L’avenir de l’imprimé
Le papier connecté réconciliera-t-il les médias traditionnels et les nouvelles technologies?
22 août 2017
La variété et la popularité des plateformes numériques entraînent des remises en question constantes sur l’usage de l’imprimé.
Certes, le Web révolutionne notre façon de consommer l’écrit, tout comme l’image et la vidéo. Donc, les experts ne cessent de prédire la mort des supports physiques traditionnels.
Toutefois, d’une année à l’autre, les journaux, les livres et les prospectus continuent de truffer le quotidien des consommateurs. La masse reçoit toujours le Publi-Sac, et les librairies écoulent encore les best-sellers. Malgré l’avènement de la tablette électronique, quelques journaux s’accrochent toujours au papier.
Nonobstant ses déboires connus, l’imprimé demeure l’outil de prédilection des clients plus âgés, peu enclins à surfer sur le Web.
Le taux d’accès à Internet des plus avancés en âge s’avère significativement moindre que celui de l’ensemble de la population (qui se chiffre à 81,6 %).
Selon l’Institut de la Statistique du Québec:
- 70,3 % des gens de 45 à 54 ans ont accès à Internet;
- la moyenne baisse à 64,8 % chez ceux de 55 à 64 ans;
- et seulement 41,0 % des personnes de 65 ans et plus peuvent aller sur la Toile.
Les détaillants espérant s’adresser directement à ces publics cibles n’ont d’autre choix que d’intégrer les «vieux médias» à leur stratégie.
Bien sûr, pour suivre les nouvelles générations de consommateurs, le papier ne pourra s’en tenir qu’à ce facteur, il devra évoluer.
La transformation a déjà commencé
Le code QR, a fait office de «premier connecteur de papier» il y a de cela quelques années.
Le fait de pouvoir scanner un carton publicitaire pour obtenir du contenu exclusif ou être redirigé vers une page Web attribuait à ce vieil outil un élan de modernité salvateur.
Dès 2009, l’ouvrage «Le Sens des choses» de Jacques Attali en était rempli, et offrait ainsi une valeur ajoutée.
Les «livres dont vous êtes le héros» de la collection Loup solitaire intègrent maintenant aussi cette technologie interactive. Des contenus peuvent être débloqués au fil du récit grâce à des codes QR, qui varient en fonction de l’heure de lecture.
La suite logique
Depuis, la fonctionnalité des puces NFC a fait sont chemin. Une fois intégrés aux textes et aux images, ces marqueurs invisibles n’ont qu’à être numérisés via l’application d’un mobile. S’ensuit l’accès à des informations complémentaires ou du contenu inédit. Cette solution se veut plus esthétique et polyvalente que le code QR, selon plusieurs.
Le papier sous toutes ses formes arrive maintenant à se «brancher», même le papier peint. Castorama et TBWA\Paris l’ont bien démontré il y a peu de temps avec leur «Papier plein d’histoires». En scannant les héros qui y figurent avec une application mobile, on obtient une version audio ou écrite de leur récit.
Le site emarketing.fr confirme aussi l’efficacité de la puce NFC en vue de rentabiliser les médias traditionnels:
Cette innovation a déjà servi dans le cadre de plusieurs campagnes et nous avons pu observer, en moyenne, des taux de retour à hauteur de 17 % , soit sept fois plus que ce que permet d’atteindre un support classique. Le consommateur s’attend donc de plus en plus à ce qu’on lui offre des supports physiques offrant du contenu branché.»
Cette habitude de pouvoir «connecter» tout objet pour obtenir du contenu bonifié prend plusieurs formes. Par exemple, à l’épicerie, un client ne s’étonne plus d’obtenir des fiches recettes en posant son mobile sur un emballage.
Pour Jean-Richard Maguet, gérant de l’entreprise spécialisée dans l’emballage en carton Mizenboite, qui se confiait à emarketing.fr, il ne faut plus opposer «papier» et «connecté».
Alors que, sur un emballage de produit, les mentions réglementaires occupent de plus en plus de place, le papier connecté permet aux marques de disposer d’un espace infini, via l’écran du smartphone du consommateur», explique-t-il.
C’est aussi une bonne façon pour les marques d’établir un contact direct avec les clients finaux. Enfin, le papier connecté est un support de communication durable», renchérit l’homme d’affaires.
Les perspectives
Journaux, magazines, dépliants publicitaires, catalogues, etc. n’échapperont pas à l’engouement pour «l’imprimé branché».
Si, poussés par la tendance, tous les supports physiques devenaient «scannables», le papier gagnerait un second souffle.
Il deviendrait un vecteur de communication majeur. Il catalyserait les multiples contenus numériques sous toutes leurs formes liés à un produit ou un sujet.
Imaginez, par exemple, obtenir la version audio d’une entrevue en posant votre cellulaire sur un article!
Les technologies de la réalité augmentée, de la reconnaissance faciale et de la reconnaissance des images nous poussent dans cette voie.
L’hebdomadaire Courrier International a fait un pas dans cette direction le 2 février 2017 en publiant une version de son populaire journal en réalité augmentée. Il s’agissait d’une primeur dans la presse française.
La version animée de l’hebdomadaire s’appuyait sur des zapcodes scannables, grâce à l’application pour smartphone Zappar. Sur chaque page où se trouvait ledit zapcode, une animation visuelle était à découvrir.
Il suffisait de positionner sa caméra de téléphone sur chaque zapcode pour voir apparaître des éléments en réalité augmentée. Huit expériences ont été intégrées au journal en tout. Ces contenus animés constituaient des compléments d’articles, d’entrevues, d’horoscope ou de photos ou autres illustrations.
Carole Lembezat, chef de la rubrique «Sciences» de Courrier International confiait:
Dans la presse en général, je pense que l’avantage est de pouvoir conserver le papier, auquel beaucoup de gens sont attachés, tout en ayant aussi les avantages du numérique.» (Propos recueillis par le site GoGlasses lors d’une entrevue.)