La lente avancée de l’automatisation en restauration rapide
Par François Nadeau
En août dernier ouvrait à San Francisco un premier restaurant Eatsa, dont la particularité consiste à offrir un service de commande complètement automatisé.
Un an plus tard, cette première succursale est toujours ouverte, et trois autres sont en activité, dont une à Berkeley près de San Francisco et l’autre à Woodland Hills, au nord de Los Angeles.
Eatsa, qui offre essentiellement des plats à base de quinoa, s’étendra bientôt au-delà de la côte ouest. Cet automne, une nouvelle succursale ouvrira au centre-ville de New York.
Dans les années à venir, une nouvelle vague d’automatisation devrait complètement bouleverser le monde du travail. Cette tendance constitue d’ailleurs le thème du livre à succès The Rise of the Robots, ou encore de cette étude, menée à l’Université d’Oxford. Celle-ci vise notamment à classer les emplois selon leur probabilité d’être automatisés.
Les employés œuvrant dans la restauration rapide, que ce soit en cuisine ou au comptoir, figurent parmi ceux ayant de fortes chances de laisser leur place à des machines.
Pour Scott Drummond, un des cofondateurs de Eatsa, le caissier représente un «maillon faible» dans la chaîne de distribution de repas rapides. Pour lui, les temps d’attente ne sont pas le fait de la préparation des mets mais plutôt celui de la chaîne de commande, déficiente.
Andy Puzder, PDG de CKE Restaurant, partage cette opinion similaire et songe fortement à optimiser ses restaurants.
La jeune génération, dont on dit souvent qu’ils préfèrent transiger avec une machine plutôt qu’un humain, ne risque pas non plus de s’opposer à cette automatisation.
Un changement en douceur
L’automatisation dans le domaine de la restauration rapide aura un impact certain sur les emplois, que ce soit derrière le comptoir ou dans les cuisines.
McDonald’s, dont l’automatisation des commandes a été largement médiatisée, s’était montré rassurant quant à l’effet de ces innovations sur ses employés en succursales.
Récemment, la chaîne publiait un communiqué annonçant qu’elle avait créé 2 835 emplois dans ses 189 restaurants convertis à travers le Québec. Ces restaurants sont ceux qui ont notamment adopté le nouveau menu «Créez à Votre Goût», ainsi que le service de commande automatisé, deux aspects sur lesquels Mcdo, qui tente de se réinventer, met énormément d’emphase.
Selon Natalie Saulnier, vice-présidente pour l’est du Canada des Restaurants McDonald du Canada Limitée:
le lancement de la nouvelle offre «Créez à votre goût» et du concept des restaurants de l’avenir nous ont amenés à transformer la dynamique dans nos restaurant et à créer des emplois supplémentaires, tels les nouveaux postes de Spécialistes de l’Expérience-Client et de serveurs».
Mais si les changements opérés par McDonald’s semblent avoir un effet positif sur la création d’emplois en succursale, on peut douter qu’il en soit ainsi partout.
Toutefois, pour l’instant, ceux qui ont des craintes pour leur emploi peuvent être rassurés: les experts prédisent que l’automatisation dans le domaine de la restauration rapide sera un processus lent, qui s’opérera sur plusieurs années.
Photo:Â www.sindhidunya.com