Les relations presse dans le milieu culturel: «il faut tripper avant tout!»
Thérèse David, présidente de Thérèse David Communications, a fait profiter les participants à la dernière conférence organisée par La Toile des Communicateurs de ses 45 années d’expérience en relations presse dans le domaine culturel et événementiel.
Il faut absolument tripper, parce que vous ne serez jamais millionnaire en travaillant dans le culturel».
Le décor est planté, ce mercredi 24 février, dans l’auditorium de la TÉLUQ.
Thérèse David, présidente de Thérèse David Communications, est une femme passionnée, qui a tenu à rappeler, lors de sa présentation pour la Toile des Communicateurs, à quel point l’amour du métier était une condition sine qua non pour tirer son épingle du jeu dans un secteur où l’on vend un produit, mais aussi les êtres humains qui l’ont créé.
Les relations presse représentent le secteur le plus important des communications dans le domaine culturel, parce qu’on vend des créateurs. Ce sont de vrais gens, et ce n’est pas la même chose que vendre des cannes de soupes!», affirme-t-elle d’entrée de jeu.
Animée par son métier, celle qui se qualifie elle-même de «groupie, mais pas trop» et dont le mentor n’est autre que Guy Latraverse, a d’ailleurs refusé de belles opportunités de carrière en agence de RP traditionnelles afin de continuer à évoluer dans le milieu culturel.
L’essentiel du travail du relationniste de presse consiste à préparer les événements pour ses clients: conférence de presse, inauguration, lancement de disque, première, etc.
Plusieurs outils sont à sa disposition pour y parvenir, mais encore faut-il les utiliser convenablement!
Le communiqué de presse
Instrument d’information destiné aux journalistes, le communiqué de presse constitue la base d’une entrevue de fond. Il est très important qu’il soit bien structuré.
C’est prouvé, les journalistes regardent en premier le titre, la source, et le premier paragraphe. Ensuite, ils s’intéresseront peut-être au contenu du communiqué. Il faut donc que votre document soit facile à ouvrir, rapide à lire et accrocheur: n’oubliez pas que les journalistes en reçoivent des centaines chaque jour!», explique Thérèse David.
Les relations avec les journalistes
Meilleurs ennemis, mal nécessaire… Mme David sait bien que les relations entre relationnistes de presse et journalistes ne sont pas connues pour être un long fleuve tranquille et pourtant: avec le respect du travail de chacun en toile de fond, les choses peuvent se passer d’une excellente façon!
Il faut avoir en tête que les journalistes ne sont pas au service des attachés de presse: ce sont nos partenaires d’affaires. Ils sont là pour informer et nous avons un rôle de facilitateur à jouer pour les aider dans cette mission», affirme-t-elle.
Quitte à se répéter, Thérèse David insiste sur l’importance de toujours dire la vérité aux journalistes, de leur fournir des informations sourcées et vérifiables, et d’être disponible, dans les bons comme les mauvais jours. En somme, que votre artiste soit numéro un des ventes de disques ou qu’il soit envoyé en cure de désintoxication, vous devez répondre aux questions.
Enfin, on n’exagère pas non plus ses informations, et on n’appelle certainement pas pour se plaindre d’une mauvaise critique.
Autre point très important: qu’ils soient nationaux, régionaux ou locaux, chaque média doit être considéré de la même façon. Il n’y a pas de petit journaliste, ni de petit média», ajoute-t-elle.
L’organisation d’événements médiatiques
Une conférence de presse est à prévoir en cas de nouvelle importante et d’intérêt public. Sans ces deux conditions réunies, on oublie. Mais s’il y a lieu, il faut la prévoir comme il faut.
Choix de la date, du lieu, du mode d’envoi de l’invitation, élaboration de la décoration, mise en place de la signalétique… Il y a énormément de choses auxquelles penser lors de l’organisation d’une conférence de presse.
Ne négligez jamais la technique: faites des tests de sons, de lumières, plusieurs fois. Mon meilleur ami, un jour d’événement, c’est le technicien, sinon je panique!», plaisante Mme David.
Le déroulé (ou scénario) de l’événement doit être connu de tous les intervenants, au moins une semaine à l’avance. L’idéal étant que les allocutions soient répétées afin d’être parlées, et non lues.
Pour vos relances, pensez au téléphone en plus du courriel: oui! Le téléphone, ça marche encore, et ça permet même de gagner pas mal de temps!», affirme la conférencière.
Le booking et les entrevues radio/télévision
Le booking est un travail difficile, qui requiert beaucoup de méthodologie, de disponibilité, de rapidité d’intervention et de souplesse («soyez prêts à dégainer le téléphone quand il sonne, sans quoi vous perdez votre place!»).
Mais le jeu en vaut souvent la chandelle, car quoi de plus vendeur pour une création que son créateur lui-même?
Pour être un booker efficace, il faut tout lire, tout voir, tout écouter. Faire une liste des émissions susceptibles de recevoir notre artiste, et surtout, surtout, savoir de quoi et à qui on parle! Rien n’est plus insultant pour un recherchiste que de s’entendre dire que l’on n’a jamais regardé son émission», précise Mme David.
Une fois l’entrevue obtenue, il s’agit de préparer son artiste: la première impression est décisive, et on n’a généralement pas de deuxième chance.
Une attitude gagnante, de l’intérêt pour le média et le journaliste, ainsi qu’une bonne préparation, ça fait toute la différence».
Les réseaux sociaux, à  manier avec précaution
Impossible de faire l’impasse sur les médias sociaux, qui sont, selon Mme David, les nouveaux «médias à potins».
Thérèse David reprend l’idée de la spécialiste en médias sociaux, Micheline Bourque, qui veut que sur ces réseaux, on «raconte l’histoire derrière l’histoire afin de passer à l’histoire».
Traduire: faire du storytelling, dévoiler les coulisses d’un lancement… Bref, tout ce qui amène un coté humain au communiqué officiel est bon à prendre.
Mais attention: les réseaux sociaux sont à double tranchant. Il faut y réfléchir à deux fois avant de publier sur ces plateformes, et éviter à tout prix les statuts négatifs, émotifs ou politiques», déclare la conférencière.
Pour Thérèse David, tout a beau changer (les plateformes, les enjeux politiques et économiques…), notre siècle reste un siècle de contenu. Il y aura toujours de la place pour les créateurs de nouveaux concepts originaux et innovants.
Je le dis: les communications de presse sont le moteur de l’univers. Plus présentes que jamais, elles sont aussi plus dangereuses. Tout va plus vite. Mais si vous trippez, et que vous êtes passionné, alors vous avez de belles choses à faire!», conclut-elle.Â