L’A2C intronise trois personnalités de l’industrie dans son temple de la renommée
L’Association des agences de communication créative (A2C) organisait, le 10 mai 2016, les premières «grandes entrevues» de son temple de la renommée, intronisant ainsi Claude Lessard, Jean Morin et Bruno Gautier.
Bâtisseur, Phare, Allié: c’est ainsi que l’A2C a nommé les trois profils intronisés ce mardi 10 mai 2016 dans son temple de la renommée.
Faisant suite à l’ancien Prix Hommage, le temple de la renommée de l’A2C soulignera, chaque année, le parcours de professionnels qui ont marqué l’industrie québécoise de la communication marketing.
Cette année, les trois personnalités intronisées sont:
- Jean Morin, aujourd’hui consultant, chef du conseil de direction de Diesel (Sid Lee) de 2000 à 2003 et VP, planification stratégique et pensée produit chez Cossette de 1972 à 1999: profil Phare.
- Bruno Gautier, fondateur et éditeur d’Infopresse: profil Allié.
- Claude Lessard, président du conseil de Cossette, et l’un des associés fondateurs originaux de l’agence: profil Bâtisseur.
Tous trois ont évoqué, pendant une vingtaine de minutes, leur parcours.
Celui que de nombreuses personnes considèrent comme le «père de la planification stratégique» a confirmé qu’il avait le sens de la formule: Jean Morin, lunettes rondes sur yeux rieurs, n’a clairement pas la langue dans sa poche.
En 1972, alors qu’il rejoint les 6 autres créateurs de Cossette, la planification stratégique n’existe pas. Mais Jean Morin comprend vite que pour se différencier de BCP, l’agence qui dominait alors le marché, «de la créativité à l’état brut», il allait falloir avoir une réflexion beaucoup plus poussée en amont.
Chacun des associés avait son expertise. Moi, je n’étais pas bon à rien, mais pas pire pour tout: je me suis donc auto-proclamé planificateur stratégique!», raconte-t-il, suscitant les rires dans la salle.
Et d’expliquer son concept de façon pour le moins originale:
Imaginez un code postal, H3S 1V2. Eh bien le planificateur stratégique s’intéresse uniquement au H3S, pour être bien sûr de là où l’on s’en va».
Chez Cossette, il développe également le concept de «pensée produit», et définit tout un vocabulaire spécifique au métier, encore utilisé à ce jour.
Son goût pour les bons mots a marqué l’industrie, et ses expressions désormais bien connues des gens du métier reflètent sa vision de celui-ci: «si on n’est pas magicien on n’est rien», «l’attention du consommateur doit être méritée», ou encore «le doute est essentiel».
Sur ce dernier point, il insiste:
Ce qui a performé n’est déjà plus performant: si quelqu’un propose une formule qui ressemble à quelque chose que l’on a déjà fait avant, il faut tout recommencer. C’est essentiel de toujours douter, de remettre en question ses approches».
Le récipiendaire du profil Phare a marqué l’imaginaire des Québécois en frappant fort, comme pour Desjardins et l’accroche «Parlons d’argent», sortie à une époque où il était tabou de parler d’argent, justement.
Personnage plus discret, mais au sens des affaires aiguisé, Bruno Gautier est intronisé au temple de la renommée de l’A2C sous le profil Allié. Le fondateur et éditeur d’Infopresse était photojournaliste quand, en 1985, il lance ce qui devait être un éditeur de magazines spécialisés.
C’est un consultant du cabinet Raymond Chabot qui lui conseille, après 10 jours passés à observer le fonctionnement de la petite entreprise, de changer de modèle d’affaires pour devenir le lien entre les professionnels de la communication.
Ce conseil est vécu comme une petite onde de choc (il a fallu retirer des produits sur lesquels l’entreprise avait investi) mais tout de même suivi. Et il s’est avéré fructueux: depuis 30 ans, Infopresse s’est positionné comme un accompagnateur clé de l’évolution de l’industrie québécoise, tout en bonifiant continuellement son offre.
Finalement, pour le journaliste que j’étais, c’est comme si j’avais réalisé un reportage qui a duré 30 ans sur une industrie en constante évolution», indique-t-il.
L’évolution du marché, Claude Lessard l’a également vécue, et il était même aux premières loges! Depuis 45 ans chez Cossette, il fait partie des associés fondateurs de l’agence.
Notre genèse est fort simple: comme aucun de nous n’avait travaillé ailleurs, il a fallu inventer nos propres façons de faire, nous former nous-mêmes. Le besoin a créé l’innovation», explique-t-il.
Désireux d’apporter le plus d’objectivité possible à leurs clients, les jeunes associés décident d’intégrer en interne toutes les ressources nécessaires pour répondre à leurs besoins: c’est de là qu’est né le concept de communication globale.
Au fil de ans, Cossette connaît une expansion phénoménale, une croissance qui devient le moteur culturel et entrepreneurial de l’agence et qui lui permet d’attirer – et de garder – des talents.
Mais derrière ça, il y avait une très grande discipline organisationnelle: tous les 5 ans, on se dotait d’un plan solide, avec des objectifs très clairs», précise M. Lessard.
Seul associé à continuer d’oeuvrer dans l’agence depuis ses débuts, Claude Lessard affirme que ce qui le fait se lever le matin depuis plus de 40 ans, c’est le plaisir de côtoyer ses collègues.
Notre politique d’engagement a toujours été basée sur les qualités personnelles des gens avant tout. Ca prend des individus ouverts d’esprit, sincères, ayant du goût pour l’innovation, qui savent travailler en équipe et respectent l’ensemble du groupe», indique-t-il.
Chacun à sa façon, avec un style différent, ces trois professionnels ont marqué l’industrie québécoise de la communication marketing, et sont une source d’inspiration pour la relève.
Photos: Twitter A2C / Photo de couverture: Twitter Republik.