Rechercher, quémander ou créer sa job ?
Par La Rédaction
Même les chasseurs de têtes ont peu à offrir et font des pieds et des mains pour encourager les chercheurs d’emploi à accepter un poste temporaire ou « à durée limitée ». Malgré toutes les belles promesses, c’est une des pires erreurs à commettre. Dans un premier temps, l’éventuelle possibilité de permanence promise avec l’emploi temporaire ne se concrétise que TRÈS rarement. Par conséquent, on vous suggère un second emploi d’une durée un peu plus longue, question de vous asseoir pendant quelque temps et permettre ainsi au responsable de votre dossier de retourner à la chasse. Vous pensez démontrer que vous êtes travaillant en acceptant ces emplois alléchants à durée limitée et bien détrompez-vous car votre CV aura vite l’air d’une liste d’épicerie qui, pour les employeurs, est synonyme d’instabilité plutôt que l’équivalent d’une personne travaillante, déterminée et persévérante. De plus, pendant ce temps vous prenez de l’âge, un autre handicap en recherche d’emploi. Croyez-moi, je parle par expérience ayant été moi-même prise dans cet engrenage.
Quant à notre gouvernement provincial, il nous propose une liste de programmes dont la majorité ne s’adresse qu’aux 18 à 30 ans, plusieurs ne visent que les femmes n’ayant jamais travaillé ou prévoyant un retour au travail après plusieurs années d’absence, d’autres ont été mis sur pied pour les nouveaux arrivants, bref, rares sont ceux qui ont été créés pour monsieur et madame « tout l’monde » bien qu’ils représentent la majorité des quêteurs de jobs. En plus d’être farcis d’attrapes de tous genres, ces programmes ne contribuent qu’à justifier le trop grand nombre d’employés de certains Ministères.
Lorsque nos gouvernements investissent, ce n’est pas toujours profitable à la populace.
De plus, combien de grands diplômés doivent se résigner à accepter un boulot qui n’a rien à voir avec leurs compétences … en attendant ? Or, l’attente est souvent beaucoup plus longue que prévue. Combien d’étudiants, diplômés en administration, se retrouvent dans des magasins à rayons réputés pour leur bas prix et rêvent de devenir le vice-président de cette grande chaîne de commerces ? Malheureusement, la plupart du temps, ils n’accèdent qu’au titre de gérant ou d’assistant-gérant et ce titre leur colle à la peau pendant des années, voire toute une vie. Combien de gens de carrière qualifiés et spécialisés ne retrouvent pas de travail suite à la fermeture de l’entreprise où ils ont consacré la moitié de leur vie ? Persuadés de se rendre à la retraite sans changer d’emploi, ces professionnels sont dorénavant trop âgés pour susciter l’intérêt des nouveaux employeurs qui eux, ne sont que dans la trentaine ou début quarantaine ?
Il y a également les femmes qui tentent un retour au travail après plusieurs années « reine du foyer ». Plusieurs avaient un bon boulot et ont choisi de fonder une famille, convaincues que le retour serait facile et sans embuche avec le super CV qu’elles possèdent. Les temps changent, elles ont vieilli ça va de soi et bien qu’elles ne soient que dans la trentaine avancée, elles font face à une féroce compétition et à un nombre de poste de plus en plus limité. Elles essuient refus après refus et elles sont nombreuses à accepter une occupation qu’elles n’aiment pas du tout en plus de subir une diminution de salaire considérable ; fonder une famille n’est pas une mince affaire en ce deuxième millénaire et un seul revenu est insuffisant. Obligation, résignation, frustration, dévalorisation font dorénavant partie de leur quotidien.
Évidemment, cette situation ne concerne pas les cadres ou les PDG de nos entreprises de grande envergure et de nos multinationales ! Récession ? Connaît pas ! Dévalorisation ? Encore bien moins ! La vie des gens riches et célèbres est évidemment incomparable à celle des travailleurs « normaux ».
Peut-être est-ce le pourquoi de la multitude de lacunes qui se retrouvent dans les soi-disant « programmes d’aide à l’emploi » ? Comment peut-on parler de ce que l’on ne connaît pas ?
Enfin, je ne ferai pas le procès de cette minorité de minables mais il faudrait bien qu’un jour, quelqu’un se réveille ou se révolte et décide d’envisager l’avenir d’un autre œil ; l’œil du simple travailleur, diplômé et/ou professionnel sans emploi ; l’œil de ceux et celles qui cherchent désespérément un travail correspondant à leurs aptitudes et expertises ; l’œil de l’étudiant spécialisé dans un domaine spécifique ; l’œil de ceux et celles qui n’arrivent pas à rejoindre les deux bouts.
De grâce, mesdames et messieurs les dirigeants, ce n’est pas si sorcier d’enlever ses œillères !
De nos jours, on ne recherche plus un emploi, on quémande une job, on supplie l’employeur de nous prendre à l’essai …. souhaitant ardemment qu’il se rende compte rapidement de nos capacités et qu’il nous offre un poste intéressant. Il faut bien rêver un peu dans la vie. Or, les salaires sont de plus en plus ridicules et la liste des responsabilités de plus en plus longue, sans parler de la pression, du stress, de la rivalité et de la compétition entre collègues. Bref, tout ce qu’il faut pour se taper le « burn-out » du siècle.
En résumé, afin d’éviter ces pièges et tous ces nombreux désagréments, la solution qui s’impose est de créer sa propre job ! Cependant, une job ne s’invente pas toute seule et en un rien de temps. Patience, détermination, persévérance, discipline, tolérance sont de rigueur. Se démarquer et croire en son projet est également primordial à la réussite.
Mais qui ne risque rien n’a rien !
Le 11 avril 2010