La Chine continue à polluer et l’Occident pollue la Chine Reviewed by La Rédaction on . Le 5 janvier 2010 Des Chinois vivent mieux grâce à nos déchets électroniques Pour les 200 000 habitants de Guiyu, ville de fermiers et de pêcheurs dans la plus Le 5 janvier 2010 Des Chinois vivent mieux grâce à nos déchets électroniques Pour les 200 000 habitants de Guiyu, ville de fermiers et de pêcheurs dans la plus Rating:

La Chine continue à polluer et l’Occident pollue la Chine

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Le 5 janvier 2010

Des Chinois vivent mieux grâce à nos déchets électroniques
Pour les 200 000 habitants de Guiyu, ville de fermiers et de pêcheurs dans la plus riche province de Chine, les tonnes de produits électroniques qu’elle reçoit depuis une dizaine d’années et qui proviennent des ordures électroniques de l’Occident, sont une mine d’or pour eux.

Parmi ceux-ci, un jeune Chinois de 18 ans est déjà un entrepreneur florissant ; avec trois employés sous sa supervision, il gagne plus que le double du salaire minimum des travailleurs de Shenzhen, une des villes chinoises qui affichent le niveau de vie le plus élevé.

Grosso modo, son travail consiste à acheter des sacs de produits électroniques concassés, de séparer les matériaux et de les vendre à ses clients, des représentants de manufactures. Rien de plus simple, par conséquent, il est tentant de vouloir partir sa petite « business » de déchets électroniques.

Or, avant d’en arriver à ce point, il y a tout un processus impossible à contourner, un travail des plus toxiques qui ne fait que détériorer son état de santé jour après jour et il en est tout à fait conscient. Dans un premier temps, notre jeune Chinois doit se rendre à toutes les semaines au port où arrivent les déchets en question afin de mettre la main sur quelques sacs qu’il ramène chez lui. Par la suite, avec ses trois employés, il travaille de 8 à 10 heures par jour, 7 jours sur 7 afin de décortiquer ces produits. Sandales aux pieds, sans aucun vêtement protecteur, ils séparent les différents matériaux trouvés dans les gadgets électroniques notamment, du cuivre, de l’aluminium, de l’acier, du plastique, des circuits électroniques, etc. Lorsqu’il ne reconnaît pas un matériau, il le brûle et parvient à identifier les composantes en inhalant les vapeurs qui se dégagent. La cigarette a dorénavant de la compétition en matière de cancers de poumons et pourtant les gouvernements ne semblent pas trop s’en préoccuper ; après tout, ce ne sont que des Chinois ! Une chance que nous avons eu la chance d’en acheter quelques-uns étant jeune, certains sont sûrement sauvé par notre bonne action !

Des résultats d’analyses terrifiants
Selon Greenpeace, les produits électroniques recyclés contiennent des substances toxiques comme du mercure, du plomb, du béryllium, du cadmium et d’autres métaux lourds. Tous ces produits représentent un sérieux danger pour la santé des travailleurs et pour l’environnement. De plus, un rapport produit en 2002 portant sur la situation à Guiyu, révèle que ces sacs proviennent principalement des États-Unis, mais aussi du Canada et de l’Europe.

En janvier 2008, la rivière Lianjiang près de Guiyu, était déjà contaminé à cause des amoncellements de déchets électroniques qui sont déposés à proximité ou dans des entrepôts à ciel ouvert en plus de l’eau de la ville qui n’est plus potable. En 2001, une analyse effectuée révèle une concentration de plomb dans l’eau 190 fois plus élevée que la norme établie par l’Organisation mondiale de la santé.

En plus de ces analyses environnementales, 80 % des enfants âgés de un à six ans et habitant Guiyu ont un taux inquiétant de plomb dans le sang[ii].

Greenpeace Chine dénonce l’exportation de ces produits électroniques dans les pays en voie de développement et demande aux pays de l’OCDE de respecter la Convention de Bâle, ce traité international qui, depuis 1989, régit l’exportation de déchets toxiques.
Suite à cette dénonciation, les États-Unis ne l’ont toujours pas ratifié et pour certains pays, ces produits électroniques ne sont pas des déchets toxiques. Wow ! Quelle perception !

De plus, à côté du lieu de travail de notre jeune entrepreneur Chinois, une dame vend des oranges couvertes de poussière et non loin de là, les enfants jouent dans les déchets alors que dans les champs, des débris inutiles sont brulés et une épaisse fumée noire s’y dégage. Partout dans la ville de Guiyu, l’air rend malade et une odeur de métal et de plastique brûlés flotte. Il faut croire qu’on s’y fait avec le temps, après tout, ce ne doit pas être pire que nos raffineries de Montréal-Est !

Malgré tous ces rapports et analyses qui prouvent l’existence d’un réel danger, les gouvernements restent insensibles ou presque et continuent à envoyer leurs mêmes déchets !

Les lois chinoises : une vraie farce
Bien que l’importation de déchets dangereux soit interdite, ces lois et toutes leurs subtilités, permettent aux pays industrialisés d’exporter leurs produits électroniques à condition que ce soit des produits recyclés (on joue sur les mots quoi !) ou encore si le pays exportateur considère que les matières qu’il envoie ne sont pas toxiques. Voir si un gouvernement avouera envoyer des matières toxiques !

Les organisations internationales éprouvent peut-être de sérieuses difficultés à persuader le gouvernement chinois de sévir face à l’importation de déchets, cependant elles en ont tout autant à convaincre les travailleurs de ce secteur d’activité.

Malheureusement, à Guiyu comme partout en Chine, les habitants ne voient pas l’intérêt de penser à long terme, ils vivent l’instant présent. Notre jeune Chinois gagne sa vie honorablement et ne risque pas de manquer de travail un jour. De plus, à 18 ans, il fait déjà partie de la nouvelle classe moyenne chinoise et en travaillant dans le secteur du recyclage, ses enfants fréquenteront de meilleures écoles et ses parents qui se font vieux, bénéficieront des soins de santé requis.
Quel avenir !

Grâce à nos déchets, des milliers de Chinois ont un avenir assuré et une meilleure qualité de vie, non de santé, mais de vie !

Source:
[i] Mariève Paradis, à Guangdong, article intitulé « Chine, rebut global » et publié dans le
magazine Jobboom en janvier 2008
[ii] Source : Yun Lai du Collège médical de l’Université de Shantou et coordonnateur de la
campagne anti-toxicité pour Greenpeace Chine.

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