La fin de la confidentialité?
Par François Nadeau
Dans une série de vidéos intitulée The End of Privacy, le professeur Michal Kosinski de l’Université Stanford expliquait récemment comment les nouvelles technologies mettent en péril notre vie privée. Il y parle entre autres de la création d’algorithmes capables de prédire, suite à quelques minutes passées en ligne, les comportements d’un individu, mieux parfois que ne pourrait le faire un parent ou un ami.
30 mai 2017
La semaine dernière, l’entreprise Google a annoncé une nouvelle solution nommée Store Sales Management. Grâce à elle, Google pourra fournir à ses annonceurs une indication des ventes réalisées en magasin suite à une campagne publicitaire en ligne. Pour obtenir ces données, Google travaillera en partenariat avec des consortiums de cartes bancaires détenant, paraît-il, les informations sur 70 % des transactions réalisées aux États-Unis.
Même limitée au marché américain, la nouvelle solution permettrait à Google de capter 140 000 informations de transactions à la minute.
Évidemment, Google se fait rassurante quant à la confidentialité pour les consommateurs. L’entreprise n’aura accès qu’à de la donnée agrégée et ne pourra suivre les achats d’un consommateur en particulier.
Les experts en sécurité ont toutefois des réserves. Ils craignent notamment que les informations recueillies puissent tomber dans les mains de pirates informatiques (pensons ici à la récente histoire de Target et des numéros de cartes de crédit volées).
Les experts sont également préoccupés par le fait que même des informations agrégées puissent être converties en données permettant d’identifier un individu précis.
Si, comme avance le professeur Kosinski de l’Université Stanford, on peut déterminer avec beaucoup de précision le comportement et les intérêts d’un individu simplement en analysant sa liste de lecture sur Spotify ou encore ses mentions J’aime sur Facebook, on peut facilement imaginer toute l’information que possède Google sur ses utilisateurs. En plus de toute les données d’historique de recherche, l’entreprise connaît les déplacements des utilisateurs d’un appareil mobile, leurs préférences de visionnement sur YouTube, etc.
Et Google n’est pas la seule à raffiner les informations recueillies sur ses utilisateurs. Pensons à Snapchat, qui propose également de mesurer les visites en magasin de ses utilisateurs, ou encore à Facebook, qui serait en mesure de cibler des jeunes dans des moments de détresse ou de stress intense.
Dans ce contexte, il n’est pas étonnant que la confiance envers la confidentialité des données fasse défaut chez un bon nombre de citoyens, autant au Canada qu’aux États-Unis.
La richesse des entreprises comme Google et Facebook réside en grande partie dans la quantité et la qualité des informations qu’elles détiennent. Toutefois, elles n’ont nullement intérêt à perdre la confiance du public, qui pourrait cesser d’utiliser leurs services. Ces sites étant par contre indispensables à plusieurs, que faudrait-il d’assez préoccupant pour qu’un nombre assez important de gens leur tournent le dos?