La place du français dans le commerce
Par La Rédaction
16 avril 2021
Anik Pelletier est vice-présidente du service de Langage de marque chez Bleublancrouge. Elle évolue dans le milieu de la traduction depuis près de 30 ans et s’occupe de francisation depuis plus de 20 ans. Aujourd’hui sur Isarta, elle livre un plaidoyer sur la place du français dans le commerce.
Ceux et celles qui me connaissent savent que je suis une fervente défenseuse de la langue, tout particulièrement du français. Ne vous inquiétez pas, je ne suis pas ici pour vous faire la leçon. J’ai toujours tenté d’approcher la question de la langue de façon pragmatique, même si certains constats sociodémographiques me désolent.
En effet, depuis plusieurs mois, de nombreux reportages, rapports et sondages font état de lacunes dans la langue d’accueil et de service dans de nombreux commerces de la grande région de Montréal. Les statistiques sur la langue utilisée par la population en général montrent un déclin du français au Québec.
Tout n’est pas rose, mais la situation n’est pas irrémédiable, pour autant qu’on fasse un petit effort collectif. Gens de communications et de marketing, vous pouvez contribuer à cet effort!
Un attrait indéniable
Mais pourquoi donc se soucier du français dans le commerce et les affaires? Surtout que les sondages démontrent un manque d’intérêt grandissant dans la population en général. J’aurais tendance à répondre : « parce que ». Mais bon, il me faudrait un argumentaire un peu plus solide, n’est-ce pas?
Les raisons sont nombreuses. Tout d’abord, parce qu’on s’identifie davantage à ce qui nous ressemble. C’est tout naturellement vers des ressources en français que se tourne une majorité de la population québécoise. « Alors que les francophones représentent près de 6,5 millions de personnes au Québec, saviez-vous que 79 % des consommatrices et des consommateurs francophones préfèrent magasiner sur un site qui possède une version française? »
De plus, une étude de 2018 commandée par l’Office québécois de la langue française a démontré que le quart des consommateurs et consommatrices du Québec n’utilisent jamais une autre langue que le français pour chercher des renseignements en ligne sur un produit. C’est donc dire que les commerçants qui font des affaires au Québec, mais n’utilisent pas le français sur leurs plateformes en ligne, se privent de 25 % à 79 % de la clientèle potentielle. Que d’occasions
manquées!
La grande séduction
La langue a donc un pouvoir attractif réel. Une fois la clientèle cible atteinte, il faut garder son attention et même la convaincre. C’est là qu’entre en jeu l’aspect de la qualité, le grand jeu de la séduction. Vous me permettez une analogie?
Tout comme pour une première rencontre amoureuse, l’image compte, mais c’est à travers le langage que la personnalité se dévoile. Le ton, le style, le choix du vocabulaire, le rythme et tant d’autres éléments de la langue expriment notamment le caractère d’une marque ou d’une entreprise.
Il faut donc que les mots soient choisis avec le plus grand soin. Si le message ne passe pas, il en ira de même avec le courant. Voilà donc une autre bonne raison de se soucier du français, langue par excellence de l’amour et de la séduction. Mais je divague.
Une question de confiance
Malheureusement, on constate que la qualité du français dans les médias, le marketing et le commerce est mise à rude épreuve depuis plusieurs années. La vitesse d’exécution et de mise en marché, et les outils de traduction automatique, entre autres, donnent parfois des résultats loufoques.
Qui n’a pas vu passer des traductions ou des adaptations dénuées de sens? Je ne nommerai pas de noms ici, même si ça me démange. Ces erreurs peuvent être catastrophiques pour la crédibilité d’une marque ou d’une entreprise.
Lorsque le public perçoit un manque de qualité, la relation de confiance est grandement affectée, voire complètement brisée. N’oublions pas que la perception, c’est la réalité, surtout dans le contexte social actuel.
Au cours des dernières années, l’intérêt pour tout ce qui est local s’est accru. Qui dit local dit culture et, bien entendu, langue. Pour séduire les quelque 6,5 millions de francophones du Québec, mieux vaut parler dans une langue qu’ils et elles comprennent, c’est-à -dire dans la langue locale. J’ai dit locale, pas vulgaire.
Il n’est pas nécessaire non plus d’utiliser un niveau de langue très élevé. Selon le contexte, la langue courante peut être tout à fait appropriée, pour autant qu’elle soit utilisée correctement. On module, mais on ne nivelle pas par le bas, d’accord?
Vos meilleurs atouts
Alors comment on fait, par où on commence? Ma première recommandation serait de vous munir d’un bon correcteur orthographique. C’est un investissement que vous ne regretterez pas.
Ma deuxième recommandation : utilisez ledit correcteur. Malheureusement, il arrive souvent qu’on ignore la petite fenêtre contextuelle du correcteur dans le feu de l’action. Erreur!
Finalement, pour vos communications importantes, officielles ou publiques, faites appel à des professionnel·les en traduction, révision ou rédaction, qui sauront rendre vos écrits percutants et adaptés à votre public cible. Faites mentir les statistiques et montrez votre petit côté rebelle en faisant de la qualité du français une priorité dans votre entreprise ou votre équipe.
Alors, pourquoi se soucier du français dans le commerce et les affaires? Parce que.
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