Quel avenir pour la carte d’affaires?
Par David Brochu - Équation Humaine
La semaine dernière, Le Monde nous disait que «La carte d’affaires n’est pas morte, elle a simplement changé de vocation».
Tant au Québec que dans mes multiples voyages d’affaires à travers le monde, je constate aussi que la carte d’affaires n’est pas morte. Pourtant, je ne lui vois aucune autre vocation.
Oui, des technologies émergent et rendent le petit bout de carton… différent. Pourtant, les traditions restent.
Au Japon, en Chine et dans certains pays orientaux, une carte est présentée presque comme un bijou. Le rituel qui entoure la remise de la carte est hyper important et véhicule des valeurs et symboles de respect, de dignité, d’appartenance, etc. Ne vous avisez pas d’enfouir une carte au fond de vos poches, ce serait vu comme un énorme manque de respect envers votre interlocuteur et son entreprise.
Les rituels d’échange sont moins présents ailleurs dans le monde, mais la carte n’en demeure pas moins importante. Par exemple en Europe, où elle démontre rapidement la position hiérarchique, ô combien importante, de celui qui la remet.
Toutefois, que ce soit au Japon, en France ou aux États-Unis, au final, la bonne vieille carte garde sa même vocation: transmettre vos coordonnées.
Et si la tendance était plutôt générationnelle?
N’avez-vous pas rencontré un jeune entrepreneur qui, pour des convictions écologiques, ne possède aucune carte, mais vous ajoutera immédiatement sur LinkedIn? Le résultat est le même, vos coordonnées sont échangées et le contact est établi.
En plus, des arbres sont sauvés, car vous auriez sans doute jeté sa carte après avoir entré ses coordonnées dans votre téléphone ! En effet, si certains d’entre vous conservent une pile de cartes dans le fond d’un tiroir de bureau, on dit que 88% des cartes seront jetées moins d’une semaine après leur remise.
D’un autre côté, vous avez des jeunes issus de domaines plus créatifs qui utilisent les cartes à des fins plus marketing. Comme de mini pitchs de vente ambulants, les cartes sont une démonstration de leur créativité et de leurs compétences.
Rencontrez quelques agences marketing, designers et photographes et vous verrez que nous sommes loin des cartes simples et sobres de l’Asie. Oui, la technologie est ici utilisée par certains pour démontrer une certaine créativité, mais on observe aussi une utilisation renouvelée de cartons épais, de brillance et de vernis sélectifs.
L’objectif: certainement sortir du lot et tout faire pour contrer la fin probable dans un bac de recyclage.
On s’amuse avec les formats, les couleurs et les textures. Jetez un coup d’oeil à quelques-uns des exemples rassemblés par boredpanda, je doute cette fois que vous auriez jeté ces cartes si facilement.
Mais j’arrive toujours au même constat. Ce combat de créativité et d’innovation est fait pour qu’on se souvienne de vous, qu’on garde votre carte, et surtout qu’on ait vos coordonnées sous la main.
La technologie dans tout ça?
Les cartes d’affaires ne font que suivre les générations qui les utilisent. C’est donc sans surprise que la technologie s’insère dans plusieurs d’entre elles.
Toutefois, je ne pense pas que la carte y trouvera une vocation différente. Après tout, qu’est-ce qu’une carte pourrait faire que votre téléphone ne fait pas déjà, ou ne fera pas d’ici quelques années, voire quelques mois?
La technologie NFC, une fois maîtrisée et utilisée à plus grande échelle, permettra l’échange de données en un contact. La mémoire et la sécurité des téléphones croissent toujours un peu plus. Alors vraiment, je ne vois pas ce que la carte d’affaires pourrait apporter d’un point de vue technologique.
Dans une ère dans laquelle on essaie de combiner tous les outils au même endroit, la carte n’a pas sa place dans une vocation autre que celles mentionnées précédemment.