Le Fab Lab, pilier de l’innovation collective
Les Fab Labs sont des espaces ouverts où l’on peut venir créer ou réparer toute sorte d’objets à l’aide, notamment, d’outils de fabrication digitale. Ce sont aussi des lieux représentatifs de notre époque connectée et de l’évolution de nos modèles économiques.
Fin janvier, on apprenait qu’une partie de l’édifice patrimonial de la bibliothèque Saint-Sulpice de Montréal serait aménagée en «Fab Lab».
Qu’est-ce que c’est? Un Fab Lab, c’est un laboratoire de fabrication – Fabrication Laboratory, en bon français. Des «espaces de collaboration, de co-création et de fabrication numérique dans un contexte de sociabilité», ainsi que le définit le site Fab Labs Québec.
Autre définition possible, celle établie par la Charte des Fab Labs du Massachusetts Institute of Technology (MIT), là où le premier laboratoire du genre a vu le jour en 2002: «un réseau mondial de laboratoires locaux qui dopent l’inventivité en donnant accès à des outils de fabrication numérique».
Charte qui doit d’ailleurs être obligatoirement respectée par tout atelier souhaitant être estampillé Fab Lab.
Faire ensemble, même si on le fait pour soi
Le principe d’ouverture et de mise en commun des biens, des connaissances et des savoir-faire est au coeur de ces espaces – également appelés Maker Spaces – qui s’appuient notamment sur des machines de fabrication numérique et des réseaux permettant de s’échanger des fichiers dans le monde entier.
Designers, graphistes, entrepreneurs, artistes, étudiants ou amateurs de bricolage peuvent s’y retrouver pour concevoir, réparer un objet ou bien réaliser un prototype, qu’il s’agisse d’un vélo ou d’un objet techno.
Si les équipements (de l’outil traditionnel à l’imprimante 3D, en passant par la fraiseuse et la découpeuse laser…) sont mis gratuitement à disposition, chacun doit, en contre-partie, rendre son travail reproductible. Il s’agit également de collaborer aux projets des autres.
L’objectif? Concevoir des produits qui pourront potentiellement servir au plus grand nombre de personnes. Et le faire ensemble, même si on le fait pour soi.
Inspirés du Do It Yourself
Imaginés dans la droite ligne de la tendance du «Do It Yourself» («Faire soi-même»), les Fab Labs encouragent la créativité individuelle et une nouvelle vision de l’innovation, à la fois numérique et sociale.
Internet est donc tout naturellement une composante très importante de ce concept, parce qu’il est le symbole même de la démocratisation et de la mise à disposition des ressources.
C’est l’essence du monde numérique qui est transférée à la conception d’objets.
Ces laboratoires ont également vocation à mettre l’innovation, qui se nourrit des liens sociaux et du mélange des idées, à la portée de tous, pour qu’elle ne soit plus réservée à une certaine élite geek. Une vision de l’innovation ascendante qui coïncide totalement avec la mutation de nos modèles économiques, et la percée fulgurante de l’économie de partage.
C’est d’ailleurs ce que confirme l’étude britannique Forum for the Future, en démontrant que le consommateur de 2030 sera autonome et participera activement à la création, la production et la distribution des biens et services.
Un avenir que l’on peut aisément imaginer si l’on se fie à l’incontestable succès des Airbnb, Kijiji et autres Uber.
Participer à réduire la fracture numérique
Comme on peut le lire sur le site d’échoFab, depuis sa création, le concept du Fab Lab a beaucoup évolué et a su s’adapter aux spécificités des régions du monde où il est implanté:
Certains d’entre eux se spécialisent dans l’innovation comme à l’Open City Design à Berlin ou bien au Fab Lab de Barcelone. D’autres travaillent à démocratiser et démystifier les technologies comme le mobile Fab Lab du Bronx à New York tandis que d’autres essaient d’améliorer la vie de la population en répondant aux problèmes locaux avec des matériaux locaux comme le fait le Fab Lab Afghanistan ou le ARO Fab Lab au Kenya. Enfin, d’autres viennent en aide aux entreprises en leur fournissant des services-conseils ou la possibilité de réaliser des prototypes comme le fait le Waag Fab Lab au Pays-Bas».
Enfin, il va sans dire qu’un Fab Lab représente un formidable outil pour l’éducation et l’insertion de communautés qui n’auraient, en temps normal, pas les moyens d’accéder à de tels équipements, ou qui ont peu l’habitude de les utiliser. Par exemple, pendant les 6 mois qui ont suivi son ouverture en mai dernier, le Fab Lab d’Hochelaga Maisonneuve, a offert aux Montréalais de se former gratuitement sur ses différentes machines.
Nul doute que ce concept, qui valorise l’entraide et l’échange, a de beaux jours devant lui.
Photo: www.fablabs-quebec.org.
Sources: www.echofab.org, www.lexpress.fr, www.prezi.com.