La police de New York rate encore son coup sur Twitter
Par Roch Courcy
Le Service de police de la Ville de New York semble ne pas avoir eu sa leçon en 2014. Il récidive en effet deux ans plus tard avec une nouvelle campagne qui tourne mal sur Twitter.
Le sujet? Une campagne anti-cryptage supportée par une coalition formée, entres autres, par le NYPD (New York Police Department) et le principal procureur de Manhattan.
Cette campagne a été mise en place pour mettre en lumière «les impacts du cryptage sur la sécurité du public et des victimes de crime». En plus d’une conférence de presse, le public a été invité à supporter les actions de la coalition en ajoutant le mot-clic #Unlockjustice.
Today, 11am at City Hall we stand with @ManhattanDA & advocates to call for encryption legislation. #UnlockJustice pic.twitter.com/hqjRxtAzYO
— NYPD NEWS (@NYPDnews) 18 avril 2016
Dans une déclaration, Cyrus Vance, le procureur général du District de Manhattan explique l’idée derrière la campagne:
Les Américains ont le droit à la vie privée, mais les victimes de la criminalité et les membres survivants de la famille des victimes ont des droits: le droit de voir des cas résolus en ayant la meilleure preuve disponible. Le Congrès [américain] ne devrait pas permettre aux entreprises de fabriquer des dispositifs qui ne peuvent être fouillés lors d’un mandat de perquisition. De plus, il ne devrait pas permettre aux entreprises de fournir des zones exemptes de preuves aux criminels. Ça, c’est sans précédent. Les victimes d’actes criminels ont droit à des protections plus fortes que les criminels».
Non seulement la campagne n’a pas vraiment pris, mais en plus le mot-clic #UnlockJustice a été détourné. En effet, très vite, de nombreuses personnes, dont des experts en sécurité, l’ont utilisé pour critiquer la campagne. Leur but: faire fi des objectifs de la campagne et utiliser le mot-clic pour «chialer» sur le service.
Software developed for law enforcement was stolen by criminals and used to break into iCloud accounts https://t.co/v164UqXnkR #UnlockJustice
— Tony Arcieri (@bascule) 18 avril 2016
You can’t have democracy without privacy. Legislating weak cryptography endangers everyone, not just a few select victims. #UnlockJustice
— John Adams (@netik) 18 avril 2016
Without strong encryption, NYC’s biggest industry, finance, would be devastated. #UnlockJustice
— emptywheel (@emptywheel) 18 avril 2016
Oh look, the anti-crypto people have a logo now. https://t.co/4G9VKUgb0I
— matt blaze (@mattblaze) 18 avril 2016
Un mot-clic déjà utilisé
Lors de l’élaboration d’une campagne de médias sociaux, il existe une règle non écrite mais évidente: il faut toujours vérifier si le mot-clic choisi a déjà été utilisé. Or, la coalition ne l’a pas fait.
Le mot-clic #UnlockJustice est déjà associé à une tout autre campagne, qui promeut une réforme complète de la justice criminelle. Cette campagne a été chapeautée et lancée par le comité «Friends Committee on National Legislation (FCNL)».
Well, thats annoying. @ManhattanDA hijacks our #CJreform campaign hashtag & uses it 2 push an issue we dont support https://t.co/1adlD7RNhB
— Yasmine Taeb (@YasmineTaeb) 18 avril 2016
Un air de déjà-vu
Le NYPD semble décidément avoir la mémoire courte.
En 2014, le Service avait lancé la campagne #myNYPD, dans laquelle où elle demandait aux citoyens d’envoyer des photos d’eux avec des officiers de police par le biais de Twitter. Le mot-clic a rapidement été détourné par les utilisateurs du réseau social, qui ont publié des photos et/ou des vidéos montrant des arrestations violentes, des plaintes contre la brutalité policière, etc.
À date, ni la coalition, ni le NYPD, ni le principal procureur de Manhattan n’ont commenté l’affaire.