Pour une certification professionnelle en communication
Par La Rédaction
Jeudi 26 février 2015 – Hier soir s’est tenue la sixième des neuf conférences des « Grands Communicateurs » organisées par La Toile des Communicateurs. Le conférencier Bernard Motulsky, titulaire de la Chaire de relations publiques et communication marketing UQAM et président de la Société québécoise des professionnels en communication du Québec (SQPRP), y abordait l’idée d’un modèle de certification professionnelle pour les communicateurs.
Bien qu’il y ait plusieurs programmes universitaires de formation aux différents métiers de la communication au Québec, il n’existe pas, à l’instar d’autres catégories de professionnels (avocats, conseillers en ressources humaines, ingénieurs…) de certification d’aptitude comme critère d’entrée et de maintien dans la profession.
Or, nombreux sont les professionnels de la communication: bien qu’il n’y ait aucune donnée précise sur le sujet, on estime à 10 ou 20 000 le nombre de personnes travaillant dans ce domaine au Québec, ce qui est au moins équivalent aux personnels des ressources humaines. La profession a également gagné en maturité avec les années, et surtout, les besoins en communication des entreprises sont de plus en plus grands, allant de pair avec l’augmentation du nombre de canaux de communication possibles.
S’inspirer des certifications existantes
Et pourtant: aujourd’hui, les métiers de la communication ne sont pas encadrés de façon suffisamment intéressante. Cette situation a amené Bernard Motulsky à proposer, avec d’autres grands noms de l’industrie, un modèle de certification qui garantirait au public et aux employeurs l’acquisition et le maintien de compétences de base des professionnels en communication.
Pour ce projet, Monsieur Motulsky s’est inspiré de la façon dont procède le Barreau du Québec pour délivrer sa certification aux avocats. En effet, leur méthode d’attribution, qui se découpe en 4 compétences minimales, peut tout à fait s’adapter aux métiers des communications:
1. avoir une connaissance des cadres réglementaire, professionnel et éthique qui entourent le métier: cette compétence est décisive pour tout communicateur, qui agit en porte-parole de l’entreprise pour laquelle il travaille. Le professionnel a une obligation de résultat qui l’oblige à être transparent et à connaître ses droits, devoirs et responsabilités.
2. communiquer efficacement: une compétence intrinsèque au métier de communicateur. Il lui faut savoir écouter et bien comprendre pour pouvoir verbaliser de façon claire et articulée un propos. Cette compétence peut s’accompagner de la maîtrise de logiciels informatiques spécifiques (Word, Power Point…).
3. établir un diagnostic: un professionnel de la communication doit s’enquérir du pourquoi de la demande de son client avant d’y répondre. Il doit être apte à analyser convenablement une situation afin de proposer une solution adéquate.
4. choisir, élaborer et appliquer une solution: cette dernière compétence implique pour le communicateur de connaître tout ce qui existe en matière d’outils pour répondre au diagnostic établi pour son client.
Formation intensive, formation continue et déontologie
Sur cette base, Bernard Motulsky et ses confrères ont proposé d’organiser une fin de semaine dédiée à l’acquisition de ces compétences minimales, sur la base d’études de cas menées à l’aide de mentors.
Cette session de formation intensive s’adresserait aux aspirants communicateurs, afin de compléter leur cursus universitaire. Car c’est bien souvent en dehors du cadre purement académique que les jeunes peuvent réellement apprendre un métier, à l’image, par exemple, des internes en médecine.
Cette fin de semaine dédiée au « terrain » se solderait donc d’une certification, et il tiendrait ensuite aux jeunes de la garder. Pour ce faire, Bernard Motulsky préconise la formation continue, et le respect d’une certaine déontologie – une certification permettant de poser des limites dans l’exercice des fonctions.
Les communicateurs déjà établis dans le métier obtiendraient d’office cette certification (et ne passeraient donc pas par la case formation intensive) mais il leur faudrait également faire en sorte de la garder, avec la formation continue et le respect de la déontologie. Enfin, les personnes ne détenant pas de diplôme en communication mais désirant évoluer dans ce domaine pourront prétendre à la certification, sous réserve de présenter un diplôme de 1er cycle validé et 6 mois d’expérience professionnelle en communication.
Trois chantiers à réaliser
Pour mettre en place ce projet d’envergure, Bernard Motulsky évoque 3 chantiers:
1. mettre en place la feuille de route de la fin de semaine de formation, afin qu’elle soit la plus professionnelle et efficace possible.
2. chercher et réaliser des ententes avec le plus grand nombre d’employeurs afin que ceux-ci reconnaissent la certification et la favorisent dans leurs offres d’emplois (en y intégrant, par exemple, la mention « membre d’un ordre, un atout »).
3. convaincre les étudiants que l’obtention de cette certification constituera un atout pour leur avenir professionnel.
Ainsi, une certification professionnelle pour les communicateurs présenterait de très intéressantes opportunités pour les professionnels, futurs et actuels. Elle serait la garantie d’un niveau minimum de compétences et de connaissances, et constituerait une sorte de rempart éthique. Enfin, elle pourrait aussi permettre aux jeunes de débuter dans le métier avec des emplois moins précaires qu’actuellement.