Qu’est-ce qui nous rend si accro à notre téléphone?
Par François Nadeau
Récemment, Aurore Le Bourdon partageait sur Isarta Infos les résultats d’un sondage illustrant à quel point certains détenteurs de téléphones intelligents étaient accrocs à leur appareil.
Cette étude, menée par la firme Gallup, n’est pas la première à aborder le point de la dépendance aux technologies. Car si certains font une utilisation plutôt intensive de leur appareil, d’autres en sont carrément dépendants.
Mais qu’est-ce qui pousse une personne à développer une telle dépendance à son appareil? Voici quelques éléments de réponse provenant des travaux de deux experts en la matière.
Deux grandes motivationsÂ
Le docteur en psychologie Larry Rosen étudie les troubles liés aux technologies depuis plus de trente ans. Au fil du temps, il a remarqué différents comportements chez les grands utilisateurs de téléphones intelligents. Ceux-ci vont de l’usager qui garde constamment son téléphone à la main, à celui qui hallucine des vibrations au fond de sa poche (phantom vibration syndrome).
Pour Rosen, deux grands motifs nous incitent à porter attention à notre téléphone:  soit le désir d’en retirer une sensation de plaisir, ou celui de réduire un sentiment d’anxiété.
D’abord, pour une personne qui ne peut s’empêcher de regarder son appareil dans l’espoir d’y voir un message amusant ou encore une nouvelle inusitée, le phénomène se rapproche de celui de la dépendance. Dans le deuxième cas, où quelqu’un ouvre sans cesse son appareil afin de s’assurer qu’il n’a pas manqué un appel ou un courriel, on parle plutôt d’une obsession. Contrairement à la dépendance, qui est liée à la recherche incontrôlable d’un stimulus positif malgré les conséquences néfastes associées, l’obsession se caractérise par des actions visant à réduire un sentiment d’angoisse.
Une troisième piste est aussi avancée par le professeur Rosen. Celle-ci concerne l’utilisation abusive du téléphone dans les lieux publics. Dans ce cas, l’appareil servirait de bouclier, protégeant son propriétaire d’éventuelles interactions humaines avec ceux qui l’entourent. Dans ce cas, le phénomène s’apparente à une forme de phobie sociale.
Une spirale difficile à arrêter
Même si plusieurs personnes ont le nez constamment rivé sur leur appareil, leur attention est généralement dirigée vers une quantité limitée d’applications.
Pour les entreprises qui veulent que leur application soit utilisée, il faut créer une forme d’habitude chez les utilisateurs.
Nir Eyal est une des grandes figures d’influence dans le domaine de la création d’habitude liées aux solutions technologiques.
Celui-ci a mis de l’avant le concept du «hook», qu’il croit être à la base du succès de Facebook, Snapchat ou encore Twitter. Le hook se décline en quatre étapes :
- L’amorce: telle que la notification sonore d’un courriel vous informant que vous avez été identifié sur une photo Facebook.
- L’action : prendre votre téléphone dans votre poche et vous connecter à Facebook.
- La récompense : dans le cas présent, le fait de voir la photo et le plaisir d’y avoir été identifié par votre ami.
- L’investissement : par exemple, rédiger un commentaire humoristique à propos de cette photo.
Ensuite, c’est une roue qui tourne. Vous serez en attente d’une possible réponse à votre commentaire, auquel vous pourriez répondre à nouveau, et ainsi de suite. Et puisque tout cela s’accomplit avec un minimum d’efforts, la récompense n’a pas à être très grande pour inciter une personne à passer à l’action.
De plus, puisque la récompense varie d’une fois à l’autre, la motivation est encore plus grande. Ici, Eyal fait un parallèle entre les machines à sous, dont le gain est incertain et peut varier grandement, et la panoplie de stimuli positifs générés par les médias sociaux. Étrangement, le geste accompli par un internaute afin de parcourir un fil d’actualité Facebook ou Twitter est très similaire à celui réalisé pour activer une machine à sous.
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