure personne avec qui m’associer, car nos forces se complètent.
Quelles qualités faut-il pour occuper votre poste?
Vicky Boudreau: je suis en charge du développement des affaires. Mon quotidien, c’est à 50% du travail de stratégie et de mise en place d’offres de services, et à 50% des rencontres avec des gens dans toutes sortes de milieux pour obtenir de nouveaux contacts qui seront utiles à l’agence ou à nos clients. C’est vraiment la partie que je préfère! Je pense donc qu’il est indispensable pour moi d’être authentique: si je commence à jouer un rôle devant tous ces gens, à un certain point ça paraîtra.
L’autre qualité essentielle à ma fonction est la curiosité. Je suis à l’affût de tout ce qui se passe, notamment sur Instagram, je regarde ce qui se fait dans tous les secteurs, les dernières tendances. Tout devient une source d’inspiration. Je pense qu’il faut également aimer les gens, car le coeur de notre métier, ce sont les relations – avec les clients, les journalistes… Enfin, je dirais qu’il faut beaucoup d’énergie car notre horaire est atypique, les journées sont longues et on se déplace beaucoup.
Comment conciliez-vous cet horaire atypique et votre vie de famille?Â
Vicky Boudreau: c’est une question d’organisation, qui revient à chaque semaine! Mon associée et moi sommes des filles très organisées, à la base, ce qui nous aide beaucoup. Mais le plus dur, quand on est jeune maman, c’est d’enchaîner les nuits courtes avec la journée de travail: là , c’est physiquement que ça devient difficile! La seule chose que j’ai compris un peu tard, c’est de ne pas être gêné de demander de l’aide autour de soi: il y a plus de gens qu’on ne le pense qui n’attendent que ça!
Trouvez-vous qu’il est plus difficile pour une femme d’entrer en affaires, encore aujourd’hui?Â
Vicky Boudreau: j’ai toujours eu un sentiment mitigé à ce propos. En s’étiquetant «femmes d’affaires», je trouve que c’est comme si on ne se laissait pas la chance d’être simplement des «gens d’affaires». Dans un monde idéal, ça devrait juste être normal et banal que l’on soit juste des «gens d’affaires». Mais je sais aussi que je dis ça parce que dans mon milieu, il y a beaucoup de femmes qui occupent des postes à responsabilités. J’ai rencontré beaucoup de femmes dans d’autres industries, en TI ou dans les cabinets d’avocats par exemple, et leur réalité est bien différente de la mienne.
Que préférez-vous dans votre métier? Et à l’inverse, y-a-t-il quelque chose que vous aimez moins?Â
Vicky Boudreau: j’aime le fait qu’il n’y ait pas de routine. On travaille sur des comptes différents, dans des domaines différents, avec des gens différents. J’aime aussi de ne jamais pouvoir me contenter de la situation: quand ça va très bien, il faut toujours penser à la suite.
Ce que j’aime moins, c’est vraiment l’aspect administratif. Ce n’est pas du tout ma force, mais c’est celle de mon associée, qui, heureusement pour moi, s’en charge en (très) grande partie! Je ne m’occupe pas non plus du volet RH: je suis un peu intransigeante, disons que tout va bien jusqu’à ce que ça n’aille plus! [rires]. Cela dit, depuis que je suis maman, je me suis adoucie, je mets les choses davantage en perspective.
Quel regard portez sur votre carrière, à date?Â
Vicky Boudreau: ça sonne cliché, mais quand j’étais enfant et que l’on se rendait à la ville la plus proche, je pensais que les lumières de l’usine étaient celles de New York. Je disais à ma mère que j’y habiterai un jour. Aujourd’hui, je suis proche du but, et je suis contente de ne jamais avoir arrêté de rêver! Contente aussi de ne pas avoir hésité à passer en mode action: trop de gens gardent leurs bonnes idées pour eux, or il faut savoir saisir les opportunités qui s’offrent à nous et créer sa chance.