Quel avenir pour l’alimentation en vrac?
Par François Nadeau
Baptisé Biocoop 21, un premier magasin «100% vrac» a ouvert ses portes il y a quelques semaines à Paris, à quelques jours de la Conférence sur les changements climatiques (COP21).
Cette nouvelle enseigne est l’initiative de Biocoop, qui possède déjà 370 magasins à travers la France.
Il s’agit toutefois d’un magasin temporaire qui servira de laboratoire afin de tester le concept pour une durée de deux mois, jusqu’au 30 décembre.
Vente en vrac : bénéfices et limites du concept
La vente en vrac comporte évidemment de nombreux avantages. En réduisant au minimum l’emballage de ses produits, le consommateur pose ainsi un geste pour l’environnement.
Il a également le choix des quantités qu’il désire consommer. Ainsi, il évite le gaspillage.
Finalement, il y a l’aspect économique. Selon Biocoop, il est possible de réaliser des économies allant jusqu’à 30% sur certains produits offerts dans sa nouvelle enseigne laboratoire.
Le modèle comporte toutefois certaines limites.
D’abord, tous les produits ne peuvent être offerts en vrac. Dans le cas de Biocoop21, ils seront limités à environ 260. On est donc loin des milliers de produits que comptent même les plus petites épiceries traditionnelles.
Différentes règles compliquent aussi la vente en vrac. Pour les produits nettoyant par exemple, les clients du nouveau magasin «100% vrac» ne peuvent amener leur propre contenant. Ce dernier doit absolument contenir la composition chimique du produit en question ainsi que les solutions antipoison.
Pour l’huile d’olive, l’acheteur peut fournir son propre contenant, mais la loi oblige le commerçant à apposer sur celui-ci une étiquette avec le numéro de lot et la date d’expiration du produit.
Certains produits sont également difficiles à offrir. Alors que Biocoop 21 offre du vin rouge à un prix qui ferait envie à tout client de la SAQ, le vin blanc, plus fragile, ne peut être vendu pour l’instant. La situation est identique pour le lait.
Finalement, peut-être afin de bien diriger les clients dans ce nouveau concept, le magasin laboratoire demandera un nombre plus élevé d’employés au pied carré qu’une épicerie traditionnelle.
Des consommateurs à la recherche d’économies
Malgré la forte compétition dans le domaine de l’alimentation, le coût du panier d’épicerie des Canadiens a considérablement augmenté dans les dernières années.
Ce facteur, l’intérêt pour les produits bio et les préoccupations environnementales de plusieurs consommateurs ne sont sûrement pas étrangers à l’ouverture récente de commerces semblables à celui inauguré à Paris.
Pas étrangers non plus au succès de Bulk Barn, un des gros joueurs du commerce en vrac au Canada. En cinq ans, la chaîne a doublé son nombre de magasins au pays. À lui seul, le Québec en compte une vingtaine.
Malgré certaines faiblesses, le concept de la vente d’aliments en vrac est prometteur pour le consommateur dont le prix de la facture d’épicerie a atteint sa limite, ou encore celui désirant consommer de façon plus responsable.
Photo: www.stylistic.fr