Mieux communiquer sur les questions climatiques aiderait la population à (mieux) agir

10 décembre 2020

Si la population québécoise semble prête à faire sa part pour la lutte contre les changements climatiques, du travail reste à faire, notamment sur la manière dont nous communiquons sur ces sujets.

C’est un des bilans du deuxième Baromètre de l’action climatique réalisé par le Laboratoire de l’action climatique. Ce laboratoire est né d’une collaboration entre le média Unpointcinq et une équipe de chercheuses de l’Université Laval.

Le but de cette collaboration est de comprendre la vision de la population en matière de changements climatiques. Quelles actions met-elle en place, que ressent-elle vis-à-vis des sujets environnementaux… et depuis peu, quelle compréhension de ces enjeux a-t-elle?

Car si les Québécois et les Québécoises semblent en effet être prêts et prêtes à faire leur part – le baromètre indique que 78 % des interrogés veulent en faire davantage pour le climat -, du travail reste à faire, selon Valériane Champagne St-Arnaud, professeure de marketing à l’Université Laval.

La bonne nouvelle c’est que les Québécois.es sont préoccupé.e.s par l’urgence climatique et c’est même une préoccupation qui va en grandissant, mais leur comportement ne semble pas nécessairement suivre. Pas parce qu’ils ne posent pas de gestes environnementaux, ils en posent. Mais quand on regarde les gestes les plus importants pour le climat, comme réduire l’utilisation de la voiture ou composter par exemple, ces gestes là ne sont pas adoptés. »

Manque de motivation? Flemmardise? Rien de tout ça selon le laboratoire, mais bien un manque d’éducation.

Le problème de connaissance est un problème important qu’on a relevé l’an passé et qui se confirme encore en 2020. On observe que les Québécois.es vont souvent confondre l’impact climatique d’un geste et son impact environnemental. Il y a beaucoup de confusion et ça peut amener une sorte d’illusion, une empreinte négative. Ça peut donner l’impression qu’on en fait beaucoup pour le climat parce qu’on évite de gaspiller de l’eau potable alors que dans les faits, ce n’est pas tellement le cas. Donc on va se sentir autorisé à adopter d’autres gestes parce qu’on a l’impression qu’on a déjà fait notre part », explique Valériane Champagne St-Arnaud.

Mieux communiquer sur les questions climatiques

Pour éradiquer ce manque d’éducation, il faut communiquer autrement sur ces questions. C’est d’ailleurs là que le Laboratoire de l’action climatique intervient.

Le travail des équipes, au-delà du baromètre annuel, est d’essayer différents moyens de communication sur des groupes de discussion et d’évaluer l’efficacité de chacun des moyens utilisés.

En d’autres termes, le laboratoire organise des groupes de discussion représentant différents segments de la population et leur présente du contenu sur le changement climatique sous différents formats. « Nous pensons au contenu mais également au contenant » ajoutent les expertes.

Un seul message ne peut pas suffire pour parler à tout le monde. Il faut segmenter les communications pour qu’elles soient efficaces. Pour élever le niveau général de la population, certains vont répondre davantage à des formats BD, d’autres vidéos, d’autres plus écrits. Il y en a qui vont avoir besoin de porte-paroles crédibles comme des scientifiques alors que pour d’autres ce sera plutôt un entrepreneur local ou une vedette de la télé-réalité. L’idée c’est de réussir à identifier les formats, les portes-parole et les canaux qui vont être les plus efficaces auprès de ces populations-là », continue Clémence Lalloz, co-fondatrice et directrice générale adjointe d’Unpointcinq.

Des outils pour les communicants et les médias

La mission du laboratoire est aussi d’outiller les communicants et les médias pour leur permettre de mieux discuter de ces enjeux.

C’est en passant par ces canaux là qu’une plus grande partie de la communication sera mise au courant et éduquée sur ces questions, selon les équipes.

Un rapport résumant les conclusions tirées des groupes de discussions sera d’ailleurs publié au printemps prochain.

D’ici là, les équipes proposent d’ores et déjà quelques idées pour aider les médias à mieux couvrir les questions climatiques :

Le changement climatique, c’est transverse, ça touche à tout dans notre vie, pas juste à l’environnement. C’est une question économique, de justice sociale, de santé… on peut choisir un de tous ses angles pour en discuter. On parle aussi souvent des impacts des changements climatiques, de ce que les gouvernements font ou ne font pas, etc, mais ça prend aussi des exemples positifs. Il faut montrer des exemples inspirants de ce qui fait et ce, à tous les niveaux. Au niveau des entreprises, des collectivités mais aussi des individus. Il est important de montrer ce qui fait autour de nous, que ça bouge. C’est d’ailleurs une donnée qui ressort dans le baromètre. Les gens pensent qu’il y a un consensus mais ne le voient pas autour d’eux et ça n’encourage certainement pas à l’action.» – Clémence Lalloz

Une autre piste proposée est de choisir des sujets du quotidien et d’y ajouter un aspect environnemental ou climatique.

–

Vous pouvez retrouver le baromètre de l’action climatique 2020 ici.

Pour plus de ressources, visitez le site d’Unpointcinq.

Vous pouvez aussi en apprendre plus en suivant une formation Isarta:

Crédits photo de une: Markus Spiske / Pexels