Recrutement universitaire : les employeurs ont des attentes « déconnectées » du marché

8 décembre 2021

Le marché de l’emploi est à l’avantage des travailleurs, ce qui inclut évidemment les jeunes travailleurs « étudiants » à la recherche de stage. Les entreprises doivent adapter leur discours et leurs pratiques si elles veulent être en mesure d’attirer des stagiaires dans leur organisation. Discussion avec Alain Tremblay, directeur général du Service des stages et du développement professionnel à l’Université de Sherbrooke et Pascal Morin, coordonnateur des Journées carrières dans le même service.

La pénurie de talent se fait ressentir à tous les niveaux de postes et dans tous les secteurs d’activités. Et cela inclut les étudiants en quête d’un stage, qui ont aujourd’hui l’embarras du choix des employeurs.

Nous avons beaucoup d’employeurs dont les attentes sont déconnectées de la réalité du marché, dit Pascal Morin. Ils sont au courant de la pénurie de main-d’œuvre; en même temps, ils pensent que les universités sont des bassins inépuisables de recrutement. Ces entreprises doivent se rendre compte que le principe d’offre et de demande est aujourd’hui largement à l’avantage des candidats. »

Coordonnateur des Journées carrières depuis 2014, Pascal Morin fait remarquer qu’à sa première année, l’événement en génie attirait environ 85 employeurs pour 800-900 étudiants. Alors que le même événement virtuel attire aujourd’hui 200 employeurs pour à peine 300 étudiants !

C’est symptomatique du fait que les étudiants ont moins besoin de participer à des événements comme cela pour trouver du travail, explique-t-il. Lorsqu’ils font un stage, ils se sont promettre un emploi dès la fin des études. Ils sont capables d’imposer leurs conditions et ils ont aussi le loisir d’attendre à la dernière minute pour fixer leur choix. »

La pandémie a aussi compliqué le dialogue entre l’industrie et le milieu universitaire (la plupart des événements de réseautage étaient en virtuel, jusqu’à tout récemment). Par conséquent, l’Université de Sherbrooke se trouve dans une situation où elle doit sensibiliser les employeurs sur la manière de parler aux jeunes et de mettre à jour leurs pratiques de recrutement.

Voici les pratiques gagnantes que nous a partagées Alain Tremblay, directeur général:

• Éviter les descriptions de stage génériques, interchangeables avec n’importe quel emploi. « Les entreprises doivent expliquer l’expérience de stage qu’elles veulent proposer aux étudiants. »

• Ne pas se contenter d’inscrire « salaire compétitif » (« Les étudiants veulent connaître le salaire exact ») ou « environnement dynamique » (« Illustrez ce que ça veut dire; quelles sont les activités proposées aux employés »);

• Afficher les offres sur mobile.

• Parlez de vos valeurs d’entreprises. « Les étudiants sont attirés par des entreprises qui ont une conscience sociale. »

• Fournir l’ordinateur et les accès au réseau informatique de l’entreprise dès le jour 1 du stage.

• Pendant le stage, la rétroaction est importante de la part des superviseurs. « Les superviseurs doivent agir en mentors; une entreprise qui donne cette rétroaction là est toujours mieux vu par les étudiants. »

• Miser sur le travail hybride. « Les étudiants ne veulent pas faire uniquement du télétravail; ils veulent aussi rencontrer des gens, pour parfaire leur connaissance et s’engager dans une relation de mentorat. »

• Donner l’occasion aux stagiaires d’apporter leur contribution. « Les étudiants peuvent amener de nouvelles technologies et de nouvelles manières de faire dans une entreprise. »

Voilà de bons conseils à mettre en pratique dès maintenant!

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