La stigmatisation dissuade les Canadiens de révéler leurs problèmes de santé mentale à leurs collègues et amis
Par La Rédaction
24 mars 2021
Morneau Shepell vient de publier son rapport mensuel de l’Indice de santé mentale, révélant pour un onzième mois consécutif un score de santé mentale toujours négatif au pays.
En février, le score de l’Indice de santé mentale s’établit à -11,5, indiquant une détérioration soutenue de la santé mentale comparativement à l’indice de référence antérieur à 2020.
Le score de février est légèrement supérieur à celui de janvier (-11,7) et identique à celui de mai 2020. En février, la dépression est le score secondaire le plus faible (-13,9), étant légèrement inférieur à celui de janvier (-13,4) et presque identique à celui du début de la pandémie (-14,0 en avril 2020).
Ce score met en évidence les effets néfastes du stress constant et de la tension mentale sur la santé globale des Canadiens, ce qui peut causer des dommages considérables s’ils ne sont pas traités.
L’isolement et la solitude extrêmes signalés au cours des derniers mois minent directement le mieux-être mental des Canadiens, de nombreuses personnes ressentant le même niveau de dépression que celui recensé il y a presque un an, lorsqu’il était à son plus bas, a déclaré Stephen Liptrap, président et chef de la direction.
L’incertitude entourant les délais de vaccination amène les Canadiens à se demander à quel moment ils pourront reprendre la vie qu’ils avaient avant la pandémie. Pendant cette période d’incertitude et d’isolement prolongés, les organisations ont la responsabilité supplémentaire de prêter une attention particulière aux besoins de leurs employés et de surveiller les indicateurs d’aggravation de la tension mentale, afin de s’assurer que leurs effectifs sont en mesure de réussir tant dans leur vie professionnelle que personnelle. »
Les Canadiens craignent que la divulgation de leurs problèmes de santé mentale teinte leurs relations professionnelles et personnelles
Le tabou entourant la santé mentale persiste pour de nombreux Canadiens, malgré les efforts accrus pour réduire ce type de stigmatisation. L’enquête montre que 44 % des Canadiens croient que leurs perspectives de carrière seraient limitées si leur employeur savait qu’ils ont un problème de santé mentale.
De ce groupe, la moitié des gestionnaires (50 %) pensent que leur carrière serait affectée si leur employeur savait qu’ils ont un problème de santé mentale, comparativement à 39 % des participants qui ne sont pas gestionnaires.
La santé mentale demeure un sujet délicat à aborder entre amis, puisque 37 % des répondants croient qu’ils seraient traités différemment si leurs amis savaient qu’ils ont un problème de santé mentale.
Ventilés par groupe d’âge, les jeunes Canadiens craignent davantage que leurs perspectives de carrière soient limitées s’ils révèlent être aux prises avec un problème de santé mentale que les groupes plus âgés (54 % pour les répondants de 20 à 29 ans comparativement à 38 % des participants de 60 ans et plus).
Les Canadiens dont le mieux-être est malmené ont recours à des mécanismes d’adaptation malsains
Le maintien des tensions causées par la pandémie sur le mieux-être mental, physique, social et financier amène certains Canadiens à se tourner vers des mécanismes d’adaptation malsains, comme une consommation accrue d’alcool, pour composer avec le stress accumulé et l’incertitude.
L’enquête montre que 14 % des répondants consomment plus d’alcool qu’au début de la pandémie (mars à mai 2020), et plus de la moitié des participants (52 %) ont indiqué qu’ils ont maintenu ce niveau de consommation d’alcool au cours des derniers mois (octobre 2020 à janvier 2021) comparativement au début de la pandémie.
En outre, 9 % des répondants ont augmenté leur consommation d’alcool entre octobre 2020 et janvier 2021, comparativement au début de la pandémie.
Les répondants dont la consommation d’alcool a augmenté au début de la pandémie ont aussi obtenu le score de santé mentale le plus faible (-20,7) comparativement à ceux qui ne boivent pas (-9,9) ou à ceux ayant réduit leur consommation d’alcool (-12,8).
Si les organisations se demandaient si la mise en œuvre d’une stratégie de santé mentale globale serait bénéfique pour les employés, nous espérons que nos données sont sans équivoque à cet égard. Même si les employés ne dévoilent pas que leur santé mentale est fragile, il est évident qu’ils sont nombreux à souffrir en silence et à adopter des mécanismes qui sont plus néfastes que bénéfiques, a déclaré Paula Allen, directrice mondiale et première vice-présidente, Recherche et mieux-être global. La pandémie a permis aux employeurs d’établir un lien de confiance avec leurs employés et d’améliorer la fidélisation à long terme, en leur apportant le soutien dont ils ont besoin non seulement pour surmonter les difficultés engendrées par la pandémie. La pandémie a clairement montré que le mieux-être des travailleurs canadiens est une priorité. »
Méthodologie
Cette enquête mensuelle de Morneau Shepell a été menée au moyen d’un sondage en ligne en anglais et en français du 15 au 25 janvier 2021, auprès de 3 000 répondants au Canada. Tous les répondants résident au Canada et étaient employés au cours des six mois précédents. Les données ont été pondérées statistiquement pour assurer que la composition régionale et hommes-femmes de l’échantillon est représentative de cette population.
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Morneau Shepell