L’originalité des contenus québécois, une recette gagnante pour l’avenir des médias francophones Reviewed by Olivier Lefebvre on . 21 octobre 2014 - La situation des médias francophones a été discutée, plus tôt ce mois-ci, par de grands décideurs du milieu qui ont été réunis pour l’occasion 21 octobre 2014 - La situation des médias francophones a été discutée, plus tôt ce mois-ci, par de grands décideurs du milieu qui ont été réunis pour l’occasion Rating: 0

L’originalité des contenus québécois, une recette gagnante pour l’avenir des médias francophones

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21 octobre 2014 – La situation des médias francophones a été discutée, plus tôt ce mois-ci, par de grands décideurs du milieu qui ont été réunis pour l’occasion aux HEC Montréal. En effet, le Pôle médias HEC Montréal était l’hôte du colloque international Médias et Francophonie: modèles d’affaires et nouveaux publics, un des événements organisés dans le cadre des Entretiens Jacques Cartier. Le but: unir les forces francophones pour innover et repenser nos médias. L’événement avait lieu en amont du Sommet de la francophonie qui aura lieu les 29 et 30 novembre prochain à Dakar, au Sénégal.

Que faire pour assurer la pérennité des médias francophones? Sont-ils en meilleure posture que nous semblons le croire? Assistons-nous à une mutation normale du milieu? Pour répondre à ces questions, explorons les points de vue de Rémy Pfimlin, président de France Télévision, et de Pierre C. Bélanger, professeur au département de communication de l’Université d’Ottawa.

Mais tout d’abord, retournons dans le temps avec le regretté professeur au département de communication de l’UQAM, Jean-Pierre Desaulniers. En entrevue avec le magazine Ciné-Bulles en 1998, il disait que le véritable centre du culte montréalais ne se trouvait pas sur René-Lévesque Ouest mais bien sur René-Lévesque Est, dans le quartier où l’on trouve Radio-Canada, TVA et Télé-Québec.

La télévision, reflet d’une culture

La télévision représentait pour lui la construction des visions du monde, de l’imaginaire et de l’autorité. Bien qu’il soit décédé avant la grande mutation technologique à laquelle la télévision est confrontée aujourd’hui, Jean-Pierre Desaulniers remarquait une continuité dans l’histoire de la télévision au Québec. «Elle est très perceptible de décennie en décennie, disait-il. Il y a des temps creux et des temps de questionnement, puis des moments de remontées, de reconnection avec le public».

Aujourd’hui, nous vivons incontestablement dans une période de changements perpétuels. Rémy Pfimlin, président de France Télévision, attribue ce bouleversement à l’individualisation de la consommation des médias. «Le mode de consommation est passé rapidement du collectif à l’individuel», dit-il. Avant l’avènement des technologies, les changements opéraient plus lentement. On pouvait prendre le temps nécessaire pour s’ajuster.

La technologie qui bouscule

Aujourd’hui, les technologies bousculent les médias. Nous sommes donc confrontés à un processus de transformation beaucoup plus rapide. Pierre C. Bélanger, professeur au département de communication de l’Université d’Ottawa et spécialiste de la transmutation des écrans télévisuels, considère cette «mutation industrielle accélérée», comme il se plaît à l’appeler, comme une «net-amorphose», puisque les changements ont été directement provoqués par la montée en puissance d’Internet.

La mondialisation, provoquée entre autres par l’explosion et l’omniprésence des technologies, est un danger pour la francophonie, selon Rémy Pfimlin. «Nos appareils électroniques sont fabriqués en Asie et les plateformes médiatiques sont développées aux États-Unis», avance-t-il. Il appelle les francophones à innover. «Il faut investir dans le numérique et défendre cette valeur politiquement», dit-il.

Selon lui, la francophonie doit développer ses propres plateformes de diffusion et ses propres appareils électroniques si elle veut assurer sa pérennité. «On a besoin de créer une solidarité francophone pour se développer de façon harmonieuse. La langue est une force culturelle et la création donnera l’énergie du développement», martèle-t-il.

Investir dans les contenus plutôt que dans les plateformes

Pierre C. Bélanger ne partage pas l’idée selon laquelle la francophonie devrait développer de nouveaux appareils. «C’est une infrastructure qui est extrêmement coûteuse, s’exclame-t-il. Laissons les asiatiques qui ont une expertise et une main d’oeuvre beaucoup moins chère s’en occuper. Ça serait complètement ridicule de tenter de rivaliser avec ces gens là».

Même son de cloche au sujet des systèmes d’exploitation, tel que Netflix qui est développé aux États-Unis. «On a pas à développer ça non plus. Ce qui est important est ce que tu mets dans les tuyaux», dit-il en parlant du contenu francophone. Même si l’offre américaine est importante, le Québec réussi à tirer son épingle du jeu grâce à sa production de contenus originaux.

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D’ailleurs, Jean-Pierre Desaulniers nous mettait déjà en garde à la fin des années 1990. «On a toujours tendance à s’inspirer du modèle américain. Apparemment, la venue des fameuses 500 chaînes de télévision est inévitable.

Rassembler par des contenus rassembleurs

Mais le caractère exceptionnel de télévision québécoise va faire en sorte qu’elle va résister beaucoup plus longtemps qu’on pense au modèle classique américain. […] C’est ce côté rassembleur que recherche le public québécois. Ce serait une grave erreur de s’orienter vers des modèles étrangers qui ne fonctionneront jamais ici», disait justement cet érudit et visionnaire professeur.

Parce que notre télévision, pour avoir du succès, doit être rassembleuse. Rappelons-nous seulement des rendez-vous sacrés qu’étaient, il n’y a pas si longtemps, La petite vie ou La fureur. Même aujourd’hui, avec l’avènement des technologies, le succès d’Unité 9, du hockey en français et du cinéma de Xavier Dolan est incontestable, fait valoir Pierre C. Bélanger. Le reste de la francophonie gagnerait-elle à produire du contenu orignal comme le Québec a su et continue à le faire si brillamment?

Rappelons qu’au début des années 90, TVA a connu une baisse importante de ses cotes d’écoute. Jean-Pierre Desaulniers rappelait, toujours dans cette entrevue accordée au magazine Ciné-bulles en 1998, que TVA avait ensuite connu une remontée fulgurante «en se rebranchant sur une «veille» formule […] en retrouvant l’essence de ce qu’était le Canal 10 à l’époque: le Québec comme une grande famille».

Il y a manifestement une piste intéressante à suivre ici…

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