Commerce de détail: les petites épiceries locales ont-elles toujours leur place?
Par François Nadeau
Le mois dernier, le Groupe Épicia annonçait mettre la clé sous la porte de onze de ses quinze établissements Le Jardin Mobile, une bannière vieille de 40 ans, connue et appréciée de nombreux résidents de Québec pour sa proximité et son accessibilité.
Dans les dernières années, les Québécois ont assisté parallèlement à la fermeture de plusieurs points de vente de produits alimentaires et à une domination grandissante des Loblaws, Costco et autres géants du domaine.
Ces fermetures représentent une perte pour le consommateur. Mais dans le contexte actuel, où l’ouverture des marchés, le commerce en ligne et la situation économique difficile bouleversent le secteur du détail et de l’alimentation, y a-t-il encore place à la rentabilité pour les épiceries généralistes de type Le Jardin Mobile?
Pour JoAnne Labrecque, professeure agrégée au Département de marketing à HEC Montréal et membre associée de la Chaire de commerce Omer DeSerres, plusieurs éléments rendent difficile la survie de ce type de commerce.
L’aspect de la concurrence des prix est le premier élément à considérer.
D’une part, souligne Mme Labrecque, les grandes surfaces comme Wal-Mart prennent de plus en plus de place dans un marché où l’offre alimentaire augmente plus vite que la demande. D’autre part, il y a le consommateur. Plusieurs d’entre eux ont vu le coût de leur panier d’épicerie augmenter plus vite que leurs revenus dans les dernières années. Plus sensibles que jamais aux prix des aliments, ceux-ci se tournent alors vers les grandes surfaces, qui, grâce à leur pouvoir d’achat, offrent des prix difficiles à égaler pour de plus petits joueurs.
Mais s’il n’est pas possible de rivaliser sur les prix, est-il possible de le faire sur l’expérience d’achat? Là encore, JoAnne Labrecque souligne des points intéressants: «dans les dernières années, les grandes surfaces d’alimentation ont amélioré considérablement l’expérience qu’elles offrent à leurs clients. Elles ont notamment revu l’intérieur de leur commerce pour les rendre plus attrayants. Elles ont aussi bonifié leur offre de produits spécialisés et de produits locaux. »
Au-delà , des pertes d’emplois
La fermeture de plusieurs succursales Le Jardin Mobile a mis à l’avant-plan la perte de plusieurs centaines d’emplois dans la région. Mais d’autres acteurs sont également touchés.
Pour les petits fournisseurs, la disparition de ces épiceries signifie moins de points de vente où distribuer leur produit. C’est donc une perte pour plusieurs producteurs locaux et pour l’ensemble de l’économie du Québec», rappelle  Mme Labrecque.