Les nomades numériques: geeks sans frontières
Vous connaissez certainement les nomades numériques, ces travailleurs généralement indépendants qui voyagent de pays en pays au gré de leurs envies… et des connexions WiFi.
«Passer l’hiver à Montréal, ça ne me tentait plus».
Daniel Mireault, designer et digital nomad depuis 7 ans, s’est lancé dans l’aventure pour des raisons plutôt simples: amoureux de Montréal, il avait cependant un besoin pressant de soleil, de chaleur, d’une meilleure qualité de vie, de liberté.
Ah, la liberté.
Ne plus être dépendant des horaires du bureau, troquer son cubicule contre un espace de co-working à Medellin… Tout cela en fait rêver plus d’un.
Mais pour les nomades numériques, cette liberté n’est ni une lubie, ni une «rébellion» contre le système: c’est une façon de vivre réfléchie et assumée.
Profiter des nouvelles technologies pour voyager
Les digital nomads ont choisi de profiter des nouvelles technologies pour travailler n’importe où, et booster par la même occasion leur qualité de vie.
Leurs métiers sont donc généralement liés au Web (designer, programmeur, SEO…), mais on trouve aussi des journalistes, des photographes, des interprètes.
S’il est clair que la tendance au nomadisme monte en flèche, il est encore difficile de mettre un chiffre dessus. Sur la plateforme de collaboration professionnelle Slack, la discussion #nomads compte environ 3000 inscrits. Le site Nomad List, le plus populaire auprès des voyageurs, reçoit entre 100 000 et 300 000 visiteurs uniques chaque mois.
C’est définitivement une tendance qui monte. Par exemple, l’année dernière, 150 nomades numériques se sont rassemblés lors d’un meetup à Chiang Mai, c’est énorme», confirme Daniel Mireault.
Qu’est-ce qui leur plaît tant dans le voyage?
«Être émerveillée par de simples choses, peut-être parce qu’on prend son temps quand on voyage. Je vis à mon rythme sans horaires imposées. J’aime travailler à distance, et je suis efficace comme cela», explique Annick Rafanomezana, SEO qui vient de rentrer à Montréal après un an de vadrouille autour du globe.
J’ai toujours su que je voulais voyager avec mon travail: petite, je voulais être hôtesse de l’air pour prendre l’avion constamment! J’ai la fibre entrepreneuriale et ce mode de vie me correspond totalement».
Même son de cloche auprès de Daniel, toujours aussi enthousiaste et convaincu par son mode de vie après les années:
en Asie, où je vis généralement 5 mois de l’année, j’apprécie le rythme et le faible coût de la vie. Je peux prendre davantage soin de moi, choisir mes contrats. Dès que je rentre à Montréal, je reprends mes anciennes habitudes et j’ai tendance à embarquer dans un rythme effréné».
Non, tout n’est pas rose (mais presque)
Mais que l’on ne se méprenne pas. La vie de nomade numérique n’est pas idyllique, et si elle offre de merveilleuses récompenses (paysages et rencontres incroyables, bouffe à tomber…), elle demande de la discipline et de l’organisation.
Côté personnel, d’une part, il faut s’habituer à être loin de ses proches, de ses repères, de sa routine, de sa nourriture. La solitude peut être lourde, parfois, et trouver un partenaire aussi flexible peut s’avérer compliqué.
Il se peut aussi que famille et amis ne comprennent pas bien la démarche, qui s’apparente pour certains à de grandes vacances, ou encore à de l’instabilité.
Côté professionnel, d’autre part, travailler à l’étranger, c’est gérer le décalage horaire avec ses clients, et être impérativement joignable lorsqu’ils en ont besoin.
Daniel s’assure par exemple de toujours trouver une carte SIM en arrivant dans une nouvelle destination, afin d’avoir un téléphone avec de la donnée disponible en cas de connexion Internet bancale.
Checker ses fuseaux horaires, avoir des chargeurs d’ordinateurs en back-up et surtout, surtout, vérifier l’état de la connexion Internet d’un pays avant de s’y rendre, c’est la base. C’est simple, le WiFi, c’est l’un des besoins primaires du nomade numérique», affirme Annick.
Pour sociabiliser tout en travaillant, les espaces de co-working sont une solution qui connaît un vrai succès auprès des travailleurs sans frontières: un excellent moyen de rester connecté aux gens de son milieu, selon Annick, qui a assisté à une conférence pointue sur le Web face à une rizière balinaise.
Des conseils, des blogues, des échanges
D’ailleurs, si la Thaïlande est aussi prisée des nomades numériques, c’est notamment pour sa bonne infrastructure Internet. On peut le savoir en visitant, entre autres, le site Nomad List, qui recense les villes où il fait bon travailler pour un digital nomad.
Les critères vont du WiFi donc, au prix d’une nuitée Airbnb, en passant par le niveau d’anglais des locaux et le degré de sécurité pour une femme voyageant seule.
Fondé par Pieter Levels, un Néerlandais hyperactif, ce site fait partie de l’une des douze startups qu’il a décidé de lancer en une année. Un défi qui lui a valu une belle couverture médiatique, notamment sur le site Wired.
Globalement, les nomades numériques aiment partager leurs expériences et leurs conseils. Bon nombre d’entre eux ont un blogue, et la lecture de ceux des autres peut aider à préparer au voyage.
J’ai passé un an à lire des blogues de nomades pour préparer mon départ. Cela m’a aidé à savoir quoi mettre dans mon sac, par exemple! J’ai également collecté des images Pinterest qui correspondaient aux destinations qui m’intéressaient», explique Annick, qui dispose également de son blogue, Walkannick.
Pour sa part, Daniel, en bon foodie, se rend sur les sites spécialisés pour connaître les meilleurs cafés et restaurants où aller dans un nouveau pays, pour être au plus près de la vie locale.
Encore une fois, les nomades se servent du Web pour se faciliter la vie.
100% conquis
Pour le reste, Daniel et Annick, bien qu’ayant deux profils différents, sont unanimes. Qu’il s’agisse d’une expérience ponctuelle ou d’un changement radical de vie, il faut:
- prévoir ses finances en conséquence,
- savoir s’adapter à la culture de chaque pays,
- ne pas avoir peur de prendre des risques.
Mais le jeu en vaut largement la chandelle.
Pour quelqu’un qui a moindrement le goût de l’aventure, je vois vraiment beaucoup plus de bénéfices que d’inconvénients à ce mode de vie», conclut Daniel.
Photo: blogue Walkannick.